AfriCAM, c'est le nom d'un grand projet de recherche internationale sur ce qu'on appelle les zoonoses, ces maladies proviennent des animaux, sauvages ou domestiques. Une partie du programme a été lancée ce 27 avril 2023 à Madagascar. Une soixantaine de chercheurs en partenariat vont ainsi s'y intéresser à trois zoonoses particulièrement vivaces sur l'île. Explications.
75% des maladies infectieuses dans le monde proviennent des animaux, sauvages ou domestiques. Ces maladies, on les appelle les « zoonoses ». Ce 27 avril 2023, à Madagascar, un grand projet de recherche internationale financée par la France, baptisé AfriCAM, a été lancé sur l'île. Objectif : étudier pendant 3 ans différentes zoonoses spécifiques à cinq pays - Cameroun, Guinée, Cambodge, Sénégal et Madagascar - et comprendre comment ces maladies évoluent afin d'être mieux armé pour les anticiper et les combattre.
Virologues, épidémiologistes, médecins, anthropologues : une soixantaine de chercheurs en partenariat avec les ministères de la Santé, de l'Environnement et de l'Agriculture, vont ainsi s'intéresser à trois zoonoses particulièrement vivaces sur l'île : la fièvre de la vallée du Rift, la rage et les leptospiroses.
« Comprendre le comportement des populations vis-à-vis du monde animal »
« Ce qui est important de comprendre à travers ce projet, c'est le comportement des populations vis-à-vis du monde animal, expliqueJean-Marc Bouvet, directeur régional du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) pour l'Afrique australe, qui copilote l'AfriCAM. Que ce soit le monde domestiqué et surtout comment les gens élèvent leur volaille, et surtout comment les gens interagissent avec le monde sauvage, quels sont les animaux chassés, comment on les conserve, consomme... »
Toutes ces connaissances vont permettre aux chercheurs de mieux cerner comment ces maladies évoluent, quelle est leur dynamique et comment elles impactent, elles sont perçues par les populations. « Ce sont des sujets dont on parle depuis longtemps, mais qu'on essaie de mieux renseigner par cette approche globale, intégrée, et non pas d'avoir une approche simplement venant des chercheurs, des biologistes, des médecins, qui donnent des processus à suivre aux populations qui, pour la majorité, ne les suivent pas », poursuit Jean-Marc Bouvet.
Trouver des solutions concrètes pour lutter contre la propagation de ces maladies
Cette recherche est ambitieuse, tant par son approche multidisciplinaire, que par son rayon d'action géographique. Dix millions d'euros ont été mis à disposition par l'Agence française de développement (AFD) pour démarrer le projet.
« Ce n'est pas si fréquent de lancer une telle initiative internationale dans le monde de la santé, donc c'est vraiment une mobilisation assez exceptionnelle, estimeValérie Verdier, la Présidente directrice générale de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) qui copilote également l'AfriCAM. Maintenant, ce que l'on souhaite, c'est attirer encore plus de partenaires, plus de bailleurs, et notamment au niveau de l'Union européenne ».