La journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée ce mercredi 3 octobre. Cette année, la journée est célébrée, ce mercredi 3 mai 2023, sous le thème mondial : «Façonner un avenir de droits : La liberté d'expression comme moteur de tous les autres droits de l'homme». Au Sénégal, même si des avancées sont notées pour l'assainissement du secteur, les journalistes éprouvent des difficultés dans l'exercice de leur profession.
«Je me suis engagé à travailler pour la dépénalisation des délits de presse. De toutes les façons, vous ne verrez jamais, pendant ma gouvernance au Sénégal, un journaliste mis en prison pour un délit de presse. Des journalistes n'ont aucun risque au Sénégal ; ça je le dit très clairement et je ne serais pas démenti. Le Sénégal est un pays bien quotté en matière de liberté de presse...». Ces propos ont été tenus, sur iTELE (France) par le Président de la République, Macky Sall, le 25 octobre 2015.
Et pourtant, des journalistes croupissent en prison. Pape Ndiaye de Walfadjri est en détention depuis plusieurs semaines maintenant pour des propos jugés outrageants envers la magistrature. Il n'est pas le seul. Babacar Touré de Kewelo est aussi entre les mains de la justice. Le journaliste Pape Ale Niang a lui aussi séjourné en prison. Les faits incriminés sont tous en relation avec l'exercice de la profession.
Ces exemples montrent que le Sénégal célèbre ce 3 mai 2023, la journée mondiale de la liberté de la presse dans ce contexte difficile. Cette période préélectorale assez tendue n'est pas non plus pour apaiser la tension. Les manifestations et autres rassemblements politiques sont des occasions pendant lesquelles les journalistes éprouvent d'énormes difficultés pour exercer leur métier. Jets de gaz lacrymogènes, confiscation d'outils de travail sont des faits récurrents. Si ce n'est pas sur le terrain, le journaliste auteur d'un article ou d'une publication qui ne serait pas du goût d'un régime en place est traqué sur les réseaux sociaux, vilipendé ou même victime d'insanités. Pour de simples peccadilles, des militants de partis politiques s'en prennent à des groupes de presse. Les locaux du groupe futurs médias et du quotidien national Le Soleil ont été ciblés par des manifestants lors des événements de mars 2021.
Autant dire que le Sénégal n'a pas de quoi se réjouir de la liberté supposée de la presse. Selon le classement mondial de Reporters Sans Frontières (RSF), le score du Sénégal, en 2021, était de 74,78, se positionnant au rang de 49e sur 180 pays. Cependant, notre pays a fortement régressé en 2022 : avec un score de 63,07, le Sénégal est classé au rang de 73e sur 180 pays. Bref, le Sénégal dégringole ainsi de la 49e place en 2021, à la 73e (sur 180 pays notés) en 2022 ; soit un recul de 24 places, en un an.
Toutefois, il faut relever que les difficultés des journalistes dans l'exercice de leur mission sont assez fréquentes au Sénégal. Ce, quelque soit le régime. Ainsi, suite à la parution d'un article sur l'envoi des soldats sénégalais à Yémen, le directeur de publication du journal l'Observateur, Alioune Badara Fall et son reporter Mamadou Seck ont été arrêtés à leur travail puis relâchés avant d'être présentés au Procureur. C'était en 2015. Madiambal Diagne aussi a été mis en détention sous le régime du président Abdoulaye Wade. Le groupe Walfadjri et Sud communication, ne sont pas en reste dans des difficultés avec les régimes à cause de leur ligne éditoriale.