La région de Saint-Louis a accueilli hier, jeudi 27 avril, une délégation de la Cellule de Coordination de la Lutte contre le travail des enfants du Ministère du Travail, du Dialogue Social et des Relations avec les Institutions. Le but était de partager des informations avec les différents acteurs de la protection de l'enfant et de collecter des données sur le travail des enfants en vue de l'élimination définitive des pires formes à l'horizon 2025. La rencontre a regroupé des inspecteurs et contrôleurs du travail, des éducateurs, des maitres coraniques, des délégués de quartiers et des « bajénu gox » et des représentants de la police judiciaire.
Cette rencontre fait suite à une série d'ateliers organisés à Kédougou et Fatick et qui s'inscrivent dans le cadre d'une tournée nationale de la Cellule de Coordination de la lutte contre le travail des enfants. Sur place, les participants composés pour la plupart d'acteurs qui oeuvrent autour de l'enfance, ont eu droit à plusieurs présentations et sur diverses thématiques. « Tout travail qui prive les enfants de leur enfance est à bannir ou à éliminer », a rappelé Mme Sow Mame Coumba Thiaw, Coordonnatrice de ladite Cellule. Elle a précisé que l'Afrique demeure le continent ayant le pourcentage le plus important (20%) comparé aux autres continents en matière de travail des enfants. En effet, les pires formes de travail des enfants sont censées nuire à la santé, à la sécurité et à la moralité de l'enfant. La pauvreté, l'immigration, l'éducation, demande très forte de main d'oeuvre infantile, le facteur socio-culturel constituent également les causes du travail des enfants. Cette rencontre a permis à la délégation du Ministère du Travail de partager les résultats des travaux et de collecter des données justes sur le travail des enfants en collaboration avec les partenaires sociaux de la région.
D'après la coordonnatrice, le choix de Saint Louis parmi les quatre régions pilotes pour l'élaboration d'un nouveau plan cadre n'est pas fortuit. « Saint-Louis est une cible parce que nous avons constaté que beaucoup d'enfants sont employés dans le secteur agricole. Ces jeunes enfants sont très souvent utilisés par des entreprises agricoles et le travail effectué sur les lieux dépasse très largement leurs capacités physiques. Mais pour des raisons économiques, ils acceptent. Ils sont également exploités par de grandes personnes dans d'autres activités. Dans ces conditions, ils exercent souvent les pires formes de travail des enfants », a regretté Mme Sow Mame Coumba Thiaw tout en rappelant que le social et le culturel constituent les facteurs bloquants dans cette lutte contre le travail des enfants. Ce qu'a bien confirmé l'adjointe au Gouverneur de Saint-Louis chargée des affaires administratives, Mme Fatou Moctar Fall Faye qui a présidé la rencontre.
« Même si l'enfant doit être éduqué et travailler de manière domestique, ceci ne doit pas être en aucun cas un moyen pour exploiter les enfants par le travail. Malheureusement, le constat à Saint-Louis, ce sont de grands talibés, qui à la fin de leur formation coranique refuse de rentrer dans leurs localités d'origine et s'adonnent à d'autres pratiques. La petite délinquance notée à Saint-Louis est l'oeuvre d'adolescents talibés sous l'influence de grandes personnes. Ils s'adonnent au vol dans les marchés, gares routières, lieux publics ou à l'arraché, au vagabondage et même à la prostitution », a-t-elle indiqué tout en rappelant qu'il faut que les membres de la Cellule et l'Inspection régionale du Travail et de la Sécurité Sociale puissent recueillir auprès d'eux des données fiables au niveau territorial dont ils ont besoin. D'où ils sont attendus pour une meilleure implication dans la lutte contre le travail des enfants surtout les pires formes de travail.