Sénégal: 19 mesures phares pour la Campagne agricole 2023-2024

28 Avril 2023

Le Premier ministre a présidé, hier, un Conseil interministériel sur la campagne agricole 2023-2024. En optant de porter le financement à 100 milliards de FCfa, le gouvernement, selon le Premier ministre, veut davantage contribuer à la promotion de l'extension des cultures et à l'amplification des productions agricoles. Et pour cela, 19 mesures ont été prises.

Le Conseil interministériel sur la campagne agricole 223-2024, tenu hier, a abouti à des propositions concrètes qui seront mises en oeuvre rapidement par le gouvernement. Il s'agit d'une série de 19 recommandations. Le ministre de l'Agriculture, de l'Equipement rural et de la souveraineté alimentaire (Maersa), Aly Ngouille Ndiaye, a été engagé à prendre toutes mesures pour le démarrage effectif, en mai 2023, de la campagne agricole. Il a également été appelé à veiller à la mise en place des commissions de cession des intrants par les autorités administratives, au plus tard le 15 mai 2023. De même, il a été demandé à son ministère d'assurer le suivi régulier de la mise en place des intrants, du comportement phrénologique des cultures et de la commercialisation.

Le Premier ministre, Amadou Ba, a également invité M. Ndiaye à engager, en relation avec la Primature et le Ministre des Finances et du Budget, la procédure d'octroi des agréments pour la fourniture des semences et d'engrais. Ceci, tout en renforçant le programme de reconstitution du capital semencier et en réactualisant la carte variétale. Il devra aussi « proposer un schéma adéquat de commercialisation au profit des producteurs et de leurs coopératives, en accordant une attention spéciale à la situation des huileries » et « engager les moyens requis en vue d'intensifier la lutte contre les oiseaux granivores qui menacent les périmètres rizicoles dans la vallée du fleuve Sénégal ».

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Du matériel de dernière génération à répartir

Toujours dans le chapitre des recommandations, le ministre de l'Agriculture a été chargé de procéder à la cession, dans les meilleures conditions, du matériel agricole de dernière génération aux producteurs, récemment acquis par l'Etat. Parmi les recommandations, figurent aussi l'accélération de l'aménagement des périmètres rizicoles dans les vallées du fleuve Sénégal et de l'Anambé, avec l'intensification des activités de la Société d'aménagement et d'exploitation des terres du Delta (Saed) et de la Sodagri, la prise de mesures pour la mise en oeuvre des projets d'irrigation et de récupération des terres salées dans certaines zones de production (Tamba, Sédhiou, Ziguinchor, Fatick). Le ministre est aussi attendu pour « soumettre un dispositif préventif efficace de sauvegarde de la vocation agricole des Niayes et développer la culture du blé dans les zones favorables ».

Solder la dette des Ops

De son côté, le Ministre des Finances et du Budget devra « veiller à doter le Ministère de l'Agriculture de ressources suffisantes pour assurer le financement de la campagne agricole ». Il a également été invité à prendre des mesures nécessaires pour solder la dette des Opérateurs privés stockeurs (Ops) pour l'année 2021-2022, au plus tard fin mai 2023, et soumettre à validation un plan d'apurement de la dette de la campagne 2022-2023. Toutes ces recommandations, a assuré le Premier ministre, seront transmises au Président de la République, Macky Sall, lors du prochain Conseil des ministres pour validation.

La dotation budgétaire de la présente campagne a été portée à 100 milliards de FCfa par le Chef de l'Etat. Depuis l'avènement de la Covid-19 et de la crise russo-ukrainienne, a fait savoir Amadou Ba, le budget de la campagne agricole connaît une forte hausse, passant de 40 milliards en 2019 à 90 milliards de FCfa en 2022. « Cet effort du gouvernement a permis au secteur agricole d'atteindre des résultats importants dans la productivité et la production agricole », a-t-il laissé entendre.

Bond de 128 % de la production horticole

Quant à la production céréalière, elle est passée, sur la période 2011-2022, de 1.502.517 à 3.663.690 tonnes, soit une croissance de 144 %, selon le Premier ministre. Sur cette même période, a poursuivi Amadou Ba, la production d'arachide a augmenté de 30 % et celle des fruits et légumes de 128 %. Ces évolutions notoires relèvent, selon lui, de l'accroissement des rendements et des superficies cultivées mais surtout de l'effort consenti par l'Etat durant les campagnes agricoles à travers la subvention des intrants et du matériel agricole. La campagne agricole 2023-2024, a noté le chef du gouvernement, s'appuie sur la mise en oeuvre de la Stratégie nationale de souveraineté alimentaire (Sas), conformément à la volonté du président Macky Sall.

Plus de 40 milliards de FCfa pour subventionner les engrais

Pour la campagne agricole 2023-2024, l'enveloppe de 100 milliards de FCfa est répartie ainsi qu'il suit. Un montant de 40.065.797.500 de FCfa est prévu pour subventionner 180.500 tonnes d'engrais et 50.000 tonnes de phosphate contre 49.705.850.000 FCfa pour 167.265 tonnes en 2022-2023. La somme de 15.747.000.000 de FCfa sera consacrée aux espèces diverses comme le riz, le maïs, le niébé, le sorgho, le fonio, la pastèque, le manioc, le sésame contre 12.905.250.000 lors de la précédente campagne.

Le montant de 24.255.000.000 de FCfa seront affectés aux semences d'arachide, contre 14.412.790.000 FCfa, lors de la dernière campagne, neuf milliards pour la pomme de terre et 350 millions pour l'agriculture urbaine. Il s'y ajoute 455 millions de FCfa destinés au programme d'introduction de nouvelles cultures, 2,25 milliards de FCfapour la dette paysanne, 2,750 milliards de FCfa pour la protection phytosanitaire, 1.622.895.000 de FCfa pour matériel de culture attelée, 3.055.150.000 de FCfa pour un appui en intrants pour la culture de décrue et 100 millions de FCfa pour l'appui conseil.

Dans le cadre de l'appui budgétaire de la Banque africaine de développement (Bad), l'Etat s'est engagé à fournir 200.000 tonnes d'engrais. Sans compter l'acquisition de 3.000 tonnes additionnelles de semences de céréales, 2.000 tonnes de niébé et 8.000 tonnes de pomme de terre. Pour l'atteinte du Programme de compétitivité de l'agriculture et de l'élevage, 72.000 tonnes d'arachide devront être mobilisées. L'introduction de nouvelles cultures concerne le blé, le tournesol et les plants de palmiers à huile.

Si une hausse des prix a été notée pour les semences d'arachide, de maïs, de sorgho et de niébé, les prix de l'engrais ont cependant connu une baisse. Dans le cadre du programme d'acquisition de matériel agricole Intermaq d'un montant de 85 milliards de FCfa, il est prévu l'acquisition de 4037 unités pour les opérations culturales et post-récoltes (tracteurs, moissonneuses, remorques, charrues, semoirs), 512 matériels d'irrigation, la construction de 20 entrepôts frigorifiques de conservation des produits horticoles d'une capacité de 14.000 tonnes et 100 magasins de stockage d'une capacité de 100.000 tonnes.

Une production de 1.652.120 tonnes de riz paddy attendue

Avec les efforts consentis par l'Etat pour booster davantage le secteur agricole, de bonnes performances sont attendues. Selon les projections du ministère de l'Agriculture, une production de 1.652.120 tonnes de riz paddy est attendue, soit 46 % des besoins. Ce qui représente 35 milliards de FCfa en devises. Les perspectives sont aussi prometteuses pour le maïs, quelque 930.000 tonnes et 4500 tonnes de blé. Une hausse de 6 % est attendue pour la production d'arachide, 11 % pour le mil, 14 % pour le sorgho et 10 % pour le fonio. Des productions record qui viendront ainsi confirmer la bonne santé de l'agriculture sénégalaise.

Le Conseil interministériel a été l'occasion de faire le bilan de la précédente campagne. Un bilan jugé satisfaisant aussi bien dans la mise en place des intrants agricoles subventionnés que dans leur cession. Ainsi 81.425 tonnes dont 51.699 tonnes certifiées ont été cédées aux producteurs, lors de la dernière campagne.

Le défi de la répartition des semences

Concernant le matériel agricole, 660 unités motorisées dont 129 tracteurs et 67 motoculteurs ont été cédées. Pour la culture attelée, le ministère de l'Agriculture, en collaboration avec le Der/Fj, a mis 15.822 unités à la disposition des producteurs. Pour la campagne 2023-2024, l'Etat veut faire davantage. Une meilleure répartition des semences sera donc de mise. Selon les prévisions du ministère de l'Agriculture, la subvention des semences d'arachide devrait atteindre 24,255 milliards de FCfa contre 14,412 milliards en 2022-2023. Pour le riz, elle atteindra 6,6 milliards pour les 16.000 tonnes qui seront cédées aux producteurs contre 12565 tonnes lors de la précédente campagne. Pour le maïs, 4.500 tonnes seront distribuées en plus de 600 tonnes de semences hybrides, soit une subvention de l'ordre de 2,962 milliards de FCfa.

Il est aussi prévu la cession de 1800 tonnes de sorgho et de fonio, de 6750 tonnes de niébé et de sésame et 30 tonnes de pastèque. Il est également prévu 15.000 ha de bouture pour le manioc, une enveloppe de 9 milliards de FCfa pour la pomme de terre et une autre de 455 millions de FCfa pour les nouvelles cultures.

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