La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unis pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) est sous les feux des critiques.
Elle est, en effet, accusée, à tort ou à raison, d'inertie face au massacre continu des populations par les groupes armés terroristes. Tant et si bien que des voix s'élèvent au sein de la société civile, pour demander son retrait de certaines localités du Mali, et ce, alors même que l'ONU s'apprête à renouveler son mandat. Ce n'est pas la première fois que des Maliens instruisent un procès en incompétence contre la force onusienne créée par la résolution 2100 du Conseil de sécurité du 25 avril 2013, en vue d'appuyer le processus politique au pays de Soundjata Kéita et d'y effectuer un certain nombre de tâches d'ordre sécuritaire. Ont-ils vraiment tort ? Assurément, non !
Car, cela fait dix bonnes années que le Mali est en proie à une grave crise sécuritaire sans précédent, caractérisée par des attaques sanglantes répétées et cela, en dépit de la présence des forces étrangères qui, faut-il le rappeler, se comptent par milliers. Alors pourquoi cette insécurité chronique ? La question reste posée surtout quand on sait qu'à maintes reprises, les autorités maliennes ont demandé sans succès à l'ONU, de donner un mandat plus robuste à ses troupes afin de les rendre plus opérationnelles et offensives sur le terrain. Le Conseil de sécurité des Nations unies n'a jamais accédé à cette requête, apportant ainsi de l'eau au moulin de ceux qui l'accusent de faire dans le deux poids deux mesures.
Une introspection s'impose pour les deux parties dont la collaboration est faite de hauts et de bas
On se rappelle encore le cas de la MONUSCO (Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique de Congo) qui, de force de maintien de la paix, n'avait pas hésité à aller au casse-pipe face aux exactions des rebelles du M23 qui avançaient, la fleur à la kalach, sur Kinshasa. La suite, on la connaît. Car, même s'il a plus tard repris du poil de la bête, le M23 avait été totalement mis en déroute. Sans doute en serait-il autant au Mali si l'ONU avait accepté que ses soldats enfilent leurs treillis de guerriers pour aller à la traque des groupes armés terroristes qui contrôlent certaines localités du pays. Cela dit, l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Car, à la décharge de l'ONU, il faut reconnaître que par moments, Bamako n'a pas rendu la tâche facile à la MINUSMA.
En effet, en plus de la suspension pour un mois des rotations des troupes onusiennes entre juillet et août 2022, les autorités maliennes, en début de l'année en cours, avaient empêché la MINUSMA de patrouiller sur le terrain. A cela, il faut ajouter le déploiement du groupe Wagner au Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, qui a plus ou moins contraint les troupes onusiennes à rester cantonnées dans leurs bases respectives de crainte d'être accidentellement associées aux dérives des mercenaires russes qui traînent d'ailleurs une très mauvaise réputation.
C'est, du reste, ce qui explique le retrait annoncé ou acté des soldats de certains pays du Mali. Toute chose qui devrait amener Bamako et la MINUSMA à se regarder dans la glace. En tout cas, une introspection s'impose pour les deux parties dont la collaboration est faite de hauts et de bas face à un ennemi redoutable qui sait exploiter la moindre faille.