Ile Maurice: Longues procédures - La charge provisoire contre Ivann Bibi rayée après deux ans

Ivann Bibi faisait face à une accusation provisoire depuis le 12 mars 2021 pour avoir «unlawfully and knowingly transmit a false message».

Le message posté sur son compte Facebook et échangé aussi sur WhatsApp avertissait le public d'une éventuelle imposition d'état d'urgence sous prétexte du Covid- 19. Il a, à travers son avocat Me Désiré Dian, demandé la radiation de ces charges car cette accusation, supposément provisoire, durait trop longtemps et les preuves n'étaient pas assez solides contre lui.

Interrogé à ce propos lors de l'audience de la semaine dernière, l'enquêteur de la police répondra qu'il attend l'aide d'Interpol pour identifier la voix d'Ivann Bibi, sans préciser depuis quand il a fait cette demande, ni combien de temps il fallait attendre encore pour avoir la réponse d'Interpol. Pour justifier le retard en général mis par la police pour boucler l'investigation, l'enquêteur parlera alors de la nécessité d'identifier tous les profils qui ont commenté le post en question. Combien de ces 36 profils qui avaient commenté le post la police a-t-elle pu identifier depuis mars 2021 ? lui a demandé l'avocat d'Ivann Bibi. Réponse du policier : «Aucun», jugeant utile d'ajouter «il est difficile d'identifier ces profils». Combien de temps la police prendra-t-elle pour le faire ? «Je ne sais pas.»

Quant à la question de savoir si Ivann Bibi avait mis ce post mensonger en connaissance de cause, Me Dian rappelle qu'il incluait la phrase «Li paret vrai, mé res a konfirmé». Pour cela, la magistrate C. K. Paupoo-Nilamber, qui présidait l'audience, a conclu qu'Ivann Bibi ne peut être accusé d'avoir posté le message «knowingly» puisqu'il avait lui-même ajouté qu'il n'était pas sûr de ce qu'il avançait. Elle a donc ordonné l'arrêt de la procédure pour une deuxième raison : l'enquête ne semble pas avoir été conduite avec diligence et personne ne sait quand elle sera bouclée.

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Policiers dégoûtés

On a noté dernièrement que la police déclare souvent en cour que l'enquête prend du temps. Ces affaires concernent surtout des «high-profile cases». Est-ce pour essayer de maintenir la personne accusée en détention ou sous le coup d'une accusation provisoire ? Un haut gradé des Casernes centrales nous donne une autre explication. «Ces affaires politiques nous embêtent. Si un chef veut bien porter des accusations farfelues contre certains opposants politiques pour faire plaisir à quelqu'un au pouvoir, les autres policiers qui doivent travailler sur le dossier ne veulent pas toujours se mouiller et traînent les pieds. Nous sommes beaucoup à être dégoûtés de la conduite de ces chefs.»

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