Le cessez-le-feu de 72 heures conclu sous l'égide des États-Unis entre dans son troisième jour ce jeudi 27 avril.À Khartoum, la trêve est restée peu respectée ce mercredi. Pour les habitants de Khartoum, la situation est particulièrement volatile
Au deuxième jour du cessez-le-feu, les affrontements ont continué dans la capitale où des avions de chasse de l'armée ont survolé la banlieue nord, essuyant les tirs à l'artillerie lourde des paramilitaires, ont raconté des témoins à l'AFP. La périphérie est de Khartoum a été la cible d'intenses frappes aériennes et des affrontements à la mitrailleuse ont eu lieu dans la périphérie sud, où se trouve une maison du dirigeant des paramilitaires, selon d'autres témoins.
Khartoum vit donc au rythme de périodes de calme aussitôt rompues par des frappes aériennes et tirs d'armes lourdes. Selon les quartiers, l'intensité des combats varie.
Au sud-ouest de Khartoum, une habitante raconte à RFI avoir eu quelques heures de répit : sans bombardements, ni de coups de feu. Mais l'arrêt durable des combats, elle n'y croit pas. Elle s'apprête à partir vers une zone préservée du conflit, à 100 kilomètres de route : « C'est une zone rurale, là-bas, il y a des agriculteurs, beaucoup d'animaux, une rivière... On aura de quoi manger, vivre une vie normale et simple. Mais pour l'instant, nous cherchons toujours de l'essence pour la voiture. C'est devenu très cher. »
En plus de l'essence, l'eau, l'électricité et la nourriture manquent. Au sud-est de la ville, cet habitant a pu profiter de l'accalmie de lundi pour acheter à manger. Mais ce mercredi, il n'était pas question de sortir. « On a entendu beaucoup de bombes. C'est un peu difficile de regarder par les fenêtres de l'immeuble, parce qu'il y a beaucoup de tireurs d'élite sur le toit des bâtiments. Ils visent les citoyens qui filment le conflit. Mais nous entendons clairement le bruit, nous pouvons même sentir le bâtiment trembler ».
Des milliers de blessés, des hôpitaux fermés
Pour le chef de la mission de l'ONU au Soudan, il n'y a à ce stade « aucun signe clair » d'une négociation possible entre les deux chefs militaires, alors que l'insécurité est telle que la plupart des organisations humanitaires ont été obligées de suspendre leurs opérations. Vont-elles pouvoir reprendre et venir en aide aux victimes civiles du conflit, alors que le dernier bilan communiqué mercredi par le ministère soudanais de la Santé fait état de 512 morts et 4 193 blessés ?
À Khartoum, « 61 % des établissements de santé sont fermés et seuls 16% fonctionnent normalement. De nombreux patients atteints de maladies chroniques, telles que les maladies rénales, le diabète et le cancer, n'ont pas accès aux établissements de santé ou aux médicaments dont ils ont besoin », a déclaré le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, les hôpitaux sont déjà « dans un état catastrophique ».
Pour le moment, on a l'impression que les combats se sont un peu calmés, mais il y a toujours des tirs, donc on est toujours en train d'évaluer les conditions de sécurité. On attend que la situation nous permette de lancer une réponse d'urgence.
Alyona Synenko, porte-parole régionale du CICR en Afrique
Florence Morice