Parmi les « nouveaux » quartiers historiques d'Antananarivo, figure celui d'Ampasandrainiharo, entre Ambatonilita-Isoraka et Isotry. Il tire son nom du monument funéraire de Rainiharo, Premier ministre et époux de Ranavalona Ire pendant vingt ans.
Avant de devenir Premier ministre, il est commandant en chef de l'Armée royale jusqu'en 1832. Comme tel, il doit faire ses preuves et conduire plusieurs expéditions de pacification dans les territoires encore insoumis ou qui se sont révoltés à la mort de Radama Ier. Parmi celles-ci, celle d'Ikongo qu'il mène à la tête de sept mille hommes.
Cette ville des Tanala hissée, sur un gros rocher, est impossible à prendre d'assaut et c'est en vain que Rainiharo en fait le siège pendant sept mois. Il rencontre le même échec à Ivohibe. De là, il va soumettre les Bara d'Andriampierenana, près d'Isalo, déjà conquis précédemment à la reine par Rainijohary. Là encore, il rencontre des difficultés telles qu'après trois batailles infructueuses, craignant que son armée ne soit décimée, il rentre à Antananarivo. De 1832 à 1852, Rainiharo ne s'occupe plus que des affaires de l'État.
Contrairement à son collègue et rival, Rainijohary, il se montre tout au long de son gouvernement plus souple et plus fortement attaché au trône. Cet attachement se voit surtout lorsqu'en 1857, une intrigue de Palais, conduite par Rainijohary, veut donner la succession de Ranavalona Ire à Ramboasalama, neveu de la reine qui voulait en faire son successeur avant la naissance de son fils, le prince Rakoto, futur Radama II. Rainiharo, lui, prend le parti de ce dernier.
Certains historiens lui reprochent, comme à Rainijohary, d'avoir constamment conseillé la reine dans ses actes de cruauté. Pourtant, malgré ces sentiments qu'on lui prête, il montre avant sa mort, des sentiments d'humanité envers ses esclaves. Il demande, semble-t-il, à la souveraine d'interdire qu'on leur fasse subir l'ordalie. Car l'usage pratiqué à l'époque veut, que lorsque les principaux chefs passent de vie à trépas, même de mort naturelle, le décès est « toujours d'origine douteuse », provoqué par un esclave.
Les avis des historiens divergent concernant la date de la construction du Fasan-dRainiharo. Selon le R.P. Malzac (Histoire du Royaume hova), Rainiharo meurt le 10 février 1852. La reine lui fait élever à Isotry, un tombeau « qui surpasse tous les autres en magnificence » et décrète que ses funérailles « soient des plus pompeuses ».
D'autres soutiennent que c'est en 1835 que Jean Laborde entreprend la construction de ce monument « qui n'est pas sans analogie avec le haut fourneau de Mantasoa». Son architecture, d'inspiration hindoue, s'expliquerait par le séjour de trois ans (1828-1831) de Jean Laborde à Bombay. D'après le R.P. Callet (Tantara ny Andriana eto Madagascar, Jean Laborde est un grand ami de Rainiharo qui le considère comme son « petit frère ».
Quand Ranavalona Ire apprend la mort de Rainiharo, elle décide que la veillée qui se déroulera à Ambatondrafandrana, durera « une quinzaine au moins de jours ». Malzac assure que « lorsque son corps fut transporté à sa dernière demeure, on lui fit franchir un grand nombre de boeufs abattus et immolés à la louange du riche potentat ».
Ce que confirme Callet qui évoque « des boeufs abattus pour servir de pont au cortège funèbre jusqu'à Isotry, afin que les porteurs du catafalque ne touchent terre ». Sur le parcours du convoi funèbre, des mousquetades traduisent, à chaque instant, « la grandeur du personnage qu'on pleure ». Trois salves de tous les canons de la ville annoncent également aux environs, « l'estime dont Sa Majesté a pour son glorieux époux ». Bien plus, pour perpétuer à jamais sa mémoire, la reine décrète qu'on tirerait cinq coups de canon, chaque fois que le Mausolée s'ouvre pour recevoir le corps d'un adulte de sa famille, tels ses fils Raharo et Rainilaiarivony.