Depuis quelques jours, le Sénégal est sous la menace d'une épidémie de fièvre Crimée Congo. Un décès a été enregistré la semaine dernière pour le compte de cette année tout comme l'année précédente. Une situation qui a amené le ministère de la Santé et de l'action sociale à activer le Centre des opérations sanitaires d'urgence qui a démarré les investigations sur le terrain aboutissant à la détection de 84 cas contacts.
Ces années précédentes, les cas de Crimée Congo se déclarent très souvent dans le pays. Rien que pour l'année 2022, cette pathologie qui se manifeste sous la forme hémorragique a fait son apparition dans le pays quatre fois dans les localités de Tambacounda, Matam et Podor selon le ministère de la santé et de l'action sociale et avait causé la mort d'un malade hospitalisé dans la région de Saint Louis, localité de Podor, contrairement aux autres cas qui ont été guéris. Cette année encore, voilà que le Sénégal enregistre un autre décès de cette maladie.
Le patient était pris en charge à l'hôpital Dalal Jam de Guédiawaye. Le prélèvement envoyé par ledit hôpital à l'Institut Pasteur de Dakar a été confirmé positif et les sources du ministère de la santé parlent de 84 cas contacts dans le cadre de l'investigation. Dans la prise en charge de cette pathologie, le plan de riposte a été confié au Centre des opérations d'urgence sanitaire (Cous) qui va assurer la coordination. Cependant, il faut faire remarquer que depuis l'annonce d'un décès à cause du Crimée Congo, aucun autre cas confirmé n'a été noté ou encore notifié par les sources hospitalières.
Face à cette situation, la psychose monte chez les populations qui craignent d'autres cas avec l'annonce de cas contacts. Toutefois, le ministère par le biais du département de surveillance épidémiologique rassure : «il y a un bon dispositif de surveillance de ces maladies hémorragiques. Il y a un système avant-garde de surveillance qui permet de détecter la maladie de façon précoce même à l'état pré-hémorragique et de prendre en charge le patient».
Les manifestations de cette maladie sont similaires au paludisme dans sa phase de déclaration selon les spécialistes de la maladie. Ainsi, ils estiment qu'avec l'annonce de l'hivernage synonyme de recrudescence des cas de paludisme dans les structures de santé, c'est la période de prédilection de ces fièvres hémorragiques virales qui ont presque les mêmes manifestations et le plus souvent, qu'on ne peut pas différencier du paludisme à moins de faire un prélèvement et d'envoyer au laboratoire pour le confirmer.
Soulignons que la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) est une maladie courante provoquée par un virus (Nairovirus) de la famille des Bunyaviridés, transmis par les tiques. Il provoque des flambées de fièvre hémorragique virale sévère, avec un taux de létalité de 10 à 40%. Selon l'Organisation mondiale de la santé, elle est endémique en Afrique, dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Asie, dans les pays en deçà du 50ème degré de latitude nord, limite géographique de la principale espèce vectorielle, une tique.
A ce jour, il n'existe pas de vaccin, ni pour l'homme, ni pour l'animal. L'Oms a avancé aussi : « les hôtes de la FHCC comprennent un grand nombre d'animaux sauvages et domestiques, parmi lesquels les bovins, les moutons et les chèvres». La transmission à l'être humain se fait soit par les piqûres de tiques, soit par contact avec du sang ou des tissus d'animaux infectés, pendant ou immédiatement après l'abattage.
La transmission interhumaine peut survenir à la suite d'un contact direct avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de sujets infectés.
Des infections nosocomiales peuvent aussi se produire à cause d'une mauvaise stérilisation du matériel médical, de la réutilisation des aiguilles et de la contamination des fournitures. Pour la maladie Crimée Congo, la durée d'incubation dépend du mode de contamination. Selon les spécialistes de la maladie, après une piqûre de tique, elle est en général d'un à trois jours, avec un maximum de neuf jours. Après contact avec du sang ou des tissus infectés, elle est en général de 5 à 6 jours, avec un maximum documenté de 13 jours.
Quant à l'apparition des symptômes, elle est brutale, avec de la fièvre, des myalgies (douleurs musculaires), des vertiges, une raideur et des douleurs de la nuque, des douleurs dorsales, des céphalées, une sensibilité des yeux et une sensation de gêne provoquée par la lumière.
On observe parfois au début des nausées, des vomissements, de la diarrhée, des douleurs abdominales et un mal de gorge, puis de brutales sautes d'humeur et de la confusion. Au bout de deux à quatre jours, l'agitation peut laisser la place à une somnolence, une dépression, une lassitude; les douleurs abdominales viennent se localiser dans le quadrant supérieur droit avec de la palpation, une augmentation du volume du foie, selon l'Oms.