La jeunesse malgache est de plus en plus attirée par le monde de l'entreprenariat. Une tendance qui se renforce au fil du temps et qui nécessite un meilleur accompagnement aussi bien de la part des responsables publics que des partenaires techniques et financiers.
Ce samedi 22 avril, à la Maison de l'Entrepre-nariat à Ambohijatovo, elles et ils étaient venus par centaines pour assister aux présentations et surtout pour entrevoir les possibilités offertes aux porteurs de projet dans le cadre de l'événement baptisé « Pôle entrepreunariat ». Parmi les jeunes qui ont fait le déplacement, Miora Ranary. Elle dispose déjà d'un business plan concernant un projet de transport urbain soucieux de la préservation de l'environnement. Et elle estime que l'appui aux jeunes voulant se lancer dans la création d'entreprise devrait être renforcé drastiquement car c'est la seule solution pour l'État de résoudre le problème de chômage dans le pays.
Du côté des organisateurs de « Pôle entreprenariat », on ne s'attendait pas à une telle affluence bien que l'on ait déjà constaté que les jeunes sont de plus en plus nombreux à vouloir se mettre à leur propre compte. Mais certains ne cachent pas non plus leur inquiétude face à ce phénomène. C'est le cas du juriste Hery Andriantsoa qui insiste sur le fait que peu de jeunes auront la chance de devenir de « vrais opérateurs économiques » car nombre d'entre eux n'ont ni les connaissances de base nécessaires ni la réelle volonté d'aller jusqu'au bout... Et lui d'ajouter que le moment est aussi venu pour le gouvernement de réfléchir à une politique fiscale spécifique pour les petites entreprises, et en particulier celles qui viennent de naitre.
Faire barrage à l'informel
Pour Alain Pierre Bernard, consultant et membre du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM), il est avant tout nécessaire que l'État assure un environnement incitatif pour les entreprises existantes et les projets entrepreneuriaux en cours de mise en place. « Ils ne faut pas décourager les entrepreneurs. Au contraire, le gouvernement doit appuyer ces derniers techniquement et matériellement. Mais l'État ne doit pas non plus devenir un concurrent des entreprises », indique-t-il avant de poursuivre que la formation professionnelle doit aussi être améliorée afin, notamment, d'avoir des compétences de qualité dans l'industrie, le secteur agricole et les services. Du côté du Ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation (MICC), on tient à souligner que l'État s'efforce d'apporter sa contribution au développement de l'écosystème entrepreneurial et n'a pas l'intention de concurrencer le secteur privé.
« Pour les jeunes, l'objectif du gouvernement est de leur fournir des équipements et des financements afin qu'ils puissent démarrer sur de bonnes bases », soutient aussi ce département ministériel qui, depuis plusieurs mois, installe dans diverses régions du pays des petites unités industrielles dans le cadre de ses programmes baptisés ODOF (One Districts One Factory) et Zones Pépinières Industrielles. Pour les partenaires techniques et financiers qui soutiennent aujourd'hui divers projets d'appui à l'entrepreunariat des jeunes, il est devenu indispensable d'aider les nouveaux venus sur le marché du travail (plus 530 000 par an) à tracer leur avenir. Selon les données de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), plus de 90% des jeunes en âge de travailler risquent d'aller vers le secteur informel.
D'où la nécessité de mettre en place un dispositif national à même d'accompagner efficacement celles et ceux qui souhaitent entreprendre et renforcer le tissu productif formel du pays. Notons, enfin, que l'engouement des jeunes pour l'entrepreunariat provoque aussi une certaine effervescence dans le secteur de la finance et des investissements. À chaque événement dédié aux jeunes porteurs de projet, on remarque une forte implication des acteurs du secteur bancaire. Parallèlement, les structures spécialisées dans l'incubation des entreprises et le capital-investissement se font de plus en plus connaitre.
« Certes, Madagascar est encore très loin des autres pays d'Afrique en matière de capacité à séduire les grands financeurs de start-ups mais la donne est train d'évoluer positivement », a fait remarquer Emmanuel Cotsoyannis, le fondateur de Miarakap, un fonds d'investissement à impact qui mise surtout sur les Petites et Moyennes Entreprises (PME).