Afrique: Arrêt définitif du championnat national

Le miroir du football de la République démocratique du Congo renvoie une image méconnaissable d'un pays jadis géant sur le continent avec deux trophées de la Coupe d'Afrique des nations (CAN), sans compter les trophées africains en clubs remportés par Mazembe, V.Club et Daring Club Motema Pembe (DCMP), et aussi deux trophées continentaux du Championnat d'Afrique des nations (Chan). Si le palmarès est élogieux et envieux, l'organisation de la pratique du football, en interne, est en totale déliquescence.

Aujourd'hui, la Ligue nationale de football (Linafoot), organe sub-délégataire de la Fédération congolaise de football association (Fécofa), s'est officiellement déclarée incapable de poursuivre l'organisation des championnats nationaux de Ligue 1 et 2, à l'arrêt depuis décembre 2022, avant la fin de la phase aller. Alors que des démarches ont été menées pour le redémarrage, les dirigeants des clubs engagés en Ligue 1 et 2 et réunis au sein de l'Association des dirigeants de football du Congo (ADFC) ont finalement pris l'option de ne pas poursuivre la compétition, convaincus par le secrétaire général à la Confédération africaine de football (CAF), Veron Mosengo, à l'issue d'une réunion. Ils ont donc approuvé l'idée de la CAF via son secrétaire général.

«La Linafoot nous a confié qu'elle peut avoir 300 000 dollars pour la poursuite du championnat. Et la Fécofa, de sa part, dit avoir 500 000 dollars, soit 800 000 dollars américains, pour finir rien que la manche aller. La CAF nous a alors peint un tableau plus avantageux, quant à concentrer cette somme pour la saison prochaine », a confié Max Mokey Nzangi, président du FC MK club vainqueur de la Coupe du Congo en 2013 et engagé en Ligue 2.

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«Avec l'actuelle formule, les clubs sont essoufflés et le secrétaire général de la CAF,Veron Monsengo, l'a compris. Il nous a, d'ailleurs, félicités au vu des sacrifices que nous consentons pour faire déplacer nos clubs. Ainsi, nous avons tablé sur une nouvelle formule du championnat pour la saison prochaine, et il se peut que nous revenons à la série des zones », a-t-il ajouté.

A la conférence de presse du 25 avril, à Kinshasa, Veron Mosengo a affirmé : « Ce championnat coûte cher. Il faudra revoir son organisation pour que tous les matches démarrent au début pour un pays continent comme le Congo au lieu de terminer seulement la phase aller ». Il a poursuivi : « J'ai appris que c'est le gouvernement qui finance le transport des clubs au championnat.

C'est quelque chose qu'on doit saluer, remercier le président de la République et son gouvernement. Le Congo c'est comme un continent, on m'a appris que le vol le plus long, c'est deux heures du temps, c'est comme partir du Portugal à l'Oural. Il faut réfléchir sur un autre format du championnat. Je demande au gouvernement, maintenant qu'il y a de nouveaux dirigeants à la Fécofa, de mettre des règles strictes pour vérifier les contributions de l'Etat à la Fédération. C'est facile, beaucoup de pays le font. Au Sénégal, le gouvernement paie directement les prestataires de la Fédération ».

La décision de l'arrêt définitif du championnat n'est pas sans conséquence par rapport aux clubs devant représenter le pays aux prochaines compétitions africaines interclubs de football. En fait, on va reconduire carrément les clubs ayant disputé ces interclubs cette saison, notamment le champion du Congo en titre, l'AS V.Club, le Tout-Puissant Mazembe, le DCMP et le FC Saint-Eloi Lupopo, au grand dam de l'AS Maniema union, postée à la troisième position du championnat avant l'arrêt définitif.

La Fédération internationale de football association (Fifa) n'a donc pas supporté de voir le football du pays dépérir, envoyant une équipe pour tout révolutionner, en commençant par la Fécofa. Secrétaire général de la CAF, Veron Mosengo est en fait l'arme que l'Instance mondiale du football a utilisée pour tout changer. Il connaît bien le football de son pays, aujourd'hui en totale déchéance, avec une Fécofa amorphe qui ne pèse plus depuis plusieurs années sur le plan continental.

Rappelons que le Comité exécutif (Comex) de la Fécofa a été en fin de mandat depuis plus de deux ans et n'a jamais montré la volonté d'organiser les élections pour son renouvellement. Après la suspension de l'ancien président, Constant Omari, par la Fifa, le comité intérimaire présidé par Donatien Tshimanga a été l'ombre de lui-même, englué dans la désorganisation, ne pouvant prendre en charge la gestion des sélections nationales de football, dont certaines ont loupé la participation à des compétitions internationales.

Aussi, la gestion des Léopards A, par exemple, a été récupérée par le ministère des Sports sous Serge Chembo Nkonde. « La Fécofa, et avec elle le football congolais, se trouve dans une situation irrégulière, malsaine et de blocage que les instances supérieures du football ne peuvent laisser perdurer au sein d'une de leurs associations membres », a déclaré Veron Mosengo en conférence de presse, le 25 avril.

La Fécofa sans projet de développement

L'on apprend, par exemple, que la Fifa a mis en place le projet de développement « Fifa forward » dans l'optique d'apporter son soutien à toutes les fédérations (associations) membres. Et chaque année, l'instance mondiale du ballon rond accorde une ligne budgétaire à chacune de ces fédérations, mais à condition que le bénéficiaire de l'appui financier apporte un « projet de développement » du football dans son pays. « Depuis 2016, la Fifa garde toujours un montant de 11 445 000 dollars pour la République démocratique du Congo, car la Fécofa n'a jamais présenté un projet de développement pour absorber ce fonds mis pourtant à sa disposition », a laissé entendre un analyste du football national.

Pourtant, les besoins sont immenses au pays. De plus, les projets de développement censés être réalisés par la Fécofa cadreraient avec les exigences de Zurich. Il s'agit des infrastructures, du développement et du renforcement de compétences, des compétitions, des équipes nationales et autres subventions, et d'autres projets du genre. Sur les 11 445 000 dollars d'allocation cumulée de 2016 à 2022, le total des fonds approuvés n'est que de 6 795 000 dollars. Clairement, la Fécofa a évolué depuis sans projet pour le développement du football congolais.

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