Tunisie: Réforme de l'administration 2 | Le numérique, une priorité

26 Avril 2023

Débattre de la réforme de l'administration tunisienne doit aujourd'hui nous interpeller sur les dysfonctionnements majeurs qui l'empêchent depuis des années de se hisser en un véritable établissement moderne au service de l'Etat, des citoyens et des entreprises.

Rendue synonyme de rigidité, de lenteur et de bureaucratie malgré les quelques réformes introduites sur le plan aussi bien structurel, fonctionnel que technique et humain, l'administration publique vit aujourd'hui un malaise profond qui risque de remettre en cause sa mission.

Les principales actions à mener devront tendre principalement à se libérer et à s'éloigner des modes de gestion classique pour s'orienter vers un projet novateur, intelligent et d'avenir, axé notamment sur la compétitivité, l'excellence et la performance de l'administration publique.

Sans objectifs de mise à niveau et sans une réelle volonté de changement effectif, notre administration publique n'a pas été en mesure d'engager de véritables réformes qui auraient pu la hisser au rang des administrations ouvertes et d'excellence de par le monde. Dès lors, devant cette situation et les dysfonctionnements qui constituent une véritable plaie dans la gestion des affaires publiques, et dans l'évolution de l'administration publique, une réflexion approfondie mérite d'être engagée, avec la définition d'actions audacieuses et profondes, et ce, autour d'un véritable projet novateur multidimensionnel contenant des mesures visant à apporter les améliorations et les changements nécessaires qui s'imposent aujourd'hui avec la célérité voulue et un engagement fort de l'ensemble des parties prenantes.

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Transformation numérique : une obligation et non un choix

Malgré la présence en Tunisie de grandes compétences dans le domaine du numérique, et la participation des entreprises et des compétences tunisiennes à la numérisation de nombre de services administratifs de par le monde, la Tunisie fait face à un manque flagrant de services numériques malgré l'apport que pourraient avoir de tels services pour la Tunisie : développement économique, facilitation des procédures administratives, meilleure collecte des taxes et impôts, lutte contre la fraude et la fuite fiscale, etc.

Selon l'étude de l'Ites intitulée « Quand le numérique transforme l'Etat et l'administration : vers une rupture de paradigme », un plan stratégique doit être mis en place afin de permettre à l'administration tunisienne d'améliorer ses prestations de services au profit du citoyen et de l'entreprise, de permettre au numérique d'y occuper la place qui lui est due et d'atteindre la dimension qui est la sienne, « autant qu'il serait possible de rattraper le lourd retard enregistré ».

Depuis plusieurs décennies, la Tunisie a fourni des efforts considérables pour le développement des services en ligne et a été précurseur dans différents services, ce qui lui a valu de recevoir des prix internationaux remis par différents organismes. Cependant, cette avancée s'érode et, depuis quelques années, la Tunisie voit son positionnement international régresser malgré les efforts fournis et la progression enregistrée dans sa notation par le e-gov index.

Entre 2010 et 2020, la Tunisie n'a pas cessé de perdre des places dans le classement e-gov index et est passée du 66e rang au 91ème rang, perdant ainsi 25 places. Les efforts de la Tunisie, en termes d'administration électronique, demeurent donc largement en deçà des attentes. Malgré la présence de stratégies, la mise en oeuvre ne suit pas. En effet, la stratégie Tunisie digitale 2020 comporte une partie entière relative à la numérisation et à la mise en ligne des services administratifs. La Tunisie dispose également d'une stratégie spécifique à l'administration électronique.

Avec l'instauration de la démocratie et la rude concurrence existant entre les pays en termes d'attrait des investissements et des compétences, les organismes publics sont, aujourd'hui, de plus en plus confrontés à de multiples enjeux politiques, sociaux et économiques. Ainsi, ils sont appelés, dans des délais relativement courts, à apporter des réponses aux contraintes des finances publiques, d'instaurer la bonne gouvernance et de fournir des services de qualité aux citoyens et aux entreprises. Tous ces enjeux exigent de grands chantiers relevant d'un changement de paradigme dans le fonctionnement de l'administration et de sa relation avec son environnement, le citoyen et l'entreprise, et de transformation profonde des modes de gestion.

Ces transformations et ces réformes ne seront facilitées qu'en tirant profit du numérique. En effet, la transformation numérique apportera des réponses aux différentes problématiques, notamment celles liées à la rationalisation de la gestion, à l'instauration d'une bonne gouvernance et à l'amélioration de la qualité.

Besoin de généralisation des e-services

La crise de Covid-19 était une occasion pour mettre en exergue le besoin urgent de considérer le numérique comme voie prioritaire pour la fourniture des services administratifs aux citoyens et aux entreprises tout en mettant en exergue les insuffisances, voire la baisse de l'offre tunisienne de services en ligne.

En effet, les programmes de simplification des procédures qui ont été lancés ne sont, en réalité, que des mesures d'amélioration utilisant les mêmes mécanismes classiques : mise en place de guichets uniques, suppression de quelques documents administratifs, etc. Leurs résultats et impacts finaux sont minimes. Aussi, étant donné leur état et leur qualité actuelle, les services administratifs ont besoin d'un programme de rupture permettant une réforme globale des procédures en recourant au numérique comme principale voie de fourniture de tout service aux citoyens et aux entreprises.

Ce besoin de numérisation massive des services administratifs concerne en premier lieu tous les services nécessitant une relation directe administration-citoyen ou administration-entreprise.

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