Tandis que les combats entre l'armée et les paramilitaires au Soudan entrent ce samedi dans leur troisième semaine, Washington a évacué plusieurs centaines de ses ressortissants vendredi 28 avril. De son côté, Moroni organise le rapatriement des ressortissants comoriens avec l'aide de l'Arabie saoudite.
Un convoi de bus transportant environ 300 Américains a quitté vendredi Khartoum pour la mer Rouge. Le périple de plus de 400 kilomètres a lieu sous la protection de drones américains, rapporte le New York Times. Washington n'avait jusqu'ici évacué que son personnel diplomatique. L'opération avait lieu le week-end dernier, par hélicoptères. Les autres ressortissants américains étaient orientés vers les vols décollant de Khartoum affrétés par les alliés de Washington.
Avant que les violences n'éclatent il y a deux semaines, 16 000 Américains étaient encore dans le pays, selon les médias américains, la majorité aurait la double nationalité. Depuis, seuls quelques centaines d'Américains ont quitté le Soudan, selon les chiffres donnés vendredi 28 avril par le département d'État qui, à l'origine, ne prévoyait pas d'évacuations de civils américains, parlant d'un nombre de demandes de départ trop faible.
D'autres pays parmi lesquels la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon ou encore l'Inde avaient quant à eux commencé l'évacuation de leurs populations civiles il y a plusieurs jours. Londres a d'ailleurs indiqué arrêter ce samedi matin l'évacuation de ses ressortissants, après le départ depuis mardi de 1 500 d'entre eux d'un aéroport au nord de la capitale.
Un contingent comorien en route pour Port-Soudan
Les Comores organisent également le rapatriement de leurs ressortissants. C'est le témoignage d'une étudiante au Soudan en début de semaine qui a mis Moroni face à ses responsabilités, rapporte notre correspondant à Moroni, Abdallah Mzembaba. « Je veux que vous sachiez que si on meurt ici, vous aurez notre mort sur votre conscience », disait-il. Depuis, une opération complexe de rapatriement des 243 étudiants comoriens bloqués à l'Université africaine de Khartoum a été mise en place, grâce à l'entremise de Riyad, via Port-Soudan et l'Arabie saoudite.
Les autorités comoriennes, égyptiennes et saoudiennes ont collaboré pour permettre cette opération, mais Moroni a dû organiser le transport des étudiants en bus de Khartoum jusqu'à Port-Soudan. « Nous espérons que les enfants seront accueillis dans les heures qui viennent. Mais nous avons aussi rassemblé les enfants de l'océan Indien, ceux des Comores et ceux de Mayotte évidemment, on a aussi quatre Malgaches », a déclaré Dhoihir Dhoulkamal, ministre comorien des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse vendredi 28 avril.
Après des jours d'angoisse, l'heure est désormais au soulagement pour les familles. « On avait beaucoup d'inquiétude. C'est normal. Quand les enfants entendaient exploser les bombes, ils nous disaient : "papa, maman, c'est maintenant que je vais mourir" », témoigneAnissa Soilihi, dont le fils étudie au Soudan.
L'ambassadeur comorien en Arabie saoudite s'apprête à se rendre à Riyad avec 70 passeports destinés à des Comoriens qui étaient également au Soudan, mais sans leurs papiers. Les autorités comoriennes demandent à leurs ressortissants de revenir à Moroni avant de repartir s'ils le désirent, et non de rester en Arabie saoudite.
Depuis le 15 avril, les combats ont fait plus de 500 morts et 4 000 blessés. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres déplore la poursuite des combats au Soudan.