En Guinée, le plus important rendez-vous littéraire de l'année s'est achevé ce 25 avril 2023 à Conakry. Ces « 72 heures du livre » ont notamment abordé le thème de l'esclavage à travers des invités comme le Bénin, Haïti et la ville guinéenne de Boffa. Trois endroits du monde qui furent situés sur la route de l'esclavage. Reportage dans les allées du salon.
En Guinée, les « 72 heures du livre », le plus important rendez-vous littéraire de l'année, s'est refermé ce 25 avril 2023 à Conakry.
Des centaines de visiteurs ont pu déambuler dans les allées du salon organisé sur l'esplanade du palais du Peuple. Comme tous les ans, les amateurs de littérature ont assisté à des conférences, des tables rondes et des séances de dédicaces.
« Un salon où l'on essaie de saisir les questions importantes qui assaillent la Guinée, l'Afrique et le monde »
Cette 15e édition avait pour thème : « Afrique, littératures et identités. » Au cours des échanges, il a beaucoup été question de l'histoire de l'esclavage, puisque les « 72 heures du livre » avaient pour invités le Bénin, Haïti et la ville de Boffa. Trois endroits du monde qui furent situés sur la route de l'esclavage.
Mohamed Lamine Camara raconte le versant guinéen de cet héritage tragique. Il est le directeur délégué des « 72 heures du livre » : « Il y a un circuit esclavagiste qui se trouve au niveau de Boffa qu'on appelle "la route de l'esclavage". Ça a été un lieu de déportation. C'est ça aussi le rôle des "72 heures du livre". C'est un salon où l'on essaie de saisir les questions importantes qui assaillent la Guinée, l'Afrique et le monde. Et on essaie d'interpeler les intellectuels, les écrivains... ».
« Quand les Haïtiens se retrouvent en Guinée, c'est comme s'ils se retrouvaient chez eux »
Et l'un d'entre eux justement est en plein débat sur l'héritage africain des langues caribéennes. Philomé Robert est romancier. Il est venu présenter son dernier ouvrage Vagabondages éphémères. Il est originaire d'Haïti où des milliers d'Africains furent déportés et réduits en esclavage par les Européens : « Les Haïtiens se considèrent généralement comme étant les nègres de Guinée. D'ailleurs, dans l'imaginaire haïtien collectif, il se dit que quand on meurt en Haïti, l'âme repart en Guinée. Finalement, quand les Haïtiens se retrouvent en Guinée, c'est comme s'ils se retrouvaient chez eux parce qu'il y a un patrimoine en commun ».
De la littérature à la réalité. Comme chaque année, les « 72 heures du livre » se prolongent avec un séjour dans la ville invitée d'honneur. Départ aujourd'hui pour Boffa. Philomé Robert sera du voyage.