L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a estimé jeudi avoir besoin de 445 millions de dollars pour aider les 860.000 personnes qui pourraient fuir d'ici octobre les combats meurtriers au Soudan entre l'armée et les paramilitaires.
Cet appel de fonds a été présenté dans la journée à Genève aux pays donateurs par le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que l'Egypte et le Soudan du Sud devraient enregistrer le plus grand nombre d'arrivées. Mais ce plan couvrira principalement l'aide immédiate au Tchad, au Soudan du Sud, à l'Égypte, à l'Éthiopie et à la République centrafricaine.
« Alors que les efforts se poursuivent pour renforcer l'aide humanitaire au Soudan, nous devons également répondre au flux croissant de réfugiés vers les pays voisins. En collaboration avec leurs gouvernements et 134 autres partenaires, le HCR demande 445 millions de dollars pour fournir une assistance vitale pendant six mois », a déclaré dans un tweet, Filippo Grandi, Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés.
Situation humanitaire tragique
Le HCR a coordonné la planification d'urgence avec ses partenaires pour les nouveaux arrivants (réfugiés, réfugiés de retour et autres) dans les pays voisins. Le chiffre de 860.000 est une projection préliminaire pour la planification financière et opérationnelle.
Sur ce total, quelque 580.000 seraient des Soudanais, 235.000 des réfugiés précédemment accueillis par le Soudan et rentrant chez eux dans des conditions défavorables, et 45.000 des réfugiés d'autres nationalités précédemment accueillis par le Soudan.
« La situation humanitaire à l'intérieur et autour du Soudan est tragique - il y a des pénuries de nourriture, d'eau et de carburant, un accès limité aux transports, aux communications et à l'électricité, ainsi qu'une montée en flèche des prix des produits de base » a affirmé Raouf Mazou, le Haut-Commissaire assistant du HCR pour les opérations.
Sur le terrain, le HCR et ses partenaires ont des équipes d'urgence sur place et aident les autorités avec un soutien technique, en enregistrant les arrivées, en effectuant un suivi de la protection et en renforçant l'accueil pour s'assurer que les besoins urgents sont satisfaits.
« Ce n'est qu'un début », a ajouté M. Mazou, relevant qu'une « aide supplémentaire est nécessaire de toute urgence ».
Près de 335.000 déplacés internes et 115.000 réfugiés dans les pays voisins
Les combats actuels ont déjà déplacé près de 335.000 personnes à l'intérieur du Soudan et près de 115.000 réfugiés et rapatriés ont quitté le pays.
« Selon les chiffres reçus de la part des autorités égyptiennes, plus de 50.000 personnes ont traversé la frontière vers l'Egypte, dont 47.000 Soudanais et 3.500 ressortissants de pays tiers à la date du 3 mai », a tweeté le bureau du HCR en Egypte, ajoutant que les Nations Unies sont aux frontières ce jeudi et rencontrent les personnes arrivant en Egypte depuis le Soudan.
De son côté, la Représentante du HCR au Soudan du Sud note que plus de 30.000 personnes ont déjà traversé la frontière avec l'État du Haut-Nil, au nord-est du Soudan du Sud. « Ce sont pour l'essentiel des Sud-Soudanais, et le flux s'intensifie avec des arrivées qui se chiffrent à 3.500 personnes par jour, selon l'ONU », a détaillé Marie-Hélène Verney.
Les agences humanitaires s'attendent à des afflux plus importants. D'autant que « la poursuite des combats, les pillages, l'augmentation des coûts et le manque de moyens de transport font qu'il est difficile pour les gens de quitter les zones dangereuses ».
Des appels des pays accueillant les réfugiés sous-financés
Selon l'ONU, l'accès aux soins de santé a également été gravement affecté. Le plan de financement aidera donc les pays d'accueil à garantir l'accès à l'asile pour les personnes ayant besoin d'une protection internationale, à fournir une aide humanitaire vitale, à identifier les personnes les plus vulnérables et à leur fournir des services spécialisés.
L'arrivée de la saison des pluies va encore compliquer l'accès et l'acheminement de l'aide dans les zones reculées.
A noter que la plupart des pays qui accueillent les personnes fuyant le Soudan, et le Soudan lui-même, sont des opérations qui étaient déjà en permanence sous-financées et qui accueillaient un grand nombre de personnes déplacées de force. La plupart d'entre eux ont reçu jusqu'à présent moins de 15% des besoins de financement pour 2023.
« Nous avons besoin d'urgence de nouveaux financements pour répondre aux besoins croissants », a conclu M. Mazou. « Les besoins sont immenses et les défis nombreux. Si la crise se poursuit, la paix et la stabilité de toute la région pourraient être en jeu ».