Dans l'est de la RDC, des milliers de déplacés du camp de Rhoo, dans la province de l'Ituri, sont privés d'accès aux soins de santé.
Dans le camp de déplacés de Rhoo en territoire de Djugu, dans la province de l'Ituri, Mave Ruth doit être opérée de l'appendicite mais elle se trouve dans l'impossibilité de rejoindre l'hôpital de Drodro, situé à une dizaine de kilomètres, en raison de l'insécurité. Les déplacés ont fui les attaques des miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codéco), mais la présence de la milices aux environs de l'hôpital de la ville de Drodro leur coupe désormais la route vers cet établissement de santé.
" Ça fait deux mois que je souffre de l'appendicite, je ne peux pas me rendre à l'hôpital de Drodro, la route est coupée par les miliciens" explique Mave Ruth.
Plusieurs centaines d'autres personnes vivant dans ce camp de déplacés, ont elles aussi besoin de soins médicaux, certaines de manière urgente.
Une faible fréquentation
Le docteur James Semire, médecin directeur de l'hôpital de Drodro, explique que le taux de fréquentation des malades a diminué, passant d'une centaine à seulement une dizaine par jour.
"L'hôpital n'est pas trop fréquenté, ce ne sont que quelques cas en ambulatoire qui viennent pour les soins la journée et puis le soir, les gens se retirent vers le camp. En tout cas, on n'atteint pas facilement dix malades par jour car ils ne peuvent pas se déplacer au niveau de Drodro car la région est encore peu sûre" précise-t-il.
Cette situation affecte plus les femmes, les enfants et les personnes âgées. Les difficultés d'accès aux soins ont des conséquences parfois dramatiques.
"J'avais un enfant qui souffrait de la malaria et de douleurs au ventre. Il fallait l'amener d'urgence à l'hôpital et comme Drodro est inaccessible, nous avons choisi d'aller à l'hôpital de Bule. Malheureusement mon enfant est mort en route. Nous vivons vraiment dans les difficultés" explique Joséphine Musingo.
Une exhortation
Le docteur James Semire souhaite que l'Etat permette aux déplacés qui sont malades de rejoindre son hôpital.
"Que l'état face son travail de rétablir la paix, les gens ont droit à avoir accès à des soins appropriés dans un endroit qui est préparé pour ces soins, qui est l'hôpital" exhorte le médecin.
L'hôpital général de Drodro offrait jusqu'alors des soins gratuits à plus de 80.000 déplacés, grâce notamment à l'intervention des organisations humanitaires. Mais ceci n'est plus possible depuis que les miliciens de la Codéco contrôlent la route qui permet de s'y rendre.