Madagascar: Des réserves pour servir de parc aux indigènes du Nord

Le président français Félix Faure signe, le 16 juillet 1897, deux décrets dont la mise en application est disposée dans l'arrêté 919 du 23 aout du général Joseph Gallieni. Cet arrêté vient compléter la circulaire 243 du 20 juillet 1897.

Ce dernier texte « dépossédait entièrement les indigènes de leurs terres ancestrales et les obligeait à émigrer vers d'autres régions ». Toutefois, on y lit aussi un paragraphe sur les Réserves pour les indigènes où il est question des raisons de cette décision. Voici l'explication donnée par le général Gallieni. « Vous n'êtes pas sans savoir quelles causes d'animosité entre colons et indigènes sont entretenues par les incursions du bétail sur les terres des colons. Vous devez donc réserver, pour les indigènes, des terrains assez vastes pour éviter des difficultés que je vous signale, et vous l'établirez d'après le chiffre des têtes de bétail qui sera indiqué par les fokonolona et la richesse des pâturages de la région ».

Pourtant, d'après Cassam Aly Ndandahizara, dans son ouvrage Ambalavelona ou l'insurrection anticoloniale dans le Nord-Ouest de Madagascar en 1898, les colons abusent de ces recommandations du gouverneur général pour s'emparer, par autorité et par force, des boeufs des Malgaches. Ils utilisent pour ce faire, des Antemoro, gardiens de leurs concessions, pour prendre les boeufs qui pâturent à proximité de celles-ci et les poussent à l'intérieur.

« De fait, les animaux devenaient la propriété de leurs patrons. » Les Malgaches émigrent alors vers les montagnes avec leurs troupeaux. Le mont Tsaratanàna devient le refuge des Sakalava du Sambirano. Ils y rencontrent les Antankarana de la plaine de la Mahavavy et les Tsimihety de la région d'Ankaizina. Tous sont aussi victimes des nouveaux venus appelés colons. Ces derniers ont pour noms Lesueur, Creux, Courtois, de Rougemont, Mersannes, Castel, Giraud, Millot, Desloy, Bras, Gourbel, Bleusez, Ardoin, etc.

Un arrêté du gouverneur général Gallieni, le N°1110, en date du 4 novembre de la même année, organise et met en place les services de la Conservation foncière. Un autre texte du même jour, le N°1111, crée à Antsiranana et à Nosy Be des bureaux de sous-conservation foncière. Dans ces agences, doivent s'effectuer l'immatriculation des immeubles, la constitution des titres de propriétés, la conservation des actes relatifs aux immeubles et l'inscription des droits et charges sur les propriétés immatriculées.

Quant aux sous-conservateurs, ils sont désignés par l'arrêté N°1136 du 16 novembre 1897. Il s'agit de Vally à Antsiranana et Durand à Nosy Be. « Le raz-de-marée des colons ne s'arrêtent pas seulement aux noms cités plus haut, l'Ankaizina, la Mahavavy et le Sambirano qui sont vantés comme les contrées les plus riches de Madagascar. » La baie d'Ampasindava offre également des ressources que l'on ne peut trouver nulle part ailleurs.

Selon Paul Locamus, dans son livre intitulé « Vingt ans de séjour à Madagascar», l'Ankaizina est le grand réservoir qui fournit des boeufs à la consommation de toute la partie Nord de Madagascar. Les plaines de la Mahavavy et du Sambirano contiennent des troupeaux de plus de dix mille têtes de bétail. En outre, la volaille abonde partout, les fruits s'y récoltent à profusion. « On peut dire que c'est la région de Madagascar où tout navire peut, le plus facilement, se ravitailler», écrit l'auteur de l'ouvrage. Paul Locamus souligne d'ailleurs que c'est une erreur d'avoir fait d'Antananarivo, la capitale, une autre d'avoir développé la ville de Toamasina, toutes les deux étant « des villes factices appelées à disparaitre ».

Il poursuit que c'est aussi une erreur d'avoir fortifié Diego-Suarez, une autre d'avoir construit le bassin de radoub, etc. En réalité, précise Cassam Aly Ndandahizara, Paul Locamus ne voit que la baie d'Ampasindava et des masses de colons le suivent dans ce sens. De ce fait, le Nord est la région la plus colonisée de Madagascar et « Paul Locamus est le bénéficiaire de la plus vaste concession de la Grande ile, attribuée par le nouveau président français, Émile Loubet ».

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