L'information a intrigué plus d'un. La Jirama lance un appel d'offre international pour son approvisionnement en fuel lourd.
Dénicher un meilleur prix. Il s'agit d'une évidence pour tout acheteur d'un produit. Finalement, la Jirama franchit le pas. Elle lance un appel d'offre international pour lui fournir du fuel lourd destiné à l'approvisionnement des groupes de ses centrales thermiques. Cet appel d'offre international lancé par la société d'eau et d'électricité a entraîné diverses interrogations. Surtout qu'il intervient à un moment où le délestage revient en force dans les grandes villes, notamment, le Réseau interconnecté d'Antananarivo (RIA). Pour la première fois, la Jirama informe officiellement le public que ce rationnement de la fourniture en électricité est causé par l'insuffisance du fuel lourd qui alimente les groupes des centrales thermiques.
En bref, l'explication est que "la Jirama cherche un meilleur prix par rapport à ce que proposent ses fournisseurs locaux". D'emblée les regards des observateurs se tournent vers Madagascar Oil qui exploite le fuel lourd de Tsimiroro. D'aucuns s'interrogent comment la Jirama pourra trouver un meilleur prix que du fuel exploité et produit localement à l'international ? Selon le média en ligne 2424.mg, cette entreprise serait déjà hors course. "Au mois de mars de cette année, cette compagnie pétrolière avait été invitée à récupérer le reste du fuel qu'elle avait livré pour le test d'efficacité de son produit auprès d'une centrale à Mandroseza", rapporte 2424.mg. Il ajoute, "les modalités de paiement de la Jirama et la clause de pénalité de Madagascar Oil", expliquerait pourquoi Madagascar Oil serait hors course.
Questionnement
Il y aurait aussi le fait que la production de fuel lourd local ne suffit pas à couvrir les besoins de la Jirama. Ici encore toutefois, pour faire simple, la principale raison serait le coût qu'implique l'utilisation du fuel de Tsimiroro. Madagascar Oil aurait demandé à ce que l'acheminement du fuel du site de production, jusqu'à ses centrales. Après avoir fait les calculs, la Jirama aurait conclu qu'il reviendrait moins cher d'en importer. Le délestage tournant appliqué par la Jirama coïncide avec une décision du conseil des ministres, le 5 avril.
L'Exécutif a décidé que les réquisitions de carburant au bénéfice de la Jirama se feront désormais sous condition. Dorénavant plus aucune réquisition ne pourra être faite sans qu'il n'y ait un titre d'engagement financier qui y correspond. Il appartient au ministre de l'Energie et des hydrocarbures de s'assurer du respect de cette disposition. Cette réquisition conditionnée serait pour se conformer aux conditionnalités du Fonds monétaire international (FMI).
Déjà à bout de souffle financièrement, la société d'eau et d'électricité serait en plein bras-de-fer avec ses fournisseurs locaux en fuel lourd. Elle ne parviendrait pas à les convaincre d'aligner leur prix avec les moyens de la Jirama. A cela s'ajoutent les arriérés impayés. De prime abord, la situation actuelle impose à la Jirama de chercher du fuel lourd moins cher ailleurs. Une idée qui a fait son chemin depuis quelques années. A la base, cette idée évoquait même la possibilité pour la Jirama d'importer directement le carburant dont elle a besoin. Elle s'oppose, cependant, à la problématique de la logistique et de l'entreposage. D'autant plus que le ticket d'accès au marché international du pétrole n'est pas accordé au premier venu.
La Jirama n'aurait toutefois aucune intention d'importer elle-même du fuel lourd, mais juste de trouver le moins cher du marché. Vient alors la question sur la capacité de la Jirama à convaincre des fournisseurs internationaux. Comme indiqué auparavant, les problèmes de trésorerie de la compagnie nationale d'eau et d'électricité font qu'elle est quasi insolvable vis-à-vis de ses fournisseurs locaux et créanciers. Même la trésorerie étatique de l'État peine à couvrir les impayés de la Jirama.