Ouagadougou — La liberté de la presse est mise à rude épreuve au Burkina. Menaces, intimidations, suspension de médias, expulsions de journalistes, voilà ce à quoi les acteurs de médias sont confrontés au pays des hommes intègres.
"J'ai été assommé par rapport à certaines réactions même si des appels anonymes disant qu'ils vont me créer des insomnies, qu'ils vont m'agresser. Je tentais souvent d'enregistrer certains appels. Je vais continuer à faire mon boulot dans les règles de l'art. Je n'ai pas peur de continuer à dire ce que je pense en respectant les règles déontologiques et éthiques", a déclaré Issoufou Ouédraogo, un journaliste indépendant qui a reçu des menaces directes.
"Cette année, on se tient dans un contexte de crise multidimensionnelle marqué par l'insécurité liée au terrorisme mais également par une crise institutionnelle liée aux coups d'Etat. Ces éléments de crise qu'on le veuille ou pas impactent la liberté de la presse. Le pouvoir militaire en temps de crise ça devient plus grave. On a comme impression qu'on est en train même de vouloir imposer des contenus et des orientations éditoriales aux médias", a expliqué Boureima Ouédraogo, directeur de publication du journal "Le Reporter".
"Cela fait 25 ans que le Centre national de presse Norbert Zongo célèbre la journée mondiale de la liberté de la presse. Cela fait également 25 ans d'existence pour le centre. Nous célébrons à travers divers activités cette journée qui est très importante pour nous. Quand on compare la situation actuelle de notre pays à celle que nous avons connu, il y a quelques années, on peut s'inquiéter que la liberté de la presse est menacée dans notre pays. Les journalistes sont intimidés, ils sont menacés au quotidien y compris des menaces de mort, des gens ont dit qu'ils allaient brûler des médias, des calomnies nous en vivons tous les jours", a déploré Inoussa Ouédraogo, président du comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo par ailleurs Président de la société des éditeurs de la presse privée.
Début avril, le gouvernement a expulsé deux journalistes, Agnes Faivre, correspondante du quotidien français Libération et Sophie Douce, correspondante du journal Le Monde. Fin mars, il a suspendu France24 et auparavant, en décembre 2022, le signal de Radio France internationale a été coupé.