La réalisation d'infrastructures routières est un défi pour l'Afrique. Selon Abdoulaye Diarra, ingénieur en transport à la Banque africaine de développement (Bad), les besoins en financements sont estimés entre 68 et 108 milliards de dollars. Il se prononçait en marge de la Conférence inaugurale du Trophée Babacar Ndiaye, The Africa Road Builders, organisée vendredi dernier Dakar.
Les pays africains affirment de plus en plus leurs ambitions de développement. Des infrastructures routières occupent une place de choix dans cette ambition ; ce qui représente un réel défi, d'après Abdoulaye Diarra, ingénieur en transport à la Banque africaine de développement (Bad). « Les besoins en financements en Afrique sont estimés entre 68 et 108 milliards de dollars par année, selon la déclaration du président Adesina à la Conférence de Dakar sur les infrastructures », a-t-il indiqué. Pour lui, la Bad ne cesse de soutenir la réalisation d'infrastructures dans les différents pays. Ainsi, la Bad, a-t-il rappelé, consacre, chaque année, deux milliards de dollars aux infrastructures vu le défi énorme.
« Par exemple, au Sénégal, nous accompagnons le développement de projets, tels que l'autoroute Dakar-Saint-Louis avec une contribution de 166 millions d'euros. Sans oublier notre engagement pour la réalisation de la deuxième phase du Ter », a cité Abdoulaye Diarra. À côté de la réalisation d'infrastructures, les défis du continent, à ses yeux, sont la mobilisation de plus de financements pour les projets d'intégration régionale, la mise en place de mécanismes performants pour la durabilité des investissements, l'application intégrale du règlement 14 au niveau communautaire, la baisse du nombre de blessés ou de décès par accident de la route, ainsi qu'une forte implication du secteur privé.
Hormis la réalisation d'infrastructures, les États sont également confrontés à la problématique de l'entretien routier. Au Sénégal, cette tâche est confiée, en partie, au Fonds d'entretien routier autonome (Fera). Cette structure est financée à partir de la Taxe à l'usage routier (Tur) prélevée sur le prix du litre de carburant. Pour le responsable administratif et financier, Pierre Sène, cette question mérite d'être prise en charge. Il y va, à son avis, de la pérennité des routes. « Les infrastructures sont d'une importance capitale. Au-delà de la réalisation, l'entretien est un aspect fondamental. Il permet d'éviter les accidents, de réduire le temps de parcours et les coûts d'exploitations. Du coup, les finances publiques sont soulagées », a diagnostiqué M. Sène.
PRIX BABACAR NDIAYE, THE AFRICA ROAD BUILDERS Le Président malgache Andry Rajoelina, lauréat de l'édition 2023
Lancé en 2016, en Zambie, le Trophée Babacar Ndiaye, The Africa Road Builders, est à sa huitième édition. La Conférence inaugurale s'est tenue vendredi dernier à Dakar. À l'issue de cette session, le vainqueur du trophée 2023 a été annoncé. Il s'agit du Président malgache Andry Rajoelina. Cette récompense tient particulièrement en compte la livraison de la rocade d'Iarivo, autoroute périphérique de la ville d'Antananarivo, symbole des infrastructures de mobilité durable avec notamment l'intégration de voies piétonnes et cyclistes aux côtés des voies motorisées. Avec ses arrêts de bus sécurisés et ses points de dépôt d'ordures pour un meilleur ramassage, cette route, à en croire le comité de sélection, est résolument au service de la population. En décernant ce prix, ledit consacre aussi l'agrandissement de l'aéroport d'Ivato qui prend en compte les personnes à mobilité réduite, en améliorant les parkings, ainsi qu'une signalisation piétonne désormais bien visible. L'autre motif de satisfaction mis en exergue est le renforcement des connectivités de transport en milieu rural. Une infrastructure qui augmente indubitablement la productivité agricole et améliore l'économie et la vie des populations.
L'organisation de la conférence inaugurale à Dakar est un choix judicieux, d'après le Commissaire général du Trophée Babacar Ndiaye, The Africa Road Builders, Barthélémy Kouamé, par ailleurs Directeur d'Acturoutes, magazine ivoirien dédié au secteur des infrastructures et des transports. « Le Sénégal a toujours été une terre d'accueil pour cet événement. C'est le berceau du président Babacar Ndiaye », a salué M. Kouamé. La famille du parrain a pris part à la Conférence. Pour Djibril Ndiaye, son fils, il s'agit d'un honneur pour cet homme du pays et de l'Afrique. « Avoir un trophée Babacar, voici la plus belle récompense pour que notre continent puisse aborder dignement l'esprit de compétition que le développement exige et plus particulièrement dans ce paradigme d'économie de marché et de mondialisation tous azimuts », a-t-il souligné. Djibril Ndiaye se dit témoin « des moments durs de travail de l'homme investi d'une mission et engagé pour que l'on parle de l'Afrique avec déférence ».
Parrain de ce prix, Babacar Ndiaye est un Sénégalais né à Conakry en 1936. Il a fait 30 ans à la Banque africaine de développement (Bad), dont 10 ans en tant que président (1985 et 1995). Sous son magistère, la Bad a pu être notée AAA en 1984. Il a fait bondir le capital de la Banque de 200 % en 1987 pour passer à 23,4 milliards de dollars. En remportant l'édition 2023, le Président malgache Andry Rajoelina succède à la Présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan. Le trophée lui sera remis en marge des Assemblées annuelles de la Bad prévues du 22 au 26 mai à Sharm el Sheikh, en Égypte.