Madagascar: Permacrise - Des opportunités de développement pour les jeunes

Le président du Sénat, Herimanana Razafimahefa, est intervenu la semaine dernière lors d'une conférence-débat intitulée « Permacrise », qui a été organisée par l'université FJKM Ravelojaona, dans le cadre de la célébration de sa cinquième année d'existence.

Le terme de « permacrise » est un néologisme qui sert à désigner un état de crise permanente suite à un enchaînement de différentes crises, qui plus est sans fin dans lequel le monde entier est confronté. A titre d'illustration, « aucun pays n'a été épargné par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 pendant plus de deux ans. Dans la même foulée, le dérèglement climatique engendrant des effets néfastes sur la planète, notamment dans les secteurs productifs et de la santé, ne cesse de s'aggraver. Et voilà maintenant que le monde entier subit les conséquences graves de la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Toutes ces crises sans fin provoquent un phénomène inflationniste sans précédent sur les produits alimentaires et les cours mondiaux des matières premières de base. La société internationale est en état de crise », a exposé le président du Sénat, Herimanana Razafimahefa, lors de cette conférence-débat sur la permacrise.

Déglobalisation

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Et lui d'ajouter que cette multitude de crises sans fin laisse des traces très profondes pour notre société et notre civilisation tout en générant une situation anxiogène à la population mondiale. « Ce qui a bouleversé les économies du monde entier entraînant par la suite un phénomène de déglobalisation ou la fragmentation de la mondialisation, accentué par la formation deux grands blocs de pays, à savoir le bloc des pays occidentaux et le bloc des pays issus du groupe BRICS. Celui-ci est un acronyme désignant un groupe de cinq pays qui veut renforcer leur poids dans les négociations économiques internationales. Il s'agit du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud. La situation mondiale devient ainsi bipolaire. D'autres nouveaux pays émergents apparaissent également pour ne citer que l'Arabie Saoudite, le Mexique et la Malaisie sans oublier les pays africains tels que le Rwanda, le Nigeria, le Sénégal et la Côte d'Ivoire qui commencent à se positionner sur l'échiquier mondial », a-t-il fait savoir.

Délocaliser les activités

En outre, « cette permacrise a bouleversé les chaînes d'approvisionnement mondiales, sans oublier la dégradation des flux des investissements. Le circuit d'approvisionnement en matières premières pour les industries est également perturbé. L'application des barrières douanières et non douanières accentue également les problèmes sur le développement des échanges commerciaux au niveau mondial. La pénurie de main-d'oeuvre surtout qualifiée n'est pas en reste. En dépit de tout cela, la permacrise constitue des opportunités de développement pour les jeunes », tient à préciser le président de la Chambre haute en s'adressant aux étudiants de l'université FJKM Ravelojaona.

En effet, « des études récentes ont montré, entre autres, une forte demande croissante pour le recrutement des jeunes voulant travailler dans les « Call Center ». De nombreuses entreprises internationales ont également délocalisé leurs activités en vue d'une économie de coût de main-d'oeuvre, grâce à la digitalisation et à la révolution numérique. Les jeunes peuvent ainsi saisir toutes ces opportunités en cherchant un poste à Madagascar qui est à pourvoir par un employeur résidant à l'extérieur, sans compter l'essor de nouveaux métiers dans le digital », a-t-il enchaîné.

Construction des voitures électriques

Par ailleurs, « les entreprises pourront saisir des opportunités suite à la désorganisation des marchés mondiaux par manque d'élasticité. A titre d'illustration, Madagascar pourra, désormais, approvisionner en légumes, comme l'oignon et bien d'autres produits agro-alimentaires, La Réunion et Mayotte. Ces deux îles voisines s'en procurent en Inde et en Chine alors que le pays constitue un marché de proximité. Même les communes peuvent s'intégrer dans cette chaîne d'approvisionnement étant donné que les normes d'exportation seront allégées. Parlant des cours des matières premières qui s'envolent en raison des effets inflationnistes au niveau mondial, cela devient avantageux pour la Grande île qui produit, en quantité et en qualité, du nickel et du cobalt. En effet, ces minerais sont indispensables pour la fabrication des batteries pour la construction des voitures électriques qui vont dominer dans le monde à l'horizon de 2030. Ce qui va renflouer la caisse de l'Etat avec l'augmentation des redevances minières, sans compter la création de nombreux emplois au profit des jeunes », a conclu le Président du Sénat, Herimanana Razafimahefa, lors de son intervention.

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