Après dix jours de combats intenses qui ont occasionné plus de 400 morts ainsi que de nombreux déplacés, les frères ennemis soudanais qui se battent pour le contrôle du pouvoir, ont accepté d'observer une trêve.
Un cessez-le-feu de trois jours, obtenu sous la facilitation des Etats-Unis d'Amérique et qui prenait effet le 25 avril dernier. La question principale que plus d'un se pose, est de savoir si ce cessez-le-feu va tenir pour longtemps. La question est d'autant plus fondée que ce n'est pas la première fois que les parties au conflit ont été appelées à une suspension des combats sans que cela n'ait été effectif sur le terrain.
C'était déjà le cas, la semaine dernière, où les appels à la cessation des hostilités à la faveur de la célébration de l'Aid el Fitr marquant la fin du mois sacré du Ramadan, avaient été royalement ignorés par les belligérants. C'est pourquoi ce cessez-le-feu arraché par Washington, est une bonne initiative à saluer à sa juste valeur. Tout le mal que l'on puisse lui souhaiter, c'est qu'il puisse être respecté par les parties au conflit. Car, au regard de l'attitude des deux généraux rivaux qui se montraient jusque-là hermétiquement fermés à tout dialogue, ce cessez-le-feu constitue une opportunité, jusque-là unique, pour aller à la paix des braves.
Il y a des raisons de douter que ce cessez-le-feu sonne la fin des hostilités
La question est maintenant de savoir si les protagonistes sauront la saisir pour donner une chance à la paix. Rien n'est moins sûr. Mais il y a des raisons d'être optimiste. Car, au-delà de la lassitude qui peut commencer à se faire sentir au niveau des belligérants, l'on imagine qu'à ce stade des affrontements et des initiatives de recherche de la paix, aucune des parties n'a envie de se mettre à dos le géant américain qui s'est particulièrement investi dans la recherche de la cessation temporaire des hostilités.
Et c'est déjà un pas dans le sens de la désescalade. Même s'il y a encore des raisons de douter que ce cessez-le-feu sonne la fin des hostilités entre les deux généraux qui s'étaient lancés dans une lutte à mort. C'est dire que la paix reste encore bien précaire au Soudan. D'autant plus qu'au-delà des deux généraux qui ont besoin de faire la preuve de leur volonté d'enterrer la hache de guerre, il y a des troupes pas toujours faciles à contrôler. Surtout dans ce contexte de vives tensions où les esprits restent encore chauffés à blanc.
Autant dire que pour un seul élément incontrôlé, la situation qui est déjà suffisamment volatile, peut encore dégénérer et repartir en vrille. En attendant, c'est une trêve qui est d'autant plus la bienvenue qu'au-delà des combattants, elle constitue un bol d'air pour les populations dont certaines vivaient cloîtrées depuis plusieurs jours, parfois sans électricité, sans eau ni nourriture. Ceci étant, le plus dur n'est pas l'obtention d'une trêve humanitaire. A présent, il importe de travailler à ce qu'elle puisse tenir dans la durée. Autant dire qu'elle doit être mise à profit par la diplomatie internationale, pour obtenir des belligérants, l'ouverture d'un dialogue afin d'aller à une solution négociée du conflit.
Si la communauté internationale le veut, elle est capable d'imposer durablement la paix au Soudan
C'est le seul combat qui vaille aujourd'hui, pour soulager les innocentes populations soudanaises qui ont déjà payé un lourd tribut à cette guerre pour le pouvoir, qui est loin de répondre à leurs aspirations. En tout état de cause, l'escalade de la violence n'est dans l'intérêt d'aucune des parties. Et, tôt ou tard, il va falloir engager des pourparlers, comme le dit si bien l'adage selon lequel « toute guerre finit toujours autour d'une table de négociations ».
Et dans le cas d'espèce, plus tôt le Général Al-Burhan et son rival, le Général Hemeti y parviendront, mieux cela vaudra pour le Soudan et surtout pour le peuple soudanais qui a souffert la dictature de Omar El-Béchir et ne mérite pas de payer pour la boulimie du pouvoir de Généraux aux ambitions égoïstes et égocentriques.
C'est pourquoi la communauté internationale est vivement interpellée à peser de tout son poids pour contraindre les belligérants à taire définitivement les armes. Ce ne sont pas les moyens de pression encore moins de coercition qui lui manquent. Bien au contraire ! Ce cessez-le-feu obtenu sous l'égide du pays de l'Oncle Sam, est la preuve, si besoin en est, que si la communauté internationale le veut, elle est capable d'imposer durablement la paix au Soudan.
Mais encore faudrait-il que les grandes puissances et autres parrains des protagonistes tapis dans l'ombre, ne travaillent pas à protéger seulement leurs intérêts. C'est toute la problématique de cette guerre pour le pouvoir au Soudan, qui est encore loin d'avoir livré tous ses secrets, et de bien d'autres conflits sous nos tropiques, qui contribuent à fragiliser les Etats africains.