Le président du comité scientifique des 19èmes journées médicales de Dakar a plaidé pour que les légions traumatologiques soient extirpées, sorties des malades d'accidents de la circulation.
Pr Mouhamadou Habib Sy portait ce plaidoyer en marge d'un grand forum initié par Partner West Africa-Sénégal au nouveau bâtiment de la Faculté de la pharmacie et de la médecine de l'Ucad. La rencontre qui a vu la participation d'experts en sécurité routière, de représentants d'autorités locales et professionnelles de la santé et également des syndicats permettait aux participants d'interagir et d'échanger sur les différentes problématiques liées aux accidents de la circulation notamment du concept à la prise en charge et la prévention.
« Nous avons fait inscrire dans ce programme un symposium qui a réuni tous les acteurs. Nous avons parlé des accidents au Sénégal de A à Z depuis le concept jusqu'à la prise en charge et la prévention », a souligné le président du comité scientifique des 19èmes journées médicales de Dakar. Et le Pr Mouhamadou Habib Sy de plaider : « Nous avons voulu mettre le doigt sur le fait que le phénomène de la circulation est un phénomène qui touche la traumatologie et nous faisons un grand plaidoyer pour que les lésions traumatologiques soient extirpées, sorties des malades si on veut voir plus clair, si on veut voir des statistiques fiables, si on veut bâtir des stratégies payantes et si on veut en faire une priorité nationale. »
Selon le chef du service traumatologie de l'hôpital Grand Yoff, non moins enseignant chercheur à la Faculté de Médecine : « Les accidents touchent la population la plus jeune sur laquelle nous comptons aujourd'hui, pour le développement et l'émergence, et les politiques actuellement proposées ne sont pas efficaces. Elles sont redondantes et ne sont pas dans l'inclusivité, c'est à dire elles ne réunissent pas l'ensemble des acteurs qui doivent réfléchir, proposer des solutions efficaces avec un plan d'évaluation et de suivi. »
S'agissant de la prise en charge des blessés d'accidents de la circulation, il évoque un problème d'équité et de maillage du territoire : « En réalité, on n'en parle beaucoup. Je vais vous donner quelques statistiques parce que je suis orthopédiste, pour m'être occupé de la formation et avoir dirigé un service d'orthopédie. Je puis vous dire qu'aujourd'hui, vous avez un lit d'orthopédie pour 13. 000, 14 000 habitants dans la région de Dakar. Vous avez un orthopédiste pour 375 000 habitants globalement en moyenne, un pour 775 000 quand vous êtes sur Dakar. Et quand vous êtes en dehors de Dakar, vous êtes presqu'un orthopédiste pour 665 000 habitants. Il n'y a pas un maillage du territoire.
Quand vous vous blessez en dehors de Dakar, en périphérique de Dakar ou dans une région, vous n'avez pas une chance égale d'être suivi et d'être correctement traité». Et pour en arriver, indique-t-il, « ça demande d'abord qu'on les compte, (nos blessés et nos morts). Qu'on en connaisse la répartition, la distribution et qu'on bâtisse des stratégies payantes qui ne peuvent être que stratégies inclusives. Nous l'avons vu à travers le panel d'aujourd'hui, le problème du phénomène des accidents est un problème sociétal, qui interpelle plusieurs secteurs qui doivent intéresser plusieurs l'ensemble de la population ».