Sénégal: Ousmane Sonko rejette l'appel au dialogue de Macky Sall

Dakar — Le chef de l'opposition, Ousmane Sonko, a rejeté, lundi, à Dakar, l'appel au dialogue lancé par le président de la République, Macky Sall.

"On nous parle de dialogue. Mais celui qui a entrepris le dialogue a dit qu'on n'a pas besoin de dialoguer [...] Il dit qu'il n'y a aucun problème au Sénégal, qu'il n'y a pas de prisonniers politiques, que les institutions fonctionnent bien [...] Pourquoi dialoguer ?" a déclaré M. Sonko lors d'un point de presse.

"Si vous dites que vous voulez dialoguer avec moi, reconnaissez d'abord qu'il y a un problème. Là où il n'y a pas de problème, on n'a pas besoin de dialoguer", a-t-il argué.

Ousmane Sonko soutient qu'il n'est pas possible de tenir un dialogue politique "sans évoquer la question [...] fondamentale : Macky Sall ne doit pas être candidat une troisième fois".

Il a tenu à rappeler plusieurs dialogues politiques survenus entre 2016 et 2021, à l'initiative du président de la République.

Selon lui, lors de ces précédentes concertations, l'opposition avait réclamé l'organisation des élections par des personnalités indépendantes, la suppression du parrainage des candidats, l'organisation du financement des partis politiques et une concertation sur le fichier électoral. Les partis d'opposition avaient également demandé la suppression d'articles du Code pénal très contraignants pour leurs militants.

"Que sont devenues les conclusions des précédents dialogues ?"

La majorité présidentielle avait manifesté un "refus catégorique" de parvenir à des consensus sur ces questions, selon Ousmane Sonko.

"C'est un appel au dialogue pour [...] isoler Ousmane Sonko et casser l'opposition en donnant un bonbon à sucer à chacun. Il ne peut pas nous isoler parce que nous avons tissé des liens avec le peuple sénégalais", a soutenu le leader de Pastef-Les patriotes et maire de Ziguinchor (sud).

"Le dialogue, tel qu'il est conçu pour le moment", n'est rien d'autre qu'un moyen de "valider une troisième candidature anticonstitutionnelle" de Macky Sall, a-t-il fait valoir, demandant à l'actuel chef de l'Etat de se retirer de la vie publique à la fin de son mandat en cours. "J'ose espérer qu'il (Macky Sall) aura l'intelligence de le faire parce qu'il ne peut pas gagner ce combat. De toute façon, il va le perdre."

M. Sonko s'est demandé ce que "que sont devenues les conclusions des précédents dialogues" politiques auxquels Macky Sall a convié l'opposition.

"Il y a eu le dialogue de 2016 [...] Cette concertation devait porter sur des questions d'intérêt national, qui concernaient les acteurs politiques et la société civile", a-t-il rappelé.

Elle a eu lieu "deux mois seulement après une vive polémique consécutive à la tenue du référendum constitutionnel du 20 mars 2016", dont "l'un des principaux points [...] était de réduire le mandat présidentiel de sept à cinq ans", a jouté le leader de Pastef-Les patriotes.

"Il n'existe pas de détenus politiques au Sénégal"

"Et 62 % des Sénégalais avaient voté oui pour la réduction du mandat présidentiel. Macky Sall se retourne pour remettre le dossier au Conseil constitutionnel et revient dire : 'Le Conseil constitutionnel a dit que je ne dois pas réduire la durée de mon mandat'. Il n'y avait pas de raison d'aller voir le Conseil constitutionnel dès lors que le peuple a été consulté", a argué Ousmane Sonko.

Se basant sur une interprétation de la Constitution qu'il prête aux membres du Conseil constitutionnel, Macky Sall a déclaré en mars dernier que la loi fondamentale l'autorise à être candidat à l'élection présidentielle de 2024, malgré deux mandats exercés.

Un autre dialogue politique s'est déroulé de mai 2019 à mai 2021, à l'initiative de Macky Sall, a rappelé M. Sonko.

Selon lui, l'opposition avait réclamé la suppression du parrainage des candidatures à l'élection présidentielle, l'instauration du bulletin unique et l'apaisement des relations entre les deux parties, a-t-il poursuivi. "C'est de cela qu'on est encore en train de parler."

"Il n'existe pas de détenus politiques au Sénégal", a déclaré Macky Sall dans une interview donnée à la radio privée RFM, le 22 avril, après avoir invité l'opposition à un nouveau dialogue politique.

Des militants de l'opposition ont été arrêtés lors de manifestations survenues en marge du procès en diffamation du leader de l'opposition contre le ministre Mame Mbaye Niang, un militant de premier plan du parti politique du chef de l'Etat.

"On viole la loi, on brûle et on pille. Tout individu qui fait cela est arrêté [...] Ça n'a rien à voir avec les droits de l'homme. Personne n'est détenu au Sénégal pour ses opinions politiques", a déclaré Macky Sall à la RFM.

Ousmane Sonko affirme que plus de 300 militants de son parti sont actuellement en détention.

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