Congo-Kinshasa: Fabrice Mukala - « 'Bu muetu' est une illustration de la vie, des us et coutumes »

interview

Arrêt sur la pièce de danse traditionnelle du chorégraphe du Ballet national à l'occasion de la Journée internationale de la danse, célébrée le 29 avril. Egalement professeur de danse africaine moderne et d'art dramatique à l'Institut des arts du spectacle de Kinshasa, Fabrice Mukala, dans cette interview exclusive au Courrier de Kinshasa, parle du spectacle dont il a assuré la mise en scène et créé la chorégraphie.

Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Bu muetu est une pièce de danse traditionnelle originale, captivante dont vous êtes l'auteur. Peut-on savoir ce que cela veut dire ?

Fabrice Mukala (F.M.) : Bu muetu est une expression ciluba qui se traduit de manière littérale par Lolenge ya epayi na biso en lingala et Comme cela se passe chez nous en français. Il s'agit de nos habitudes, nos us et coutumes.

L.C.K. : Qu'est-ce qui vous a motivé à réaliser une création aussi riche qui revisite l'ensemble des cultures congolaises ?

F.M. : Pour la petite histoire, Bu muetu était une commande de spectacle de l'Institut français pour accompagner un vernissage de l'Institut du musée national du Congo sur la thématique de l'art au quotidien, en se fondant sur les oeuvres artisanales congolaises. C'est de là qu'est partie la création de la pièce Bu muetu.

L.C.K. : De manière assez résumée, pourriez-vous expliquer à nos lecteurs ce que Bu muetu met en relief dans les us et coutumes congolais ?

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F.M. : Dans Bu muetu, nous peignons la République démocratique du Congo (RDC) en passant dans chacune de ses provinces mais à travers certains us et coutumes spécifiques de quelques tribus. Ainsi, dans le cas du Haut-Katanga à la danse hemba, est ajouté un accessoire qui la particularise, à savoir le fameux Mombonda Gécamines, le conduit de fumée de la cheminée de la Gécamines que l'on sait reconnaître.

C'est autour du Mombonda Gécamines que les danseurs katangais exhibent leur danse. Et, de leur côté, les Luba dansent le mutuashi en accompagnement du fufu fumant préparé directement sur la scène avec une botte de feuille de manioc. Sur le champ, sont vantées les vertus desdites feuilles, les racines qui constituent le manioc et dont la farine entre dans la préparation du fufu. Chez les Tetela, c'est le plat loponga la djese, riz et pondu, qui a été mis en exergue. Comme accessoire, il y a le grand tamis de riz avec lequel les danseurs ont joué et dansé.

Chaque scène de Bu muetu est une illustration de la vie, des us et coutumes, du quotidien des peuples d'une contrée spécifique de notre pays. C'est un spectacle qui n'est pas seulement centré sur la danse, il renvoie aussi à certaines de nos traditions, les sambole ou les proverbes en ciluba, lingala, kikongo et swahili. Les sambole rappellent les jeux au clair de lune, les devinettes à l'Africaine qui participent au quotidien. Bu muetu renvoie à tout cela.

L.C.K. : En combien de temps Bu muetu décrit tout cet univers traditionnel de la RDC ?

F.M. : Le spectacle entier se joue en une heure. Un extrait de quinze minutes permet déjà d'en avoir un aperçu général captivant qui donne envie de voir l'intégralité. La réaction du public au lancement de la saison du Théâtre national en dit long.

L.C.K. : Un spectacle de l'envergure de Bu muetu est réalisé avec combien d'artistes ?

F.M. : Ce spectacle est tellement ouvert qu'il peut faire participer une trentaine d'artistes, voire quarante à cinquante car la thématique est très ouverte. En réalité, la RDC ne peut pas se décrire en une heure du temps. C'est un exercice que de le faire. Si l'on veut vraiment peindre tout le pays avec ses 450 tribus, une heure du temps c'est insignifiant.

L.C.K. : Combien de temps vous a pris la création de Bu muetu ?

F.M. : Au départ, à la commande, nous n'avions eu que deux semaines pour tout mettre en place, ce fut deux semaines de travail intense. En temps normal, quinze jours de création du matin au soir, c'est déjà bon, c'est le minimum de temps nécessaire. Mais avec moins de pression, la création va au-delà de quinze jours.

Du reste, le temps de la création dépend de la conception du spectacle. Certains metteurs en scène ou chorégraphes peuvent exiger trois semaines, un ou trois mois, voire même six mois. Tout dépend de la matière qui est développée. Pour Bu muetu , quinze jours de travail intense ont suffi.

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