Une centaine de civils et quarante militaires ont été tués depuis les premières attaques djihadistes fin 2021 dans le nord du Togo, a déclaré le président Faure Gnassingbé dans une interview.
La région septentrionale du Togo, tout comme celles du Bénin et du Ghana subissent des attaques et des incursions des groupes djihadistes qui prospèrent au Burkina Faso, et qui cherchent à descendre vers le Sud.
Dans un entretien à la télévision privée, New World TV, à l'occasion du 63e anniversaire de l'indépendance du Togo, le président Faure Gnassingbé est revenu sur la situation sécuritaire dans le nord du pays.
Le Togo déterminé à y faire face
"Nous avons payé un prix lourd, notamment les forces de défense et de sécurité qui ont perdu à peu près une quarantaine d'hommes et malheureusement, des victimes civiles qui viennent s'ajouter, à peu près une centaine de victimes civiles".
La moitié des civils tués ne sont pas des Togolais, a-t-il souligné, alors qu'au moins 27.000 Burkinabè ont trouvé refuge au Togo ces dernières années. Le président Faure Gnassingbé a admis que la lutte contre les incursions djihadistes sera longue.
"Les Togolais doivent s'attendre à un combat long et avec des périodes de drame, c'est inévitable. Mais je peux assurer mes compatriotes que nous obtiendrons la victoire. Nous sommes déterminés", a-t-il martelé avant d'ajouter que les forces armées togolaises enregistrent déjà des victoires sur le front.
S'il n'échappe plus aux attaques, le Togo n'a toutefois pas encore cédé aucune portion de son territoire aux groupes djihadistes qui écument les zones frontalières avec le Burkina Faso.
"Aujourd'hui, ce qui nous arrive est une forme d'agression par deux organisations terroristes qui attaquent notre pays et ces attaques sont une forme de guerre. Mais nous avons une obligation, c'est de défendre notre pays", a déclaré Faure Gnassingbé.
Dans sa sortie, le président togolais a mis l'accent sur les stratégies mises en place par son pays, dont l'opération Koundjoaré, lancée en septembre 2018 dans le nord du pays pour faire face aux menaces djihadistes, mais qui a "changé de posture".
La stratégie togolaise
"C'était une posture préventive d'abord, après défensive et maintenant, de temps en temps, nous sommes aussi à l'offensive", a précisé Faure Gnassingbé, expliquant que la stratégie de son pays pour éviter les attaques terroristes n'est pas uniquement militaire.
Les autorités togolaises, qui ont décrété l'état d'urgence sécuritaire dans la région septentrionale, ont annoncé l'année dernière consacrer 430 milliards FCFA sur les trois prochaines années à la défense, notamment pour faire face aux nouvelles contingences sécuritaires.
La stratégie du Togo a aussi une dimension sociale avec la mise en oeuvre de différents projets de développement en faveur des populations, notamment les plus vulnérables, a ajouté le président togolais.
La région des savanes, la plus exposée à la menace terroriste et la plus pauvre du pays, fait l'objet d'un programme d'urgence de développement dont le montant est estimé à plus 16 milliards de francs CFA (24.400 000 euros).
Selon les autorités togolaises, des forages doivent être creusés, des lampadaires solaires installés et des unités de soins périphériques sont également planifiées. Les hôpitaux existants devraient voir leurs moyens renforcés et des pistes rurales sont en chantier pour désenclaver la zone.