De nombreuses personnes fuyant des violences intercommunautaires ont trouvé refuge sur la colline de Rhoe en RDC.
En République démocratique du Congo, alors que la crise du M23 a provoqué une catastrophe humanitaire autour de la ville de Goma ainsi que dans le reste du Nord-Kivu, une seconde province est, depuis 2017, en proie à une forte instabilité : celle de l'Ituri. En effet, tous les indicateurs sont au rouge et, depuis la reprise des affrontements entre les milices Codéco et Zaïres, qui affirment respectivement protéger les communautés Lendu et Hema, le nombre de déplacés a explosé.
"Enfermés dans un cercle"
Le révérend Dieudonné Banga Baraka vit aujourd'hui dans une petite maison en dur, au sommet de la colline de Rhoe. Il y a quatre mois, le 8 janvier, lui et sa famille fuyaient leur village sous les coups de feu de miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo, la Codéco, laissant tout derrière eux :
"Quatre mois... Sans rien avoir. Il n'y a pas moyen de vivre car il n'y a pas d'argent, il n'y a pas à manger. C'est seulement après quatre mois que nous sommes ici que des gens pensent à nous pour manger" déplore-t-il.
Depuis, le territoire de Djugu est de nouveau entré dans l'un de ces cycles de représailles qui reviennent de façon chronique depuis le début du conflit en 2017.
Et 65.000 personnes vivent aujourd'hui sur le sommet et les flancs de la colline de Rhoe, à 2.000 mètres d'altitude.Une population qui, il y a encore trois mois, était deux fois moins importante.
"Il y a eu une augmentation car le 8 janvier, les Codéco ont attaqué, pillé et tué des gens dans plusieurs villages. C'est pourquoi les gens ont fui et jusqu'à présent il y a beaucoup de monde" explique Samuel Kpadjanga, le responsable du site de déplacés à la DW.
Problème : la colline de Rhoe est aujourd'hui entourée de villages lendu, occupés par des éléments de la Codéco. Rares sont donc ceux qui s'aventurent trop loin du site.
"On est bloqué dans une place où nous n'avons pas moyen de faire autrement. Les chemins, la route, sont bloqués. Il n'y a pas moyen d'aller à Bunia, à Bule, comme si nous étions enfermés dans un cercle" constate amèrement le révérend Dieudonné.
De l'aide
Ce jour, des camions du Programme alimentaire mondial sont venus distribuer des vivres pour les déplacés de Rhoe. La première distribution en un an. Car la province de l'Ituri est en réalité délaissée, masquée par la crise du M23 au Nord-Kivu qui attire plus l'attention et s'ancre dans le temps.
Pourtant, selon le plan de réponse humanitaire 2023 des Nations unies, les besoins étaient bien plus importants dans les différents territoires ituriens.
Selon les humanitaires, trois millions de personnes y sont actuellement dans le besoin contre 2,5 millions au Nord-Kivu, là où une majorité des fonds sont pourtant dirigés.