En Côte d'Ivoire, le majestueux pont à hauban de Cocody, avec ses airs de Kora malienne, est en passe de devenir un symbole de la ville d'Abidjan. Une grève des ouvriers pourrait toutefois perturber la fin des travaux.
Après avoir cessé le travail pendant 48 heures cette semaine, les ouvriers du pont de Cocody annoncent leur intention de reprendre la grève. Ils réclament le versement d'une prime de fin de chantier. Un soudeur, casque jaune sur la tête, dénonce le recours aux contrats journaliers et la nature de ces contrats élaborés par trois entreprises d'intérim. « Le contrat lui-même est archi-faux, reproche-t-il. Il est écrit sur le bulletin de paie : un congé repos. On ne le fait pas. Pour l'assurance CNPS [la Caisse nationale de prévoyance sociale, NDLR], on nous prélève à chaque paie, mais les numéros sont faux ».
Les ouvriers disent ne pas avoir accès à la CNPS et regrettent l'absence de prise en charge des accidentés du travail. « Ils ont inventé des comptes CNPS qui n'existent pas. Lorsqu'on veut se faire soigner, ça ne passe pas. Lorsqu'un ouvrier est blessé, il est livré à lui-même, c'est lui-même qui prend tous ses soins en charge ».
Selon une fiche de paie que nous avons pu consulter, les ouvriers sont rémunérés 5 500 francs par jour pour dix heures de travail quotidien. Ils font appel au président de la République. « Monsieur Alassane Ouattara, nous sommes prêts à t'accompagner en tant que jeunesse de BTP, mais il faudrait que tu saches que les entreprises de sous-traitance nous traitent mal. Ils nous trainent comme des animaux. On ne peut pas nous prendre comme esclaves dans notre propre pays. »
La livraison du pont de Cocody accuse un retard de deux ans, en raison notamment de la crise sanitaire. Il pourrait être ouvert à la circulation à la fin du mois de mai, quatre ans après le début des travaux.