L'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a dit, mercredi 3 mai, ne plus être en mesure d'assurer l'audit externe du fichier électoral en RDC, comme le souhaite la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Dans une lettre adressée à la CENI le 3 mai et consultée par plusieurs médias, cette organisation, dirigée par la Rwandaise Louise Mushikiwabo, justifie sa décision par le fait que le délai proposé par la centrale électorale est tellement court qu'il ne facilitera pas un meilleur accompagnement.
L'OIF avait déployé la semaine dernière une mission pour évaluer la situation sur terrain et examiner la demande que lui avait adressée le président de la CENI, Denis Kadima afin de faire l'audit externe du fichier électoral comme en 2006, 2011 et 2018.
Apres cette demande de la CENI, des voix s'étaient levées pour s'opposer à l'audit externe du fichier électoral par l'OIF pour des raisons de souveraineté.
Pour certains acteurs politiques et de la société civile, « comme la RDC est en froid avec le Rwanda, elle ne peut pas céder son fichier électoral à une institution dirigée par une Rwandaise ».
Mais pour la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), « il ne faut pas qu'on amène la question de l'intégrité territoriale dans les questions techniques comme les élections ».
Son secrétaire général, Monseigneur Donatien Nshole l'a dit, mercredi à la presse, à l'issue de son entretien avec le président de la CENI :
« On entend depuis un certain moment des réactions selon lesquelles ce n'est pas bon par rapport à la souveraineté et l'intégrité du pays, surtout que la directrice de l'OIF est une Rwandaise. Il y en a qui vont jusqu'à dire qu'il faut que ça soit un audit national. Et nous, ça nous préoccupe d'abord les arguments sont politiques. Cela peut se comprendre politiquement. Soit dit en passant, parmi les institutions qui défendent l'intégrité et la souveraineté nationales, il y a la CENCO qui a dénoncé l'attitude et l'indifférence de la communauté internationale en rapport avec ce qui se passe avec le Rwanda. Je vous informe que nous venons d'avoir une mission conjointe avec l'ECC aux États-Unis sur la situation à l'Est. C'est pour dire que nous tenons à l'intégrité, mais qu'on n'amène pas ça dans les questions techniques comme les élections ».
Pour le secrétaire général de la CENCO, puisque l'OIF a décliné l'offre, il faut que la CENI trouve une autre alternative au niveau international.
« Notre peur était que la CENI puisse être influencée par un certain discours pour être fermée à l'audit qui aurait une dimension internationale. Nous avons échangé avec le Président de la CENI qui est bien conscient d'ailleurs et nous a répété que c'est lui qui avait invité l'OIF et n'a rien à cacher par rapport à un audit qui aurait une dimension internationale. Pour dire vrai, nous regardons dans la même direction. Pour nous, si ce n'est pas l'OIF pour des raisons politiques, on peut trouver une alternative qui rassure sur le plan de l'objectivité et de l'efficacité », a-t-il souligné.
Mgr Donatien Nshole a encouragé la CENI à évoluer en ayant à l'esprit la réduction de la méfiance née depuis un certain temps autour de la CENI.