Congo-Brazzaville: Les souvenirs de la musique congolaise - Naissance, évolution et disparition de l'orchestre Bala-Bala (Suite et fin)

Les années 1970 et 1980 furent marquées au Congo par une prolifération des groupes musicaux. Hormis les orchestres professionnels et industriels, entre autres, Bantous de la capitale, Negro Band, Télé music, Hydro music, etc., qui occupèrent la sphère musicale nationale, l'on assista également à l'émergence des orchestres de la force publique dont l'un d'entre eux fut le groupe Bala-Bala de la police nationale.

La sortie officielle de l'orchestre Bala-Bala eut lieu au Bar Super Jazz, en 1977, devenu Temple rouge, siège de l'orchestre Super Boboto, au cours d'un méga concert organisé devant un public venu nombreux, constitué de civils et des éléments de la force publique.

Son épopée sera ponctuée par des prestations à Brazzaville, surtout au Mess mixte de garnison de Brazzaville et dans certains départements du pays. Des titres flamboyants tels que « B.Liboso » de Georges Kilebe, « Bala-Bala a welaka te » de Kimbembe Chamaley et « Code de la route » de Claude Alain Yakite (ancien chroniqueur à la Radio nationale), enregistrés au studio Vévé, à Kinshasa, n'ont pas été édités, dupliqués sur support vinyle, faute de producteur.

Au plan artistique, l'on retiendra que Bala-Bala excellait dans le style Bella-Bella des frères Soki de la République du Zaïre, à l'époque. Le titre emblématique « Code de la route », dont le timbre et le vocal correspondaient à celui de Soki Vangu, attira les frères Soki qui, un jour, accompagnés de Getou Salaye, épouse de Soki Vangu, et leur fille Zizina, débarquèrent à Brazzaville dans le but de solliciter le concours de Claude Alain Yakite pour qu'il aille monnayer ses talents dans l'orchestre Bella-Bella. Ce dernier déclina l'offre à cause de son état de fonctionnaire de l'Etat.

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1979 à 1983 marquèrent une période sombre de l'orchestre qui fut relégué au second plan par la Direction de la sécurité publique suite à la suppression du ministère de l'Intérieur. En 1986, Bala-Bala refait surface dans le gotha musical congolais et est pris en compte parmi les entités culturelles de la police nationale. D'où sa participation à toutes les activités culturelles organisées par l'Armée populaire nationale pour le compte de la police. Dans cette dynamique, l'orchestre enregistra son premier Album à l'Industrie africaine de disque. Sur dix enregistrements, six furent édités, à savoir « Yakako » de Jagger Mouanga, « Feveleso » de Georges Kilebe, « Bozin », « Ba botti » de Nina Milongo. Cet album n'a pas vraiment connu de succès par manque de distributeur et de sponsor.

Malgré cet échec, l'orchestre a poursuivi son idéal et enregistré un deuxième album en 1989 sous l'ère de Pierre Oba, alors directeur de la police nationale, composé des titres « Chérie Fatou » d'Ahmed Moupopo, « Azanga » de Sam Liworo, « Kiakou kiakou » d'Izo Akouala et « Chance ya la vie » de Jean Mopepe, dont le dernier titre a connu un certain succès.

Il sied de noter que l'arrivée en 1984 du lieutenant J. Aive Allakoua au sein du groupe apporta une plus-value.

L'avènement de la Conférence nationale souveraine en 1991, avec son corolaire de changements au plan politique, fut à l'origine de la disparition de l'orchestre Bala-Bala, suite à la suppression des organes politiques de l'Armée populaire nationale.

Comme tout soldat de retour d'une mission accomplie, certains musiciens du groupe, naguère sous-officiers, ont terminé leur carrière en qualité d'officiers, notamment les colonels Georges Kilebe, actuel préfet du département du Pool ; Yves Geérald Mboungou, ancien régisseur de la Maison d'arrêt de Brazzaville ; Ange Nina Debrida Milogo, ancien commandant de navire. D'autres, par contre, ont quitté la terre des hommes, en l'occurrence Ibela Ibel, Jean Moupepe, Fiacre Lembala, Maurice Koyo, Izo Akouala, etc.

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