Entre 2022 et 2023, les efforts de l'État pour atténuer les coûts de la vie sont évalués à 1.185 milliards de FCfa, a déclaré, hier, le président de la République, Macky Sall. Il recevait, hier, les cahiers de doléances des centrales syndicales, au Palais présidentiel.
Le président de la République, Macky Sall, a reçu le 1er mai 2023, au Palais présidentiel, les secrétaires généraux des centrales syndicales à l'occasion de la traditionnelle cérémonie de remise des cahiers de doléances de la fête du Travail. Un moment de dialogue direct et d'interactions entre le Chef de l'État et les représentants des travailleurs. Cette année encore, la rencontre intervient dans un contexte très difficile marqué, selon le Président Sall, par « des conditions de vie et de travail qui se sont détériorées » du fait de la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Cette situation a entraîné un « renchérissement du coût de la vie ». Cependant, malgré le contexte difficile qui prévaut partout à travers le monde, « le Gouvernement est resté aux côtés des ménages et des travailleurs », s'est-il félicité.
Face aux secrétaires généraux des centrales syndicales, au patronat, le Président a rappelé « les mesures sociales » qui ont été prises par l'État pour permettre aux travailleurs et aux citoyens de manière générale de faire face à la hausse tous azimuts des prix. Ces mesures sociales, d'un coût de 236 milliards de FCfa entre 2022 et 2023, concernent la baisse des prix des denrées de première nécessité. « Je vous renouvelle ma préoccupation constante qui est d'alléger autant que faire se peut le coût de la vie pour les masses laborieuses », a réitéré le Chef de l'État.
Toujours pour faire face à la vie chère, l'État a augmenté les salaires dans la Fonction publique. Ces augmentations de salaires, rien que pour l'année 2022, ont une incidence financière de 160,750 milliards de FCfa. En 2023, l'incidence financière est estimée à 159 milliards de FCfa. En deux ans (2022 et 2023), le cumul des augmentations de salaires est de plus de 300 milliards de FCfa, « plus que le budget du Sénégal en 2000 », se réjouit Macky Sall.
Au même moment, l'État a perdu beaucoup de recettes pour subventionner les prix de certaines denrées. Entre 2022 et 2023, les pertes de recettes sont projetées à 240 milliards de FCfa. « Quel est le gouvernement de la sous-région qui a fait autant ? », se demande le Chef de l'État, s'adressant à l'assistance. Á l'en croire, les efforts de l'État pour atténuer la vie chère sont de 1.185 milliards de FCfa en deux ans (2022 et 2023). « Ce sont des efforts énormes, des sacrifices auxquels l'État a consenti pour permettre aux travailleurs d'avoir une meilleure réaction par rapport au coût de la vie », insiste-t-il.
« Un effort historique »
Á ces efforts, vient encore s'ajouter la subvention des prix de l'engrais et des semences. Entre 2022 et 2023, celle-ci est estimée à 150 milliards de FCfa. Il a rappelé que l'État a fait « un effort historique de 100 milliards de FCfa » pour accompagner la campagne agricole.
L'année 2022 a été aussi déclarée « année sociale » par le Gouvernement. En plus, des bourses de sécurité familiale qui bénéficient à près de 400.000 ménages, l'État a aussi accompagné les familles à travers un programme de « cash transfer » exceptionnel de 43 milliards de FCfa, au profit de 80 000 ménages. Ce programme a permis d'assister des milliers de ménages vulnérables face aux effets combinés de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Entre les bourses de sécurité familiale et le « cash transfer », les pouvoirs publics ont mobilisé 112 milliards de FCfa entre 2022 et 2023, informe le Chef de l'État. « Le Gouvernement a fait beaucoup d'efforts, cela est incontestable », précise-t-il.
« L'État ne peut plus augmenter des salaires », selon le Chef de l'État
Après tous les efforts consentis en termes d'augmentation de salaires ou de subvention des prix des denrées de première nécessité, le Président Macky Sall indique que « l'État ne peut plus augmenter des salaires ». « Nous avons atteint le maximum qu'on pouvait faire ; nous ne pouvons pas aller au-delà », persiste-t-il. Á son avis, les efforts doivent, désormais, être consentis vers d'autres secteurs et d'autres catégories de citoyens.
Le Cesti portera le nom de Mame Less Camara
Le président de la République, recevant hier, au Palais présidentiel, les cahiers de doléances des centrales syndicales des travailleurs, a demandé d'observer une minute de silence à la mémoire de feu Mame Less Camara, journaliste et enseignant-formateur au Centre d'études des sciences et techniques de l'information (Cesti), décédé, samedi dernier. « Mame Less a été un symbole, un monument, une boussole pour la presse. Il a toujours prêché par l'exemple », a témoigné Macky Sall. « Pour que Mame Less continue de rester une boussole, je décide de donner au Cesti son nom. Il était l'incarnation de la presse d'antan », a-t-il témoigné, lors de son intervention après la remise du cahier de doléances du secteur de la presse par le secrétaire général du Syndicat des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal (Synpics), Bamba Kassé. Ce dernier, dans son discours, a beaucoup insisté sur les difficultés que rencontrent aujourd'hui les journalistes et techniciens des médias. Toutefois, il a informé que l'espoir est permis avec les Assises des médias pour « renverser la tendance ». « Nous proposerons des conclusions de très hautes factures à même d'assurer à notre pays de retrouver sa presse d'antan », s'engage-t-il fermement. Dans sa réponse, le Chef de l'État a salué les Assises des médias en cours et dit attendre « avec beaucoup d'intérêts » leurs conclusions. Il a aussi magnifié la distribution de plus de 1500 cartes nationales de presse, ce qui « va aider dans la collaboration avec les forces de sécurité » surtout pendant les manifestations.
14 véhicules pour les Inspections régionales du travail
Les secrétaires généraux des centrales syndicales qui se sont succédé au pupitre lors de la remise des cahiers de doléances au président de la République ont plaidé pour plus de moyens pour les inspecteurs du travail. Séance tenante, le Chef de l'État a répondu qu'il venait de remettre 14 véhicules destinés aux inspections régionales du travail et de la sécurité sociale au Ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions.
Plaidoyer pour la baisse de la fiscalité sur les salaires
Le vice-président du Conseil national du patronat (Cnp), Mamadou Racine Sy, a fait un plaidoyer pour la baisse de la fiscalité sur les salaires. Il a abondé dans le même sens que le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (Csa), Elimane Diouf. Celui-ci a plaidé la baisse de la fiscalité sur les salaires mais aussi une augmentation des salaires catégoriels. Le secrétaire général de la Confédération des travailleurs du Sénégal (Cnts), Mody Guiro, a aussi fait la même requête, appelant à une « révision de la fiscalité sur les salaires qui est très élevée au Sénégal ». Un plaidoyer qui n'a pas trouvé un écho favorable auprès du président de la République. « Je ne suis pas d'accord sur la baisse de l'impôt sur le revenu. L'État, c'est "in" et "out". Il faut aussi des avocats pour l'État », a répondu Macky Sall, rappelant aux travailleurs et au patronat l'importance de l'impôt pour un État.
Augmentation des salaires dans le privé
Le patronat et les travailleurs appelés à finaliser les négociations
Le président de la République, Macky Sall a invité, hier, le patronat et les syndicats de travailleurs à finaliser les négociations pour une augmentation des salaires dans le secteur privé. Les salaires ont connu une augmentation dans la Fonction publique pour faire face au renchérissement des prix des denrées de première nécessité.
Ce qui n'est pas le cas du secteur privé, les organisations de travailleurs et le patronat n'ayant pas encore trouvé un consensus. Ils ont exposé, hier, lors de la remise des cahiers de doléances, au président de la République, le blocage entre les parties. Ces mesures prises par le Chef de l'État pour alléger le coût cher de la vie chez les fonctionnaires devraient être accompagnés par le secteur privé, a soutenu le secrétaire général de la Cnts/Fc.
Selon son homologue de l'Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas), Mademba Sock, les négociations avec le patronat calent parce que les employeurs proposent des augmentations catégorielles comprises entre 5% et 8% là où les travailleurs en demandent 15%. Cependant, les négociations continuent toujours entre les différentes parties pour arriver à un consensus.
Pour la première fois, le patronat a été invité à prendre la parole à l'occasion de la traditionnelle remise des cahiers de doléances. Une « rupture » magnifiée par Mamadou Racine Sy, au nom des employeurs. Répondant aux interpellations des secrétaires généraux des syndicats, il a informé que l'intention du patronat était de trouver une solution avec les travailleurs avant même le 1er Mai 2023. « Il nous semble bon de toujours rappeler que le principe de base des négociations sociales consiste à définir un salaire de base minimal prenant en compte les acteurs et les entreprises en difficulté, tout en invitant les entreprises qui sont dans des situations plus confortables à procéder à des augmentations plus conséquentes que le salaire de base ». Avant d'ajouter : « D'ailleurs, nous portons à votre haute attention, Monsieur le président de la République, que les entreprises qui le peuvent ont déjà entamé cette démarche ». Il a rassuré les acteurs : « Nous allons encore nous parler, mais je dois dire que tout appui de l'État régulateur serait le bienvenu ».