Le salon du livre de Tunis a ouvert ce vendredi 28 avril. Une édition marquée par un mouvement de colère des éditeurs. Plusieurs d'entre eux ont décidé de cesser leurs activités sur place suite à la fermeture du stand d'un de leurs confrères. C'est un livre, critique du président Kaïs Saïed, qui est au centre de cet incident.
À peine le président Kaïs Saïed a-t-il fini d'inaugurer le salon du livre qu'une nouvelle a fait le tour de la foire de Tunis en quelques minutes. « Il y a eu une décision de fermeture d'un stand d'un éditeur tunisien, explique Mohamed Riadh Ben Abderrazak, président de l'Union des éditeurs tunisiens. Ils ont retiré un titre et puis ils ont pris la décision de fermer le stand de l'éditeur. Sans aucune argumentation. »
Selon l'éditeur sanctionné, c'est le ministère de la Culture qui est à l'origine de cette censure. Signé du Tunisien Kamel Riahi, le livre en question s'intitule « Le Frankenstein de Tunisie ». L'ouvrage revient sur l'accession au pouvoir du président Kaïs Saïed. En signe de solidarité avec leur confrère censuré, plusieurs éditeurs tunisiens ont décidé de baisser le rideau aussi. Comme l'explique Bayrem Marzouk, lui-même éditeur. « Pour info, l'éditeur en question a un permis qui lui permet de vendre ce livre et le titre de cet ouvrage y figure. C'est une offensive contre le livre, tout ça pour une couverture sur laquelle on voit une caricature du Président, juste pour ça. Aujourd'hui, ce sont les éditeurs qui sont la cible, demain, ce sera vous, les journalistes. »
Certains éditeurs inquiets confiaient que cet épisode leur rappelait les pires heures de l'ère Ben Ali. Une censure qui risque d'être contreproductive. Sur les réseaux sociaux, de nombreux Tunisiens ont partagé la première de couverture du livre incriminée et cherchent désormais à se le procurer.
Salon du livre de Tunis. Les éditeurs décident de cesser leurs activités pour exprimer leur colère après que le stand d'un de leurs confrères a été fermé. Un livre critique du Président tunisien justifierait cette décision arbitraire selon leurs dires. Colère et peur mêlées ici. pic.twitter.com/clHf6ioOkg-- Amira Souilem (@amirasouilem) April 28, 2023