À quelques heures des rassemblements en ce 1er mai, plusieurs personnes s'interrogent face à l'émergence du nouveau sous-variant XBB.1.16. Si en conférence de presse, samedi, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a joué la carte de l'assurance, les spécialistes de la santé, eux, préfèrent adopter la carte de la vigilance : se protéger lors des rassemblements ou bien tout simplement ne pas y aller...
Éviter de créer la panique pour rien. C'est ce qu'a déclaré le ministre de la Santé à l'issue d'une conférence de presse, samedi. Certes, le nouveau sous-variant XBB.1.16, aussi connu sous le nom d'«Arcturus», est présent à Maurice. «Il est plus contagieux mais moins sévère», a précisé le ministre. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas se rassembler, aujourd'hui, en marge des meetings du 1er Mai. Kailesh Jagutpal dénonce ceux qui demandent de ne pas se réunir en cette journée, visant surtout les membres de l'opposition. «Nous sommes responsables quand il s'agit de la santé de la population.» Raison pour laquelle il recommande de continuer la vaccination contre le virus.
Justement, tâtons le pouls auprès des membres de l'opposition. Karen Foo Kune, députée du MMM et responsable du dossier de la santé au sein du parti, avance que le Covid-19 n'est jamais parti. «Certes, ce virus évolue et le nouveau sous-variant est plus contagieux. Du fait qu'il est plus transmissible, il y aura plus de personnes qui seront admises dans les hôpitaux. Donc, il ne faut pas faire tomber les masques. Bien au contraire, il faut prendre des précautions.» Selon elle, il ne faut pas affoler la population, surtout si les restrictions sanitaires sont de nouveau appliquées. «On sait comment cela a affecté le monde du business pour ne citer que cela.» En tout cas, la députée mauve espère que ce sous-variant ne deviendra un prétexte pour renvoyer les élections municipales. «A deux reprises, le gouvernement les a renvoyées. Tous les prétextes sont bons.»
Par contre, le député du Parti travailliste, Farhad Aumeer, est plus tranchant dans son analyse. Se référant à ce que les histoires du passé nous ont appris, surtout en parlant du Covid-19. «En mars 2020 quand on a su qu'il y avait une émergence en Chine et quand on a pressé le bouton d'alerte, nous avons dit à ce ministre de la Santé qu'il fallait porter le masque et garder les distances, en somme prendre les précautions, il a dit qu'il n'y avait rien à craindre.». Et par la suite, l'on a eu une souche appelée le Covid-19 à Maurice. «On a eu les effets, les conséquences, les difficultés économiques, sociales, médicales, touristiques, bref dans tous les secteurs.»
Donc, pourquoi prendre un risque de contagion alors qu'il peut être évité, se demande le responsable du dossier santé au sein du PTr. «Il n'y a pas d'urgence pour rassembler les gens. Et dans une semaine, on va venir avec des règlements qui verront les enfants porter le masque, ou encore être à 50 dans un autobus ou encore une dizaine dans les supermarchés. Parce qu'à ce moment, il n'y aura aucun enjeu politique.» Il est catégorique. «Pour moi, les rassemblements sont une source de contagion que ce soit faible ou fort. Il faut se protéger, pas seulement aux meetings du 1er Mai. Les rassemblements doivent être évités ou alors il faut porter un masque.» Pour de ce qui est de ce nouveau sous-variant, il n'y a pas suffisamment de données pour savoir s'il est plus contagieux, et faire des comparaisons avec les autres pour le moment, avance notre interlocuteur.
«Ce nouveau sous-variant est plus transmissible. Et ce n'est plus comme au début de l'épidémie» considère le virologue Shameem Jaumdally. La seule solution contre ce virus, c'est de respecter les gestes barrières, comme porter le masque, éviter la foule, ou encore les rencontres avec plusieurs personnes. Quid des rassemblements du 1er-Mai ? «Tant que cela se tient en plein air, il y a moins de risque. Il y a une certaine aération, et l'espace entre les personnes. Le contact n'est pas vraiment prolongé avec une personne infectée.» Mais le danger, avec ce type d'événement, c'est le folkore mauricien. Il s'explique : «Les gens seront ensemble dans les autobus, ils vont manger et boire ensemble et ne porteront pas le masque. Ce partage comporte un risque. Et cela pourrait même faire augmenter les cas plus vite.» En tout cas, il préconise que ceux qui font des tests antigéniques et qui s'avèrent être positifs de respecter l'isolement. «Surtout éviter d'avoir contact avec les personnes âgées ou encore celles qui ont des comorbidités.» Il ajoute qu'une personne qui est de nouveau infectée par le virus risque de rencontrer des complications cardio-vasculaire. «Le Covid-19 vient avec un fort taux d'inflammation. Donc prenez vos précautions.» Il demande ainsi d'éviter les grandes manifestations. Surtout en cette période où les cas sont à la hausse.
Arcturus, le nouveau nom à retenir
Les médias étrangers en parlent. Le sous-variant XBB.1.16 aussi appelé «Arcturus» a été classé par l'Organisation mondiale de la santé «sous surveillance», en raison de ses multiples mutations. Toutefois, aucun signe n'indique à ce stade qu'il implique des formes particulièrement sévères de la maladie, avance le site santé.lefigaro.fr. Il est aussi précisé qu'Arcturus est à l'origine d'un rebond viral en Inde, avec environ 11 000 nouveaux cas signalés chaque jour. Le port du masque dans les lieux clos est même d'actualité. Selon les médecins indiens, les signes qui démontrent qu'une personne a été atteinte par le virus sont un rhume et une toux, une forte fièvre, mais aussi des «yeux collants» et une «conjonctivite qui démange» chez les enfants. «Les experts de la santé ont également précisé que les enfants obèses, asthmatiques ou immunodéprimés seraient plus vulnérables à ces infections virales», précise le journal Times of India.