Ile Maurice: Roupie digitale - Vers une réduction du coût des transactions

Le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, a parlé, lors de la conférence «The Future of Central Bank Money in a Digital World», de sa décision que la roupie numérique ne serait pas rémunérée via des gains sur les taux d'intérêt, et a assuré qu'il veillera à ce que les banques commerciales continuent à être pleinement impliquées dans le projet de la «Central Bank Digital Currency».

Une innovation qui remporte l'adhésion de 90 % des banques centrales dans le monde, selon le Fonds monétaire international (FMI), l'introduction d'une monnaie digitale de banque centrale à Maurice est également en bonne voie d'application, avec la phase pilote prévue pour novembre 2023. Comment fonctionnera cette roupie digitale dans le contexte mauricien ?

Lors de son discours à l'occasion de la conférence «The Future of Central Bank Money in a Digital World» du FMI et de la Banque mondiale, le gouverneur de la Banque de Maurice (BoM), Harvesh Seegoolam, a signifié qu'il avait été décidé que la roupie numérique ne serait pas rémunérée via des gains sur les taux d'intérêt, afin de gérer les risques pour la politique monétaire et la stabilité financière. De plus, la BoM veillera à ce que les banques commerciales continuent à être pleinement impliquées dans le projet de la Central Bank Digital Currency (CBDC).

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En effet, une monnaie digitale non rémunérée agit simplement comme un remplacement de la monnaie physique, mais est soutenue par la Banque centrale, permettant des transactions plus simples et sans coûts intermédiaires, même pour un utilisateur qui n'a pas de compte en banque. Pour illustrer, il s'agit d'un portefeuille virtuel sur votre téléphone, qui ne nécessite donc pas d'avoir un compte bancaire.

La BoM récupère votre monnaie physique et vous l'avez sur votre téléphone. Lors d'une transaction, il n'y a également pas de coût supplémentaire lié aux frais d'opération d'une banque intermédiaire, donc, aucun pourcentage de commission n'est retenu. Dans ce cas, il s'agit plutôt d'une substitution de la monnaie physique, impliquant donc un faible taux de retrait des dépôts bancaires, en faveur de la monnaie numérique.

Selon une étude du FMI sur l'élaboration de la CBDC par la Banque centrale mauricienne, si un volume important d'utilisateurs ayant de petites sommes en dépôt décide de retirer leur argent en faveur de la CBDC, cela pourrait au contraire rééquilibrer la situation, les banques commerciales devant probablement ajuster les taux d'intérêt sur les dépôts.

S'il existe plusieurs formes de CBDC, la monnaie numérique rémunérée existe également. Il s'agit d'une substitution à la monnaie physique, mais aussi d'une forme d'investissement, car elle est rémunérée sur la base d'un taux d'intérêt préalablement fixé, ce qui la rend plus attrayante du point de vue de la plus-value. En revanche, cela affecte le niveau des dépôts dans les banques commerciales, et donc, le niveau des dépôts à la Banque centrale également.

Si la CBDC est rémunérée, elle devient donc une arme de plus dans la politique monétaire, agissant comme des obligations, mais cela implique que la Banque centrale aura également besoin d'honorer ces engagements, donc, plus de risques et des conséquences potentielles sur l'efficacité du nouveau cadre de politique monétaire. «À la BoM, nous avons adopté une approche prudente lorsque nous nous sommes lancés dans l'aventure des CBDC. Au cours de la phase préliminaire, à la mi-2020, la Banque était en contact avec des experts de différentes unités du FMI qui ont permis de renforcer les capacités analytiques et technologiques de notre équipe», explique Harvesh Seegolam.

«Il s'agit d'une substitution de la monnaie physique, impliquant un faible taux de retrait des dépôts bancaires en faveur de la monnaie numérique.»

S'il est important que Maurice soit présente dans cette course mondiale de l'innovation, il ne faut pas perdre de vue nos urgences actuelles, comme l'efficacité de la politique monétaire dans la lutte contre l'inflation et le besoin d'autres mesures en soutien. Car finalement, si nous voulons à terme que la CBDC soit plus qu'une simple substitution à la monnaie physique et qu'elle intéresse davantage les utilisateurs, il nous faut, pour commencer, être capables de soutenir son application dans des activités de fintech où elle pourra être utilisée, sans accentuer la pression sur le marché et aggraver la situation inflationniste. Donc, oui pour l'innovation, mais restons tout aussi concentrés sur nos urgences immédiates

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