La gingivite est une inflammation des gencives qui peut être provoquée par un manque d'hygiène à l'origine d'une accumulation de plaque dentaire. Elle est généralement légère et peut être traitée avec un brossage et un nettoyage plus fréquents. Si la gingivite n'est pas traitée, elle peut évoluer en une maladie plus grave appelée parodontite. Le chirurgien-dentiste, Salama Yabré, donne plus de précisions sur la pathologie.
Qu'est-ce que la gingivite ?
La gingivite est une maladie inflammatoire d'origine bactérienne qui n'affecte que le parodonte superficiel, gencive, sans atteindre ou détruire les structures parodontales profondes. En effet, la gencive fait partie d'un ensemble plus vaste qu'on appelle parodonte. Le parodonte est l'ensemble des tissus qui entourent et soutiennent la dent. La gencive est l'élément le plus superficiel des tissus de soutien de la dent. Toutes les pathologies atteignant le parodonte (y compris la gencive) sont appelées maladies parodontales.
On définit alors deux principales formes de maladies parodontales : les gingivites localisées à la gencive, très souvent réversibles, c'est-à-dire s'il y a prise en charge précoce, on peut repartir à l'état initial et les parodontites, l'atteinte des tissus profonds c'est-à-dire l'os, le desmodonte et le cément. Le signe pathognomonique des parodontites est la perte d'attache, la perte osseuse. Contrairement aux gingivites, les parodontites sont irréversibles. En général, la parodontite se développe à partir d'une gingivite préexistante. Cependant, toute gingivite ne se transforme pas forcément en parodontite.
Quels sont les facteurs de risque de la gingivite ?
Un facteur de risque est un facteur pouvant influencer l'apparition et le développement de la maladie constituant de ce fait un agent causal. La cause principale de la gingivite, ce sont les bactéries de la plaque dentaire (dépôt blanchâtre autour des dents) qui est différente du tartre (dépôt calcifié, dur : ce que les gens pensent que ça renforce la dent). Ces bactéries vont induire l'inflammation au niveau de la gencive. La gencive qui, au départ, a l'aspect rose piqueté en peau d'orange devient lisse et rouge vif. On peut citer comme facteurs de risque: l'âge, le tabagisme, les facteurs génétiques, le diabète, le VIH, la malnutrition, la prise de certains médicaments, le stress psychosocial.
Il a été montré que des sujets anxieux sont plus fréquemment atteints de maladies parodontales. Les chocs psychologiques semblent accentuer les atteintes parodontales. Au sujet de l'âge, on peut retenir la gingivite prépubertaire. Le taux de prévalence des formes agressives de maladies parodontales est deux fois plus élevé chez les adolescents. En effet, les taux élevés d'oestrogène et ou de progestérone au cours de la grossesse, de l'adolescence ou les patients sous contraceptifs peuvent augmenter considérablement une inflammation gingivale préexistante.
On parlera de gingivite de la grossesse, de la puberté, de la ménopause. Certaines formes de déficience nutritionnelle peuvent également influencer le devenir de l'inflammation gingivale.Pour le tabagisme, les maladies parodontales sont significativement plus sévères chez les fumeurs. La prise de certains médicaments comme les anti-épileptiques peuvent engendrer des perturbations de la physiologie du parodonte. Ce qui va favoriser la prolifération gingivale, son inflammation.
Le diabète, syndrome métabolique complexe, est positivement associé à la destruction des tissus parodontaux. Des études ont mis en évidence une plus grande incidence et une plus grande sévérité des atteintes parodontales chez les diabétiques. Les mal positions dentaires qui rendent l'accès difficile à l'hygiène, vont favoriser l'accumulation de plaque bactérienne qui va déclencher la maladie. Il est important de se faire aligner les dents. Le VIH, caractérisé par une réduction de la réponse immunitaire, aura des manifestations cliniques comme les aphtes, la gingivite ulcero-necrotique, etc.
La cavité buccale est le milieu de vie de bactéries protectrices et de bactéries pathogènes. La pathologie va s'installer devant toute situation de déséquilibre permettant la prolifération des bactéries pathogènes. La mauvaise hygiène, reste la principale cause de l'inflammation gingivale. D'où l'importance de la visite régulière surtout pour les gens atteints de pathologies chroniques. La visite peut se faire une fois l'an. Cependant, le suivi est fonction de la motivation du patient et de la réponse tissulaire. Il arrive qu'un patient soit vu plusieurs fois l'an.
Comment se manifeste la gingivite ?
Elle se manifeste par des saignements spontanés ou provoqués lors du brossage, la gencive devient rouge vif ; la mauvaise haleine, prurit gingival ; l'oedème, des douleurs et ou sensibilité gingivale. Ce sont entre autres les signes qui doivent alerter et motiver une consultation.
Quelles peuvent être les complications de la gingivite ?
Les complications possibles de la gingivite sont entre autres les parodontolyses (noma), endocardite infectieuse. Aussi le faible poids à la naissance ou des accouchements prématurés ont étés associés à certaines formes de maladies parodontales, d'où l'importance de les prendre en charge précocement c'est à dire au stade de gingivite.
Quels sont les conseils pour une bonne prise en charge de la gingivite ?
Une bonne prise en charge de la gingivite passe d'abord par un bon brossage des dents au moins 2 fois par jour avec priorité au brossage de la nuit. Un détartrage est souvent nécessaire pour juguler l'inflammation. Dans certains cas, une prescription précède ou accompagne le détartrage. Les études épidémiologiques montrent que les maladies parodontales constituent un problème de santé publique majeur dans pratiquement toutes les régions du monde.
Le tableau de la morbidité évolue partout rapidement, en particulier chez les populations défavorisées et socialement marginalisées. Heureusement, divers moyens thérapeutiques existent avec comme but de recréer des conditions environnementales compatibles avec un état de santé parodontale, assurant le maintien de la dent en bouche. D'où le plaidoyer pour la prise en compte de la santé orale comme priorité dans nos politiques de santé.