Afrique: Bon vent d'Asie?

tribune

À l'heure où la diplomatie internationale n'en finit pas de balbutier, sur le conflit russo-ukrainien peut-être que l'espoir d'une solution négociée viendra d'Asie. Initiatrice d'un plan de paix en douze points dévoilé en février dernier, la Chine ne faiblit pas dans sa volonté d'obtenir une trêve entre Kiev et Moscou.

Dans le contexte extrêmement tendu de l'annonce de cette offre de paix, les chancelleries en Europe et aux Etats-Unis étaient restées dubitatives, voire sceptiques. En partie du fait de la position officielle de Beijing dont le voeu de neutralité revendiqué sur ce conflit est diversement commenté.

Pour une bonne partie de l'opinion internationale, la Chine n'ayant pas condamné « l'opération spéciale » du Kremlin en Ukraine est jugée trop proche de la Russie pour jouer les médiateurs impartiaux. Mais l'Empire du milieu estime, pour sa part, qu'il n'y a pas et il n'y aura pas de solution militaire à cette guerre qui dure depuis plus d'un an et désarticule les circuits de l'économie mondiale en plus de rendre le climat international volatil.

Le 26 avril, pour montrer que son pays n'a pas abandonné son projet de rapprocher les vues entre les deux belligérants, Xi Jinping a échangé par téléphone avec son homologue ukrainien, Volodimyr Zelensky. Le président chinois l'avait promis lors de sa rencontre avec le chef de l'Etat russe, Vladimir Poutine, à Moscou, mi-mars. Cette fois, les réactions à la conversation téléphonique entre les deux dirigeants ont été globalement positives.

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À Washington, Berlin et Paris notamment, on estime qu'une initiative de paix dans le moment présent est la bienvenue, à condition d'être juste et équitable. A vrai dire, le problème de fond auquel la Chine sera confrontée dans la mise en oeuvre éventuelle de son plan de paix est sans doute celui de l'équité. Dans la situation actuelle, pour Moscou, au même titre que la Crimée passée sous son giron en 2014, les quatre territoires annexés en septembre dernier seraient devenus sa propriété inviolable. Kiev est de son côté déterminé à en reprendre le contrôle coûte que coûte.

Peut-être que quand toutes les cartes seront posées sur la table et le médiateur mis en confiance par les deux ennemis, ce souffle de paix venant de Chine aidera à érafler le rideau de fer qui se dresse à nouveau insidieusement entre l'Est et l'Ouest. Mais comme les raisons de s'égratigner et de se détester ne manquent pas chez les « Grands », la question se pose de savoir si les enjeux stratégiques qui sont continuellement au coeur des politiques extérieures de ces derniers ne constituent pas l'obstacle le plus difficile à franchir par Beijing.

Pourtant, et c'est ici que nous prenons une bonne pause dans cet exposé, du côté de Kiev comme du côté de Moscou, sans doute même de celui de nombreux « adhérents » des deux camps opposés, la belle expression de la langue de Molière datant du siècle des Lumières, encore moyennement audible pour l'instant, fait son petit bonhomme de chemin : de guerre lasse ! Pour s'en convaincre, regardez attentivement la mise de ceux qui se battent sur le terrain, ou se gargarisent dans les médias. Ils vous le disent sans l'avouer : de guerre lasse ! Car toutes les guerres lassent.

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