L'Union européenne met fin au pont aérien humanitaire qu'elle avait lancé début mars pour acheminer du matériel à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). La région fait face depuis plus d'un an à un conflit entre l'armée et la rébellion du M23. C'était pour répondre à l'urgence humanitaire que l'Union européenne avait annoncé la mise en place de ce pont, qui a comptabilisé sept vols de fret.
Au total, selon l'Union européenne, ce sont près de 260 tonnes de fournitures essentielles qui ont été acheminées à Goma depuis le début du mois de mars : principalement des médicaments, des tentes et du matériel médical. Plusieurs acteurs humanitaires ont pu bénéficier de ce transport par voie aérienne, ce qui leur a permis d'augmenter plus rapidement les capacités de réponse à la crise humanitaire que vit la région du Nord-Kivu. Un ravitaillement en sérum oral a notamment permis de faire face à l'afflux des cas suspects de choléra dans les camps de déplacés.
Sept avions, dont quatre financés directement par la France, se sont ainsi posés sur le tarmac de l'aéroport de Goma. Le dernier est arrivé ce vendredi 28 avril. S'il confirme qu'il n'y aura pas de huitième vol, l'ambassadeur de l'UE en RDC, présent pour cette dernière rotation, ajoute que le soutien des 27 se poursuit. En effet, pour lui, l'effort doit désormais se porter sur le transport de cette aide dans des zones plus reculées de la province, notamment dans les territoires du Rutshuru et du Masisi.
« Des communautés abandonnées »
Au début du mois d'avril, l'ONG Médecins sans frontières avait déjà alerté sur la difficulté de ravitailler certaines de zones où elle a des activités et où de nombreuses structures médicales étaient à court de médicaments. « On a l'impression que les communautés ici ont été abandonnées », regrettait alors Monique Doux, coordinatrice de projet pour MSF à Rutshuru. « Depuis des mois, MSF est la seule organisation humanitaire présente dans le territoire de Rutshuru, mais les besoins des habitants dépassent largement notre capacité de réponse », avait-elle ajouté.
Pour répondre à une partie de ces besoins, les hélicoptères de l'agence humanitaire européenne Echo vont être mis à contribution. Une flotte repeinte en orange pour éviter d'être prise pour cible par les groupes armés, comme cela a déjà le cas auparavant. Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait pris la même précaution, il y a quelques jours, avant de reprendre ses rotations dans la province : « Les hélicoptères orange sont un symbole de paix pour les travailleurs de première ligne, afin qu'ils puissent atteindre ceux qui en ont le plus besoin », avait déclaré Peter Musoko, Directeur national du PAM en RDC.
Avec la fin de ce pont aérien, l'Union européenne annonce aussi l'octroi d'une aide de 32,7 millions d'euros pour l'action humanitaire en RDC. Une enveloppe qui s'ajoute aux 45,7 millions déjà promis en début d'année.
Pour Jean-Marc Châtaigner, l'ambassadeur de l'UE en RDC, ce sont aérien est un succès.