Kenya: Arrestation d'un pasteur - Pourvu que cela serve de leçon !

« Prenez garde que personne ne vous séduise. Car, plusieurs viendront sous mon nom, disant : c'est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens. (...) » (Matthieu 24:3-8).

Il y a plus de 2000 ans, Jésus de Nazareth ne croyait pas si bien prédire en mettant en garde contre les faux prophètes qui se déguiseraient en serviteurs de Dieu voire en envoyés du Christ, alors que la réalité serait tout autre : ils ne seraient rien d'autre que des vendeurs d'illusions, des imposteurs ! Selon toute vraisemblance, le pasteur Paul Nthenge Mackenzie figure parmi cette ivraie ; lui qui a poussé sa centaine d'adeptes à jeûner jusqu'à la mort en attendant la venue du Christ.

La découverte macabre a eu pour théâtre la forêt de Shakabola sur la côte kényane, où se réunissaient des membres de sa secte. Glaçant ! L'irréparable produit, cet ancien chauffeur de taxi devenu pasteur, va devoir comparaître devant la Justice des Hommes, en attendant la sentence de la Justice immanente. Le 2 mai dernier, en effet, le patron de l'Eglise Internationale de Bonne Nouvelle était dans le box des accusés du tribunal de la ville de Malindi, aux côtés de huit co-accusés.

Il aurait notamment pour complice, le pasteur Ezekiel Odero qui devrait être fixé sur son sort demain, après avoir été visé par des enquêtes pour meurtre, « aide au suicide », « enlèvement », « radicalisation », « crimes contre l'humanité », « cruauté envers des enfants », « fraude et blanchiment d'argent ». Face à l'horreur (les corps retrouvés étaient en majorité ceux d'enfants), on peut comprendre le coup de sang du président kényan, Wiliam Ruto qui ne s'est pas empêché de qualifier le pasteur Mackenzie, de « terroriste ». Avant de promettre des mesures contre tous ceux qui « utilisent la religion pour faire avancer une idéologie louche et inacceptable ».

La question toute simple aurait été celle de savoir pourquoi le pasteur Mackenzie ne s'est pas engagé dans la même voie pour « rencontrer Jésus »

Comment qualifier autrement ce leader religieux dont on peut douter de la bonne santé mentale, quand il fait de sa secte, une arme de destruction massive de pauvres innocents ? En tous les cas, il urge que toute la lumière soit faite sur cette affaire. D'autant qu'elle pourrait cacher bien d'autres zones d'ombre, notamment la piste émise selon laquelle les victimes du pasteur pourraient ne pas être toutes membres de son église. Il se susurre, en effet, que des assassinats ont été perpétrés dans l'enceinte de l'Eglise de la Vie Nouvelle, dirigée par le riche et célèbre télévangéliste Ezekiel Odero, avant d'être transférées dans la forêt de Shakabola.

On en saura sans doute un peu plus dans les jours à venir. En attendant, ce scandale remet au goût du jour, la problématique de l'encadrement des cultes au Kenya, et bien au-delà. En tout état de cause, la liberté de culte ne saurait faire abstraction de l'absolue nécessité d'une règlementation en la matière. Autrement, les dérives sont vite arrivées, comme l'atteste, du reste, cette tragédie qui secoue le Kenya depuis des semaines. Et c'est d'ailleurs pourquoi il faut se féliciter de l'annonce par les autorités kényanes, de la mise en place d'un groupe de travail présidentiel au lendemain du drame.

Il faut toutefois regretter que la réaction gouvernementale arrive quelque peu sur le tard ; toute chose qui confine au manque d'anticipation. Car, plusieurs fois arrêté pour ses prêches radicaux, le pasteur Paul Nthenge Mackenzie s'était toujours tiré d'affaire. Un récidiviste donc, qui avait fini par se croire tout permis. Maintenant, pourvu que ce procès serve de leçon ! Quant aux adeptes qui se laissent bien trop facilement séduire par des prêches aux contenus aussi nauséeux que saugrenus, ils devraient faire preuve de discernement.

Pour le cas kényan, la question toute simple aurait été celle de savoir pourquoi le pasteur Mackenzie ne s'est pas engagé dans la même voie pour « rencontrer Jésus ». Mais comment en vouloir à ces désespérés qui, face à la pauvreté et autres dures épreuves de la vie, ne se soucient guère plus de la petite voix intérieure qui pourrait les avoir appelés à la prudence ? Pour bien de ces desperados, la mort représente l'ultime délivrance face à une vie qui ne présente plus aucun intérêt à leurs yeux. Alors, tant qu'à faire, pourquoi ne pas écourter son pénible séjour terrestre en espérant mieux dans l'autre monde ?

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