Afrique: RDC - Visite de terrain de la Directrice du Service de Lutte Anti Mines de l'ONU (UNMAS)

communiqué de presse

Jean-Tobie Okala

« Je suis ici au Congo et à Beni pour mieux comprendre le travail que UNMAS effectue avec la MONUSCO et ses partenaires pour la protection des civils », a récemment déclaré Ilene Cohn, directrice du Service de lutte antimines de l'ONU (UNMAS).

Elle l'a dit jeudi 27 avril 2023 à la presse, au deuxième jour de sa visite dans le Grand Nord-Kivu, à Beni. Elle dit être venue d'abord pour s'imprégner du travail que UNMAS (Service de lutte antimines de l'ONU) qu'elle dirige au siège des Nations Unies à New-York fait sur le terrain. Ensuite, évaluer la collaboration avec les principaux partenaires de UNMAS, notamment les autorités, les communautés locales, les FARDC ou encore la Police nationale congolaise. Enfin, voir comment renforcer cette même collaboration avec la MONUSCO et ses différentes composantes afin de mieux protéger les populations contre ces « engins de la mort » que sont les engins explosifs non explosés.

Dans la région de Beni, aussi bien les forces de défense et de sécurité (FARDC et PNC), la MONUSCO que les populations civiles font face au quotidien aux risques que constituent les engins explosifs improvisés. Abdourahamane Ganda, chef de bureau adjoint de la MONUSCO à Beni, identifie deux types de menaces sérieuses :

« D'abord la menace que représentent les mines et engins abandonnés par les rebelles et autres miliciens sur lesquels des civils marchent parfois ou ramassent, croyant avoir à faire à de simples objets de curiosité et qui menacent la vie aussi bien de ces civils que des forces de sécurité.

Puis, il y a la menace que représente le nouveau mode opératoire des rebelles des ADF qui ciblent les zones de grand rassemblement des populations civiles pour poser des bombes artisanales et faire le plus de victimes possibles, comme à Kasindi, ici à Beni... ».

Education au risque des mines

Aussi bien la MONUSCO, UNMAS, les FARDC que la Police des Nations Unies (UNPOL) ou nationale congolaise (PNC), tout le monde s'accorde sur deux actions à mener en dehors de la destruction de ces engins explosifs. La première piste de solution est la formation des éléments de la PNC (et même au sein de la Police de la MONUSCO) à la gestion de ces situations.

« Les FARDC nous ont fait savoir qu'ils appréciaient le partenariat et qu'ils avaient besoin de plus de formation à la gestion des engins explosifs improvisés. La même demande nous a été adressée par la PNC. UNMAS fera tout son possible pour répondre à cette demande, avec l'appui de la MONUSCO et de ses composantes, pour renforcer les capacités des forces de défense et de sécurité de la RDC, afin de faire face à cette menace sans cesse grandissante et qui a un terrible impact sur les populations civiles du Grand Nord, en particulier », explique Ilene Cohn.

La seconde piste de solution est de sensibiliser davantage les populations civiles aux dangers que représentent les engins explosifs improvisés et d'accroître ce qu'on appelle "l'éducation au risque des mines". En clair, les consignes de sécurité doivent désormais devenir l'exception et non plus la règle.

Désormais et depuis ces dernières années, il s'agit de réduire la menace à laquelle les civils sont confrontés par le biais d'un dialogue et d'une coopération avec les communautés locales, en mettant l'accent sur des actions telles que le déminage et l'assistance aux victimes.

« Nous travaillons sur l'éducation aux risques avec les populations civiles qui est très appréciée ici à Beni et dans le Grand Nord ; nous le faisons aussi dans toute la zone où la MONUSCO est déployée. Nous allons poursuivre ce travail, car c'est la population civile qui souffre le plus des menaces des engins explosifs improvisés et des conflits en général », a promis Ilene Cohn.

Besoin de financement et d'assistance

Cependant, la question des mines et autres engins explosifs au Congo demande des moyens conséquents. Si « UNMAS appuie le CCLAM, l'autorité nationale de lutte antimines, les organisations internationales ou nationales [malheureusement peu nombreuses] dans le renforcement des capacités, la facilitation d'accès aux standards et normes, l'accompagnement dans la rédaction des procédures opérationnelles permanentes, l'éducation au risque des mines, l'assistance aux victimes et le déminage », reconnaît Marion Ngavo, coordonnateur de l'ONG SYLAM/Nord-Kivu, Synergie de la lutte antimines, l'une des rares organisations actives dans ce domaine. Il souhaite cependant plus de soutien de la part d'autres partenaires, au vu de l'immensité des besoins.

« Aujourd'hui, il faut le reconnaître, il faut davantage d'efforts parce qu'il n'y a plus assez de financements auprès des partenaires pour exécuter les activités de sensibilisation, d'éducation, d'encadrement technique ou de déminage. On compte aujourd'hui une seule ONG opérationnelle dans le déminage qui s'appelle AFRILAM. Celles qui s'y essaient manquent de matériel et de moyens humains. Il y a eu des ONG commerciales, humanitaires, telles que Tdi, Mti, DCA... Mais ce sont des projets qui ne sont focalisés que sur des zones où leurs bailleurs veulent travailler. C'est pourquoi dans certaines zones, vous allez voir qu'on commence le travail dans des champs de mines, avec des explosifs de guerre signalés çà et là, cependant, à la fin du contrat, ces zones sont abandonnées et restent un problème pour la population », explique-t-il.

Appel urgent

D'où cet appel pressant à UNMAS et aux autres humanitaires de faire un plaidoyer pour davantage d'assistance : « Nous demandons à UNMAS, et à tous les autres partenaires de la lutte antimines, comme le CICR, le HCR, l'UNICEF..., de faire un plaidoyer pour qu'il y ait beaucoup plus d'organisations, d'équipes de déminage et de sensibilisation pour voir comment couvrir toutes les zones. On est plus sur la zone Est, où il y a la MONUSCO ; or, il y a d'autres zones où il n'y a plus la MONUSCO : Kasaï, Maïndombe, Tanganyika..., des zones où il y a encore des mines (accidents de guerre). Il y a au moins 31 zones qui ne sont pas encore déminées en RDC, à part neuf qui l'ont été depuis dix ans ».

La directrice de UNMAS au sein du Département des opérations de paix de l'ONU a visité jeudi 27 avril un camp militaire des FARDC à Mambangu dans les faubourgs de Beni-ville, où UNMAS a installé des conteneurs afin d'y stocker des armes et autres munitions. Là, elle a également assisté à la destruction de munitions, avant de quitter Beni pour Goma vendredi 28 avril.

UNMAS est une composante de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) depuis 2002. Elle est présente au sein des bureaux de la MONUSCO à Beni, Bukavu, Goma et Kinshasa, conformément à la résolution 2666 (2022) du Conseil de sécurité.

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