Pas un jour ne se passe en Tunisie sans que la mer ne charrie de nouveaux corps. Les garde-côtes ont effectué cinq fois plus d'interceptions en mer au premier trimestre 2023 que l'an dernier. Tout s'est aggravé depuis le discours raciste du président Kaïs Saïed sur la présence de migrants dans le pays et la situation inquiète au plus haut point ses partenaires européens.
Cinq fois plus d'interceptions en mer au premier trimestre 2023 que l'an dernier... Les chiffres des garde-côtes tunisiens donnent la mesure du drame qui se joue au large des côtes tunisiennes, depuis le début de l'année. C'est désormais par dizaines que se comptent les corps repêchés chaque semaine. Plus de 200 cadavres reposent à cette heure dans la morgue de l'hôpital de Sfax dont la capacité est à présent très largement dépassée. Un projet de construction de cimetière dédié aux cadavres rejetés par la mer est dorénavant envisagé dans la région.
Depuis le discours du président Kaïs Saïed, assimilant la présence en Tunisie de milliers de ressortissants de pays d'Afrique de l'Ouest et centrale à un projet criminel visant à modifier l'identité supposée arabo-musulmane de la Tunisie, les départs de Subsahariens se sont multipliés.
Discours raciste et crise économique
Certains ont hâté leur départ vers l'Europe et d'autres ont décidé de prendre la mer pour ne pas avoir à rentrer au pays. Quant aux Tunisiens, la crise économique et politique qui secoue leur pays depuis des mois désespère une frange de la population qui dit parfois préférer la mort que de rester dans un pays qui, selon eux, n'offre plus aucun horizon. La période de l'Aïd - considérée comme plus relâchée en termes de surveillance des côtes - est également propice à ce genre de départs.
Si les raisons qui poussent à quitter la Tunisie sont variées, l'inquiétude des Européens et notamment des Italiens - en première ligne de ces arrivées - est la même, à savoir celle de voir le nombre de ces départs augmenter encore plus, à la faveur des beaux jours qui arrivent et d'une situation économique et sociale qui s'enliserait.