Le board du Groupe de la Banque mondiale a approuvé le nouveau Cadre de partenariat pays pour Madagascar sur la période 2023 - 2027. En cette occasion, les responsables locaux de cette institution ont publié une tribune libre, hier.
Incontournable et essentiel. C'est ainsi que les trois principaux responsables locaux du Groupe de la Banque mondiale qualifient la croissance dans une tribune libre publiée, hier. La croissance qui, à la lecture de ce texte, est la clé pour briser le cycle de la pauvreté à Madagascar. À la question "que faut-il faire pour briser le cycle de la pauvreté à Madagascar?", les signataires de la tribune libre d'hier avancent, "la réponse est presque mécanique car elle revient trop souvent.
Elle est pourtant incontournable : Madagascar a besoin de toute urgence d'une période soutenue de croissance économique robuste s'étalant sur plusieurs années, qui permettrait au pays d'accumuler des actifs et de construire une base solide pour sa transformation économique". Marie-Chantal Uwanyiligira, représentante de la Banque mondiale, Marcelle Ayo, Représentante de la Société financière internationale ou IFC, et Francis Mulangu, économiste principal en Pauvreté de Banque mondiale, tous en poste à Madagascar, sont les signataires de cette tribune libre. Un texte basé sur "les expériences passées et des leçons apprises à Madagascar". Pour eux, "pour réduire la pauvreté à Madagascar, il est essentiel d'augmenter la croissance".
La tribune libre publiée hier accompagne l'officialisation de l'approbation par le Conseil d'administration de l'institution de Bretton Woods du nouveau Cadre de partenariat pays ou CPF, pour la Grande île, le 25 avril. Il couvre la période 2023 - 2027, et est axé sur trois piliers, à savoir, "amélioration des opportunités d'emploi, amélioration du capital humain, et renforcement de la résilience face aux chocs". De prime abord, les trois axes du nouveau CPF visent à soutenir les efforts étatiques pour parvenir à une croissance durable.
Les signataires de la tribune publiée hier, présentent les raisons de stagnation de la croissance à Madagascar, dont le résultat est la pauvreté. En entrée en matière, ils soutiennent que le déclin des revenus dans la Grande île découle d'une situation inédite dans le monde. "Fait remarquable, ce déclin s'est produit dans un environnement largement exempt de conflits violents, ce qui est peut-être le seul exemple de ce genre dans le monde. Les maigres progrès enregistrés pendant les périodes de relative stabilité ont été balayés par diverses crises, généralement politiques, mais aussi climatiques et, plus récemment, par la pandémie de Covid-19", affirment ceux qui signent le texte publié hier.
Réformes audacieuses
La tribune libre ajoute que "le diagnostic systématique pays effectué par la Banque mondiale indique que le manque de concurrence et de transparence au coeur de l'État et la capture des élites ont entravé les performances de croissance du pays". La faiblesse du secteur privé, caractérisé par un faible niveau d'investissement, est soulignée dans le texte. En créant de l'emploi, le secteur privé peut stimuler la croissance et ainsi réduire la pauvreté. La faiblesse du capital humain ou encore, les aléas climatiques sont d'autres freins à la croissance cités dans la tribune libre. "L'indice de capital humain de Madagascar (0,39) est l'un des plus faibles au monde, ce qui signifie que les enfants malgaches ne deviendront pas des adultes productifs, contrairement à d'autres enfants en meilleure santé et mieux éduqués", déplorent les signataires du texte d'hier. Ils soulignent aussi la défaillance de la gouvernance.
"La pauvreté élevée est également le résultat d'une mauvaise gouvernance qui n'a pas été résolue depuis plusieurs décennies : la faiblesse des institutions et le contrôle des élites érodent l'État de droit, la responsabilité du secteur public et la lutte contre la corruption", affirment les signataires de la tribune. Ils ajoutent la nécessité d'une transformation économique structurelle, puisque "plus de 90 % de la population en âge de travailler reste engagée dans l'agriculture de subsistance et les services informels".Comme solution, la mise en oeuvre de "réformes audacieuses", est mise en avant. "Si le pays peut maintenir une croissance inclusive sur une longue période grâce à l'accumulation de capital humain et d'actifs physiques tout en renforçant sa résilience aux chocs, alors le pays pourrait sortir du piège de la pauvreté", ajoute la tribune libre. Aussi les réformes doivent établir "des éléments cruciaux", ajoute la tribune libre. Parmi ses éléments cruciaux, il y a la mise en place d'une administration publique stable, fiable et efficace.
Une administration capable de fournir les infrastructures et les services nécessaires, tout en n'appliquant que des exigences réglementaires raisonnables, selon les signataires de la tribune. "Les récentes réformes audacieuses dans les secteurs de l'exploitation minière, des télécommunications et de l'énergie peuvent contribuer à stimuler la croissance dont Madagascar a besoin pour sortir de la spirale de la pauvreté dans laquelle elle se trouve", ajoutent-ils, dans l'optique que ces réformes "renforcent la concurrence et la transparence du marché".