Six ministres se sont exprimés, mercredi après-midi, devant des membres de la classe politique et de la société civile triés sur le volet. L'occasion pour les autorités de faire le point sur la situation sécuritaire et de donner un nouveau bilan sur la tuerie perpétrée le 20 avril dernier dans ce village de la région du Nord. Une tuerie imputée par Amnesty international à l'armée, ce que les autorités ne reconnaissent pas.
Face à l'émotion provoquée par l'attaque de Karma, les autorités n'ont d'autre choix que de communiquer, c'est le président de la transition, Ibrahim Traoré, qui est à l'origine de cette opération de transparence.
À la tribune, c'est l'un de ses proches, le colonel François Yaméogo, qui a fait le point sur ce dossier sensible. « Des moyens conséquents sont mis à la disposition du parquet de Ouahigouya pour des avancées significatives dans ce dossier choquant », a déclaré le directeur de la justice militaire qui a aussi annoncé un nouveau bilan.
Jusqu'à mercredi, les autorités parlaient de 90 morts. François Yaméogo a indiqué que 136 corps ont été inhumés.
Au sujet de l'enquête, 12 personnes ont été auditionnées, notamment des rescapés. Des rescapés qui ont raconté que ce sont des hommes portant des uniformes de l'armée du Burkina qui ont mené cette attaque.
Sans citer Karma, le ministre de la Défense, Kassoum Coulibaly a déclaré : « les groupes terroristes utilisent des méthodes perfides, c'est-à-dire en s'habillant en tenue militaire comme les Forces de défense et de sécurité pour mener leurs attaques ».
Le massacre de Karma est un énième exemple de la violence contre les civils dans le conflit qui se déroule au Burkina Faso.La responsabilité de l'armée est une nouvelle fois avérée dans cette attaque et ces meurtres qui visaient délibérément des civils.Récit.-- Amnesty International France (@amnestyfrance) May 3, 2023
Après Amnesty International, l'organisation Human Rights Watch vient de publier son rapport sur l'attaque de Karma titré : « L'armée serait impliquée dans le massacre de 156 civils » et appelle les autorités burkinabè à travailler avec l'Union africaine et l'ONU pour que l'enquête ouverte soit crédible et transparente.