Jusqu'à 3 400 000 nouveaux utilisateurs d'Internet et quelque 2 000 centres de santé et écoles connectés aux services numériques. C'est l'objectif pour Madagascar que compte réaliser, à moyen terme, le Ministère en charge du Développement numérique et la Banque mondiale.
C'est à travers le projet de Connectivité numérique et énergétique pour l'inclusion à Madagascar (Decim), financé grâce à un crédit de 400 millions USD de la Banque mondiale, que la Grande Ile compte booster le nombre de personnes connectées à Internet. « Cet objectif sera atteint grâce à des investissements ciblés explorant les synergies entre les secteurs du numérique et de l'énergie, rendus possibles par des réformes cruciales », a indiqué l'institution de Bretton Woods dans un communiqué. L'accès aux infrastructures à Madagascar, notamment à l'électricité et au numérique, est l'un des plus faibles d'Afrique subsaharienne et du monde. En effet, en termes de connectivité et d'accessibilité aux services à large bande, malgré les progrès réalisés ces dernières années, le pays est toujours à la traine. Si l'utilisation d'Internet augmente, atteignant environ 22% de la population en 2021, contre seulement 5,1% en 2016, le taux de pénétration demeure l'un des plus faibles au monde et est notamment bien en dessous de la moyenne régionale de 33%.
On remarque également que les efforts portés pour accélérer l'inclusion financière n'apportent pas les résultats attendus du fait que la taille critique de la population ayant accès au numérique n'a pas suffisamment évolué ces dernières années. C'est sur ces constats que la Banque mondiale a lancé avec les ministères de tutelle ce projet qui ambitionne de fournir de l'énergie et des services numériques à tous, bien au-delà du réseau et des environnements urbains. « La DECIM fournira un soutien complet pour rendre cela possible, en finançant le développement des infrastructures dans les zones isolées et éloignées, en partenariat avec l'International Finance Corporation (IFC). Ce soutien sera transformateur pour les petites entreprises ainsi que pour les ménages et les citoyens », a déclaré Marie-Chantal Uwanyiligira, responsable des opérations de la Banque mondiale à Madagascar.
Cibler les zones mal desservies
On sait en outre que la priorité sera donnée au déploiement d'infrastructures et la mobilisation de capitaux privés pour améliorer et étendre l'accès à l'énergie et aux services numériques dans les zones mal desservies, en tirant parti des synergies dans la planification et le déploiement conjoints afin de réduire les coûts d'implantation. Une stratégie qui se justifie car à l'exception de la compagnie nationale d'électricité Jirama, les services énergétiques et numériques à Madagascar sont fournis par le secteur privé. Les faibles densités de population et les niveaux élevés de pauvreté dans la plupart des zones mal desservies empêchent le secteur privé de fournir ces services sur une base purement commerciale.
Le financement du secteur public dans le cadre de ce projet se fera alors sous la forme d'un financement du déficit de viabilité et de subventions basées sur la performance. Les fonds serviront ainsi à combler l'écart entre les coûts de la fourniture de services et les niveaux d'accessibilité financière de la population cible. Des incitations spéciales et des subventions aux utilisateurs finaux seront également disponibles pour l'inclusion des groupes les plus pauvres et vulnérables, ainsi que pour la fourniture d'appareils numériques transformateurs et d'appareils productifs afin de créer des opportunités économiques.
En outre, le projet s'attaquera aux obstacles à la fourniture de services, tant du côté de l'offre en subventionnant la fourniture d'infrastructures, que du côté de la demande, en comblant le fossé de l'accessibilité financière et en promouvant la sensibilisation et la culture numérique.
Parallèlement, les initiatives de réformes sectorielles jugées essentielles seront appuyées. Dans tous les cas, la perspective de voir le nombre d'internautes augmenter significativement dans les prochaines années enchante déjà différents secteurs.
Pour les acteurs économiques évoluant dans le commerce électronique, le changement attendu va élargir significativement le marché. Du côté des organisations de la société civile, plus de populations rurales connectées à Internet va les aider à mieux faire passer leurs messages de sensibilisation, sans oublier les nouvelles possibilités pour former en ligne les acteurs de l'économie rurale.