Afrique: Liberté de la presse - La pratique du journalisme toujours difficile dans certains pays

À l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RF) a publié, le 3 mai, son classement annuel sur l'état de la liberté de la presse dans 180 pays du monde. La Norvège arrive en tête du podium des pays où le métier de journaliste fait bon vivre, pour la septième année consécutive, suivie de l'Irlande et du Danemark.

La France se classe à la 24e place du podium, soit deux places de mieux qu'en 2022. La fin du classement se compose de trois pays asiatiques où le contexte politique pèse sur les conditions de travail des journalistes comme le Vietnam, la Chine et la Corée du Nord.

Ce classement dévoile une situation assez dégradée des conditions d'exercice du journalisme : elles sont considérées comme « mauvaises » dans sept pays sur dix et « satisfaisantes » dans seulement trois pays sur dix, selon RSF.

« Le classement mondial prouve l'existence d'une très grande volatilité des situations, avec des hausses et des baisses importantes, des changements inédits, par exemple, la hausse de dix-huit places du Brésil et la chute de trente et une places du Sénégal. La volatilité est aussi le produit de la croissance de l'industrie du simulacre, qui façonne et distribue la désinformation, et donne des outils pour la fabriquer », a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

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Cette 21e édition met surtout en avant les impacts négatifs de la désinformation dans près de deux tiers des pays évalués (sur 180). Dans le détail, les baisses les plus importantes s'observent au Pérou (110e, -33 places), au Sénégal (104e, -31 places), en Haïti (99e, -29) ou en Tunisie (121e, -27 places).

Pour les experts du classement, il s'agirait d'« une implication des acteurs politiques » dans des « campagnes de désinformation massive ou de propagande », par exemple, la Russie, l'Inde, la Chine ou le Mali. Autre point important, le Brésil (92e) connaît une belle remontée (+18 places) depuis les dernières élections et le départ de l'ancien président d'extrême droite, Jair Bolsonaro.

Dans les deux tiers des 180 pays évalués, les spécialistes qui contribuent à l'élaboration du classement signalent « une implication des acteurs politiques » dans des « campagnes de désinformation massive ou de propagande », selon RSF. C'est le cas de la Russie, de l'Inde, de la Chine ou du Mali. Les frontières sensibles entre le vrai et le faux, le réel et l'artificiel renforcent la manipulation de l'opinion et entravent, de façon inédite, le droit à l'information et fragilisent in fine le travail des journalistes.

RSF pointe une « industrie de la désinformation qui dissémine des productions manipulatoires à grande échelle. »

« La liberté commence là où finit l'ignorance »

Au Mali et au Burkina Faso, trente médias africains et internationaux ont publié une lettre ouverte adressée aux autorités des deux pays, mais également à l'ensemble de la communauté internationale. Alors que les pressions et les menaces de mort visant des journalistes nationaux et étrangers se multiplient dans ces deux pays, les signataires du document s'inquiètent des menaces qui planent sur la liberté d'expression et la liberté de la presse.

« Les mesures prises par les autorités du Burkina Faso, surtout ces derniers mois, sont de nature à remettre en cause le droit fondamental des citoyens à être informés », écrivent-ils dans un texte collectif. « La liberté commence là où finit l'ignorance », ajoutent-ils, en rappelant les arrestations et les emprisonnements de journalistes ainsi que de leaders d'opinion intervenus récemment au Mali.

« Au Burkina Faso comme au Mali, ces attaques sont de plus en plus relayées sur les réseaux sociaux par des "influenceurs" favorables aux régimes militaires de ces deux pays, qui jouent aux justiciers et n'hésitent pas à menacer de mort les journalistes et leaders d'opinion trop indépendants à leurs yeux », s'alarment encore les signataires de la lettre.

Parmi les signataires figurent des organisations de défense des droits des journalistes, telles que l'Union internationale de la presse francophone ou la Fondation des médias pour l'Afrique de l'Ouest, ainsi que des organisations de défense des droits de l'homme, telles que Human rights watch et la Fédération internationale pour les droits humains.

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