Burkina Faso: SNC 2023 - Ousséni Ouattara, artiste plasticien, expose sur l'intégrité burkinabè

Artiste plasticien, expert en masque africain et en polychromie, Ousseni Ouattara cumule avec son frère jumeau, Assane, 22 ans d'expérience dans le domaine des masques. Ils fabriquent des copies des masques ethniques ou en créent d'autres contemporains. En marge de la 20e édition de la Semaine nationale de la Culture (SNC), les frères jumeaux exposent une collection de masques sous le thème de la probité, clé du retour de la paix au Burkina Faso. Ousséni Ouattara nous a reçu le lundi 1er mai à la Villa rose, site qui héberge cette exposition, pour nous expliquer leur rapport aux masques et le concept qui se dégage dernière le choix de ce thème d'exposition.

Une certaine conception en Afrique estime que les jumeaux sont habités par des génies qui leur donnent un certain mystère. Ousseni Ouattara ne saurait dire si c'est ce mysticisme qui explique leur amour pour les masques ou s'il faut retourner dans leur enfance. Enfants, son frère jumeau Assane et lui ont toujours assisté à la sortie rituelle des masques à Bobo Dioulasso et adoraient passer du temps dans les maisons sacrées à Diébougou dans le Sud-Ouest où ils ont fait l'école primaire.

Leur passion pour les oeuvres d'art pourrait venir de ce contexte où ils ont grandi. Avec l'âge, ils ont appris auprès des forgerons à confectionner les masques et se sont mis à en créer eux-mêmes à partir de symboles qui leur sont propres. Et depuis maintenant 22 ans, à partir de leur atelier situé dans la cour familiale au secteur 11 de Bobo Dioulasso, quartier Colma ils laissent libre cours à leur passion et font voyager la culture burkinabè à travers le monde.

En marge de la 20e édition de la biennale de la culture, les jumeaux font une exposition grandeur nature de masques (copies de masques ethniques burkinabè et créations contemporaines propres) qui exalte la fierté burkinabè. L'exposition placée sous le thème de la « Probité des masques et statues du Burkina Faso » a été intégrée dans le programme officiel de la Semaine nationale de la Culture (SNC) et accueille des visiteurs depuis le samedi 29 avril jusqu'au samedi 6 mai 2023.

Tout visiteur qui fait un tour à la Villa Rose, site de l'exposition, pourra contempler les masques Flêdalo, qui magnifie la parenté à plaisanterie entre Peuhls et Bôbô, la Bufflesse, symbole de bataille et de sagesse, Bamba, le crocodile, l'autel de culte familial... avec les frères Ouattara à côté pour en expliquer les symboliques.

Chacun a une responsabilité à assumer

« L'intégrité est un bien précieux, un Burkinabè sans son intégrité n'est rien. Les choses doivent ressembler à leur nom », explique Ousseni Ouattara par rapport au concept de l'exposition. Le parallèle avec la situation du Burkina Faso est vite fait et l'artiste plasticien invite à promouvoir inlassablement cet héritage pour qu'il reste ancré en chaque Burkinabè.

Et dans cette optique, il estime que les Burkinabè doivent respecter l'ordre des choses. « Le respect est la colonne vertébrale de l'intégrité, une qualité de laquelle découle toutes les autres. Le respect va donner naissance à l'amour et l'amour va créer la paix. Ce respect c'est à la maison qu'il faut le cultiver, avec le voisin, avec les collègues de service, même quand c'est difficile », insiste-t-il.

Le frère Ouattara est très affligé par le contexte sécuritaire du Burkina Faso, toutefois il soutient que le pays a fait face à une crise encore plus grave lorsqu'il a été dissout et ses territoires partagés à ses voisins : « La plus difficile des choses c'est quand on te dit que tu n'existes pas, c'est la pire des humiliations. Mais ça a été surmonté, le pays a été reconstitué en 1942. Faisons tout pour le léguer à la prospérité sans anicroche ».

Du haut de leurs 25 ans d'expérience, les deux artistes formulent des propositions sur les valeurs que chacun devrait développer pour réussir à endiguer cette crise : la solidarité, la tolérance et un moral blindé. Le maître-mot demeure toujours l'intégrité. Une intégrité vraie, pas celle qui se clame à la lumière des projecteurs. Et chaque Burkinabè doit assumer sa responsabilité, souligne l'artiste.

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