Au Sénégal, à dix mois de la présidentielle, l'appel au dialogue politique lancé par le président Macky Sall fait débat. Moyen d'apaiser les tensions et de permettre une élection ouverte ? Ou au contraire, manoeuvre pour diviser et fragiliser l'opposition ? La récente plateforme « des forces vives de la Nation F24 », qui regroupe plus d'une centaine de partis et d'organisations de la société civile, estime en tout cas ne « pas être concernée ».
La plateforme F24 a rappelé hier, mercredi 3 mai, ses exigences : non à une candidature du président Macky Sall, la libération des détenus qualifiés de « politiques », des élections inclusives et transparentes, et la modification du code électoral qui exclut des candidats condamnés en justice.
Ces quatre points pourraient-ils entrer dans le cadre du dialogue souhaité par le président Macky Sall ? De quel dialogue s'agit-il, « on n'en sait rien, répond Aliou Sané, coordonnateur adjoint du F24. De toute façon nous ne sommes pas concernés par ce dialogue. La chose qui préoccupe le plus les Sénégalais c'est de faire face au régime du président Mack Sall pour lui dire (qu'ils) s'opposeront à cette volonté de briguer une troisième candidature... »
Parmi les personnalités membres du F24, certains ont déjà fermé la porte au dialogue, à titre individuel, comme Ousmane Sonko ou l'ancienne Première ministre Aminata Touré. Mais pour Pape Mahawa Diouf, porte-parole de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yaakaar, la démarche garde tout son sens : « On ne peut pas dire qu'on est pour ou contre le dialogue ; le dialogue est un état de fait dans la culture démocratique sénégalaise puisqu'il faut bien que les acteurs s'entendent sur l'essentiel. Même s'ils disent qu'ils ne participent pas, ils savent très bien qu'il va falloir être autour de la table pour définir des règles pour que l'on puisse aller aux élections. »
Pour l'heure et en guise de dialogue, le F24 prépare sa première mobilisation : un rassemblement le 12 mai dans la capitale, place de la Nation.