Ile Maurice: Décès suspect de Megna Pothiah - Ses parents ont tout essayé pour l'extraire de l'enfer de la drogue

Somee Pothiah, un habitant de Plaine-des-Gersigny, Flacq, vient d'enterrer sa fille, Megna, morte dans des circonstances bouleversantes. Admise à l'hôpital à la suite d'une énième agression par son compagnon, le 22 avril, elle est morte quelques heures plus tard.

Somee Pothiah pleure sa fille, qui avait sombré dans la drogue. Il avait promis à son épouse de toujours prendre soin de leur fille et de tout tenter pour l'en extraire. Il avait réussi à la faire mettre sous traitement de méthadone. Mais la violence entre partenaires intimes aurait eu raison d'elle.

Pour ses proches, la raison qui a entraîné Megna Pothiah dans la tombe est la drogue. Cette dernière, âgée de 31 ans et vivant à Bel-Air-Rivière-Sèche, a rendu l'âme à la suite d'une hémorragie du pancréas. Quelques jours avant sa triste fin, elle avait été admise à l'hôpital à la suite d'un nouvel épisode de violence domestique mais elle a fini par signer le formulaire de Discharge Against Medical Advice et est repartie chez elle. Ses proches ont rapporté l'affaire à la police et quatre hommes ont été arrêtés avant d'être relâchés. Aujourd'hui, les proches de la jeune femme crient à l'injustice et pleurent la mort de cette dernière. Les funérailles de Megna Pothiah ont eu lieu lundi.

Le 15 avril dernier, elle a été battue par l'homme dont elle partage la vie depuis maintenant trois ans en compagnie des proches de ce dernier. Elle s'était rendue à l'hôpital et lorsque les médecins l'ont examinée, ils ont constaté qu'elle avait subi plusieurs fractures. Refusant d'être admise, elle a signé le formulaire pour pouvoir regagner son domicile. Le samedi le 22 avril, à la suite d'une autre agression, aux alentours de 8 heures, elle s'est présentée au domicile de son frère. Elle se tordait de douleurs et a été transportée à l'hôpital. Cette fois-là, elle n'a pu éviter l'admission tant son état était grave. La jeune femme a poussé son dernier soupir dimanche, aux petites heures du matin.

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Le même jour, la Criminal Investigation Division de Bel-Air-Rivière-Sèche a procédé à l'arrestation de son compagnon, du frère de ce dernier et de deux autres individus. Trois des suspects sont déjà fichés à la police. Au cours de leur interrogatoire respectif, ils ont nié avoir agressé la jeune femme et ont été autorisés à rentrer chez eux. Ils doivent cependant rester à la disposition des policiers pour les besoins de l'enquête.

Lorsque nous avons rencontré le père de la jeune femme, Somee Pothiah, il revenait du cimetière où la dépouille de sa fille a été inhumée et il était ravagé par le chagrin. «Je l'ai mis à côté de sa mère, décédé 14 mois plus tôt. Quelques jours avant que la mort ne l'emporte, cette dernière m'avait fait promettre de tout faire pour sortir notre fille de l'étau de la drogue. Elle avait tout tenté de son côté pour y parvenir et à sa mort, j'ai repris le flambeau.

Et je crois que j'y étais parvenu. Mais cela me fait mal de l'avoir perdue dans des circonstances aussi atroces. Elle ne méritait pas une mort aussi cruelle», pleure le vieil homme. La jeune femme, qui était toxicomane depuis environ six ans, était effectivement parvenue, avec l'aide de son père et de quelques proches, à se sevrer après avoir commencé le traitement à base de méthadone, il y a environ un an.

«Mo ti pren contact avec centre Bouloux, Cassis, ek mo finn amenn li laba. Li ti pe lager larzan la drogue, soit Rs 200 avec moi, pou li al drogue. Monn amenn li dans centre, monn assize ar li sans manger sans boire. Monn bizin compte sou pou sou pou paie transport pou nou retourne lacaz. Et avec led bann responsables centre Bouloux ek impe fami, monn fine reussi tire mo tifi dan la drogue. De son côté, elle avait pris la décision de se sevrer et avait alors commencé à prendre dela méthadone», confie Somee Pothiah.

Ce dernier, qui n'arrive pas à contenir ses émotions, explique que la drogue n'a pas détruit que sa fille mais également chaque membre de leur famille. «Li pa ti fasil seki nou finn vivre. Avec ma fille, j'ai connu tous les coins et les recoins, là où on peut acheter de la drogue. C'est un fléau qui détruit de nombreuses familles. Il faut que le gouvernement aborde ce sujet avec plus de sérieux et plus de sévérité,» lâche-t-il.

Malgré son addiction, Megna Pothiah était une jeune femme populaire dans la localité. Elle était souriante et avait une bonne relation avec ceux qui l'ont côtoyée. «Li ti enn bon tifi», soulignent ses voisines. Elle avait commencé à travailler dans un magasin et était très sérieuse dans son travail.

Au niveau de la police, une source indique que l'enquête est toujours en cours et que des prélèvements ont été effectués et envoyés au laboratoire à des fins d'analyses.

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