Sénégal: Opérations, logistique, ressources humaines, valeurs militaires - La vision du Cemga, le Général Mbaye Cissé

27 Avril 2023

Mesurant la gravité de l'ampleur de la tâche qui l'attend comme l'y a invité, hier, le Ministre des Forces armées, Sidiki Kaba, qui a procédé à son installation dans ses fonctions de Chef d'état-major général des armées (Cemga), le général de corps d'armée Mbaye Cissé a décliné toute son ambition dans son Ordre du jour n°1. Des opérations, à la logistique, en passant par les ressources humaines, la condition et les valeurs militaires, le général Cissé compte apporter sa contribution à l'édification d'une armée toujours prête à remplir ses missions régaliennes de protection et de préservation du sanctuaire national.

« Une ambition d'oeuvrer, en permanence, à la consolidation d'une armée, prête à l'emploi par son organisation et son sens de l'anticipation, réactive par sa flexibilité et son aptitude à circonscrire les menaces intérieures comme extérieures et surtout résiliente à toutes les formes d'adversité tendant à miner sa cohésion ». Cette déclinaison dans l'Ordre du jour n°1 du nouveau chef d'état-major général des Armées, le général de corps d'armée Mbaye Cissé, laisse entrevoir une claire maitrise de l'appareil militaire et sécuritaire sénégalais. Mais surtout une connaissance inouïe du contexte « géopolitique dans le Sahel ». Celui-ci, a-t-il indiqué, « installe nos États au coeur d'une conflictualité diffuse, nourrie d'une part, par les stigmates encore visibles de la Covid-19, qui a durement impacté les conditions économiques et sociales de nos pays ravivant ainsi les tensions sociales, et d'autre part, par les bouleversements induits par la guerre russo-ukrainienne en cours, annonciatrice d'un monde en gestation, aux contours encore incertains ». Encore que cette situation se déroule et s'assombrit sur fond d'expansion de la « menace terroriste qui frappe déjà à nos frontières ».

Le tableau montre que le Sénégal demeure toujours un « ilot de paix et de stabilité dans cette tourmente sous régionale ». Le pays, a soutenu le Cemga, poursuit sa marche vers plus de progrès, et s'apprête à rejoindre le peloton envié des nations productrices de gaz et de pétrole.

Même idyllique, le panorama « commande de redoubler d'efforts et de vigilance pour préserver les conditions de stabilité nécessaires à la poursuite légitime de nos projets de développement », a souhaité le général Cissé. Ainsi, entend-t-il réaliser la volonté des « plus hautes autorités d'imprimer une transformation qualitative à nos Armées par la recherche et le culte de la performance, dans les domaines clés couvrant les opérations, la logistique, les ressources humaines, la condition militaire et, surtout, les valeurs qui fondent notre ethos de soldat ».

« Sécurisation effective et totale du sanctuaire national »

La vision est donc centrée pour le nouveau commandement sur les activités opérationnelles, le coeur de métier du soldat. Partant des succès opérationnels de ces derniers temps, notamment au sud du pays, le général Cissé mise sur la « sécurisation effective et totale du sanctuaire national » pour « retrouver définitivement la paix, et participer au retour à une vie normale des populations longuement éprouvées ». Tout comme il va intensifier « la traque de l'économie criminelle du bois et de la drogue sans répit, tout en envisageant un décentrement opérationnel rapide vers d'autres zones potentielles d'intervention ».

Il actionnera dans cette perspective la Marine nationale, levier central de l'action de l'État en mer. Et mieux, il la fera s'adapter rapidement aux « évolutions capacitaires favorisées par ses nouvelles acquisitions, tout en poursuivant son implantation déjà prometteuse sur l'essentiel de l'espace fluviomaritime de notre pays ». L'Armée de l'Air ne sera pas en reste avec l'«opérationnalisation imminente de nouvelles bases à Linguère, Tambacounda et Kaolack, ce qui permettra une meilleure prise en compte de la défense aérienne globale du territoire et surtout l'appui multiforme aux autres composantes ». L'emploi des forces terrestres, fer de lance de notre dispositif de veille et de réaction, « devra garantir une présence effective sur nos frontières, dans le cadre de la posture permanente de sûreté et de la déconcentration en cours », a expliqué le Cemga.

Ces impératifs nationaux n'occulteront pas les opérations extérieures pour lesquelles les Armées sénégalaises, « resteront engagées ». Á l'heure des conflits asymétriques, le nouveau Cemga est convaincu que «la perspective d'engagements opérationnels crédibles suppose la généralisation et la consolidation de capacités multiformes ». Ainsi, pour le succès des opérations, sur tous les théâtres, compte-t-il « assurer une préparation opérationnelle conforme à nos équipements, adaptée au durcissement exponentiel des engagements et surtout à la complexité des modes d'action hybrides ».

Une nouvelle culture logistique

Reconnaissant la « montée en puissance quantitative et qualitative de nos différents systèmes de force », il a souligné qu'elle a « besoin, pour produire davantage d'effets, d'une nouvelle culture logistique fondée sur une gestion technique rationnelle, sous tendue par une démarche alliant à la fois expertise, pragmatisme, anticipation et esprit d'innovation ».

Pour lui, l'effort « logistique sans précèdent consenti par la Nation pour combler les gaps capacitaires n'appelle qu'un seul et unique réflexe : la préservation jalouse de notre potentiel ».

Le général Cissé ne pouvait pas occulter la première richesse des Forces armées sénégalaises constituées d'hommes et de femmes de qualité. Il compte donner une « impulsion vigoureuse aux ressources humaines, leviers essentiels du format d'armée 2025 ». Ce qui passera par l'adoption d'une « politique de formation plus cohérente grâce aux nouvelles écoles et centres de formation déjà créées ou en cours d'édification ». Ce qui amènera les Armées à mieux satisfaire les besoins du format Horizon 2025.

Le général a engagé ses hommes à opposer l'éthique du soldat, la discipline, la discrétion, le devoir de réserve, la solidarité et surtout la confiance en la hiérarchie « face aux sirènes de l'incertitude et du chaos, à l'exposition médiatique débridée dans les réseaux sociaux ».

ARMÉES

Le président de la République nomme trois nouveaux généraux

Le Chef de l'État a procédé, mardi, à la nomination de trois nouveaux généraux. Pour la première fois, les Forces armées comptent, en la personne du médecin Fatou Fall, une femme générale. Les autres sont l'intendant-colonel Ibrahima Ndiaye et le directeur du génie Cheikhou Mouhamadou Lamine Boucounta Camara.

Le Ministre des Forces armées (Mfa), Sidiki Kaba, a tenu à rappeler, mardi, à l'installation du nouveau chef d'état-major général des Armées que la nomination aux emplois militaires est du ressort du chef de l'État qui avait porté son choix, le 6 avril dernier, sur le général de corps d'armée Mbaye Cissé. Il a encore usé de ce pouvoir, avant-hier, en procédant à la nomination de trois généraux. Il faut dire que le président de la République tire cette prérogative des dispositions de l'article 45 de la Constitution, qui prévoit, en son dernier alinéa qu'«il est le Chef Suprême des Armées ; il nomme à tous les emplois militaires et dispose de la force armée ».

Au nombre de ces heureux bénéficiaires, le médecin-colonel Fatou Fall, « une décision historique ; car c'est la première fois, depuis l'indépendance, qu'une femme est nommée général », s'est réjoui le Ministre. Mais également l'intendant-colonel Ibrahima Ndiaye qui va étrenner ses étoiles le 7 mai prochain. Le dernier à être élevé au grade de général de brigade est le colonel Cheikhou Mouhamadou Lamine Boucounta Camara jusque-là directeur du Génie militaire. Ce dernier, issu et major de la 10e promotion de l'École nationale des officiers d'active (Enoa), devrait rejoindre en qualité de conseiller défense le Premier ministre et arborer ses étoiles le 15 juin prochain.

L'intendant-général Ibrahima Ndiaye est un ancien commando qui s'est illustré sur différents théâtres d'opération. Longiligne et surnommé « Lucky Luke », il est de la 8e promotion de l'Enoa et camarade du nouveau Cemga Mbaye Cissé, du Haut-commandant de la Gendarmerie et directeur de la justice militaire Moussa Fall et de l'Inspecteur général des forces armées Philippe Dia.

Armées sénégalaises : Pr Fatou Fall, première femme promue général

Les Armées sénégalaises ont désormais une femme promue au grade de général. Le médecin-colonel Fatou Fall est la première femme dans l'histoire des Armées sénégalaises à être élevée à ce grade.

Pour la première fois dans l'histoire du Sénégal, une femme vient d'accéder au grade de général. Il s'agit du médecin-colonel Fatou Fall. Elle a été élevée au grade de médecin-général de brigade par le Président de la République, Macky Sall.

Professeur Fatou Fall est engagée en 1985 dans les rangs des armées. Diplômée de la Faculté de Médecine de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar en 1992, elle est en service à l'hôpital Principal de Dakar. Elle a obtenu le Certificat d'études spéciales en hépatologie et gastro-entérologie à l'Université d'Abidjan (Côte d'Ivoire) en 2002.

Le médecin-général est professeur en Hépatologie et Gastro-entérologie après une formation à l'école du célèbre hôpital du Val-de-Grâce, à Paris. C'était en 2012. Chef du service d'hépato-gastro-entérologie à l'hôpital Principal de Dakar, le Professeur Fall est actuellement membre de la Société sénégalaise de gastroentérologie et d'hépatologie (Sosegh), membre de la Société africaine d'hépatologie et de gastroentérologie et de la Société française de gastroentérologie.

Selon le médecin colonel Abdou Razack Ndiaye, directeur adjoint à l'hôpital Principal de Dakar qui fut son adjoint et proche collaborateur pendant près de sept années, « Professeur Fatou Fall est une grande dame de valeur avec d'excellentes qualités mais surtout d'une grande compétence. Elle est engagée et surtout dévouée à l'endroit des malades qu'elle reçoit », a-t-il témoigné. Il a ajouté que la nouvelle générale est un officier supérieur consciencieux qui a donné une grande partie de sa vie aux patients. Á son avis, Pr Fall illustre bien le leadership féminin sénégalais.

« C'est une nomination amplement méritée et je lui exprime toute la fierté que je ressens à cette occasion », a déclaré le médecin-colonel du cadre de réserve Mapathé Seck. Selon lui, c'est la première femme sortie médecin-lieutenant de l'Ucad avant de gravir tous les échelons. « Nous avons cheminé pendant plus de vingt ans à l'hôpital Principal de Dakar après avoir été de ceux qui l'ont accueillie en 1985 à l'École Militaire de Santé », a déclaré l'officier de réserve. Celui-ci de poursuivre : « Je l'ai toujours eu en haute estime pour son courage, sa ténacité, sa compétence, son calme. J'aimais bien la solliciter pour des avis sur des malades », a-t-il ajouté. Le colonel Seck a révélé que le Professeur Fatou Fall est la deuxième femme militaire brevetée parachutiste du Sénégal.

Pour Abdou Razack Ndiaye, « conscience, compétence, honnêteté et piété », sont les quatre mots qui résument les brillantes qualités de la promue.

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