Trois semaines après l'annonce du ministre de l'Intérieur interdisant la tenue de réunions ou manifestations à caractère politique dans un lieu public - excepté pour les membres de l'exécutif -, la toute première interdiction officielle, au nom de ladite note ministérielle, est tombée. C'est le parti Malagasy Miara-Miainga (MMM) qui en a fait les frais ce week-end. Ses avocats ont contesté cette décision auprès du tribunal administratif de Fianarantsoa et demandent à la Haute Cour constitutionnelle de se prononcer sur ce qu'ils estiment être une violation de la Constitution.
« Conformément à la note en date du 4 avril 2023 rédigée par M. le ministre de l'Intérieur qui interdit toute réunion à caractère politique dans un lieu public, nous vous informons solennellement que votre demande d'autorisation de rassemblement est refusée », explique la cheffe du district de Fandriana, dans son courrier du 19 avril, aux responsables du parti MMM.
La réunion politique menée par son leader Hajo Andrianainarivelo, suivie d'un spectacle, aurait dû se tenir dans la commune d'Imito, dans un kianja de Savika, là où se tiennent les combats traditionnels à mains nues, entre les hommes et un zébu. Cela dans un petit stade privé et clôturé, d'une capacité de 5 000 personnes. Son maire, Jean-Marie Andriatsiravana, élu sous les couleurs du parti MMM, ne comprend toujours pas la décision :
« Une semaine avant, à 35 kilomètres de chez nous, à Ambositra, une grosse manifestation en pleine rue a été organisée par le régime, avec des milliers de participants. Et nous, on nous refuse une réunion dans un lieu privé, donc oui, on considère qu'il y a une inégalité de traitement. »
De son côté, le parti MMM, par l'intermédiaire de son avocat Rija Rakotomalala, a saisi la justice :
« Nous estimons que la note prise par le ministre de l'Intérieur est en violation des pactes internationaux et de la Constitution. Nous voulons que la loi soit appliquée par tous, à tous et de la même manière. C'est pour cela qu'il était nécessaire de saisir la Haute Cour constitutionnelle et nous pensons que celle-ci statuera sur ce point-là et permettra à tous les partis politiques et à tous les citoyens de pouvoir participer à nouveau à des réunions politiques et d'exprimer librement leurs opinions. »
D'après les avocats, au vu de la situation exceptionnelle relative à la préservation de l'ordre public, la réponse de la Haute Cour constitutionnelle est attendue au plus tard d'ici à un mois.