Agenda chargé du ministre de l'Economie et des Finances, Adama Coulibaly, qui a conduit du 10 au 16 avril dernier la délégation ivoirienne aux Etats-Unis dans le cadre des réunions annuelles du Printemps du FMI et de la Banque mondiale. Un agenda en effet marqué par plusieurs réunions de haut niveau, des rencontres bilatérales avec les premiers responsables des institutions de Bretton Woods, la signature de conventions et des échanges avec les investisseurs. Le ministre Adama Coulibaly fait le point de sa fructueuse mission en terre américaine.
M. le Ministre, votre mission aux Etats-Unis dans le cadre des réunions annuelles du Printemps du FMI et de la Banque mondiale prend fin avec la réunion du Groupe consultatif animée par la directrice générale du FMI. Que peut-on retenir de cette dernière réunion ?
Adama Coulibaly: Nous sommes à la fin de notre séjour effectivement. Nous venons d'avoir la dernière réunion du Groupe consultatif animée par la directrice générale du FMI. C'est une réunion qui concerne le caucus africain qui a permis de soulever plusieurs questions, notamment celles liées à la dette, à la résilience, aux incertitudes qui pèsent actuellement sur le monde. Il y a eu des échanges assez importants à ce sujet.
Pouvez-vous nous rappeler quelques temps forts de votre séjour aux Etats-Unis ?
AC: Le premier temps fort de notre séjour, ce sont les échanges que nous avons eus avec les hauts responsables du FMI et de la Banque mondiale. Nous avons eu des échanges avec la directrice générale du FMI au moment du G24. Mais nous avons eu également des rencontres bilatérales avec le directeur général adjoint du FMI.
Au cours de cette réunion, nous sommes revenus sur la qualité de nos relations. Ainsi, nous avons transmis les remerciements des autorités ivoiriennes aux autorités du FMI. Nous avons évoqué naturellement les questions liées au programme que nous venons de discuter avec le FMI, aux engagements qui ont été pris, mais aussi les enjeux qu'il y a derrière car nous avons eu un niveau d'accès assez important.
Q: Les discussions avec la Banque mondiale ont été marquées notamment par la signature de deux conventions. Quels ont été les sujets au coeur de ces discussions ?
AC: Avec la Banque mondiale, nous avons eu également de bonnes discussions. Et nous avons demandé que les niveaux d'intervention de la Banque mondiale puissent être augmentés, mais bien sûr en rapport avec notre capacité d'absorption. Parce que si nous n'avons pas suffisamment de capacités à ce niveau, il va être difficile de demander des ressources additionnelles.
Nous avons en outre discuté avec les responsables de MIGA (l'Agence multilatérale de Garantie des Investissements, NDLR) et du FMI pour solliciter leurs plus grandes interventions en termes d'appui au secteur privé ivoirien. Nous en avons profité également pour procéder à la signature de deux conventions avec la Banque mondiale pour un montant total de 600 millions de dollars, ce qui fait l'équivalent de 350 milliards de FCFA.
Q: Il y a eu également la réunion du G24. Qu'en est-il ressorti ?
AC: Au cours de cette réunion du Groupe des 24, nous avons été informés des réformes qui sont en cours aussi bien au niveau de la Banque mondiale que du FMI. Au niveau du FMI, les discussions ont porté sur la 16ème révision générale des quotas, les quotes-parts. Le G24 a souhaité que les quotes-parts puissent être augmentées pour les pays qui sont membres de ce groupe.
Nous avons aussi souhaité que le FMI puisse travailler à accompagner la réforme de quotas avec les questions de gouvernance et une plus grande participation des pays du G24. Sur la Banque mondiale, les discussions ont essentiellement porté sur les nouvelles missions qui sont actuellement en discussion au niveau de cette institution. Ceci, avec une orientation climatique de l'institution. Nous avons estimé qu'il était important que la Banque mondiale puisse accompagner les Etats dans l'atteinte des Objectifs du Développement Durable.
Nous avons également discuté des questions liées à la nécessité pour la Banque mondiale de continuer d'accompagner les questions d'accès à l'eau, à l'électricité à un prix abordable, mais également travailler au développement du capital humain, de l'économie numérique, et aussi sur la question de la dette.
Q: Dans un cadre plus régional, vous avez saisi l'occasion de votre séjour pour avoir une rencontre de haut niveau avec l'UEMOA. Pouvez-vous nous en dire plus ?
AC: Nous avons bien sûr profité de notre séjour pour avoir une rencontre de haut niveau avec l'UEMOA. Au cours de cette réunion, le directeur du département Afrique a présenté un rapport qui avait été fait sur l'espace régional avec la nécessité pour les pays de la zone de travailler à maintenir la stabilité macroéconomique. Là, nous avons discuté. Le point important à ce niveau était que la politique budgétaire menée par les pays devrait venir en soutien à la politique monétaire qui est menée au niveau de la BCEAO.
Q: Les échanges avec les investisseurs internationaux et américains en particulier ont été un autre temps fort de votre séjour. Ces investisseurs ont-ils montré de l'engouement à venir en Côte d'Ivoire ?
AC: Nous avons effectivement eu des échanges avec les investisseurs pour les briefer sur les réformes menées en Côte d'Ivoire depuis maintenant deux ans. Car cela fait deux ans que nous ne sommes pas allés sur le marché. Il s'est agi de leur expliquer les atouts de la Côte d'Ivoire, la nécessité pour eux de rester engagés au niveau de la Côte d'Ivoire parce que nous sommes un pays qui demeure assez attractif, assez compétitif. Donc, il n'y a pas de raison que les investisseurs se tiennent à l'écart. Nous avons eu également à ce niveau un intérêt marqué des investisseurs à suivre tout ce qui se fait au niveau du pays.
Q: Un petit point sur la jeunesse. De façon concrète, est-ce qu'il y a des actions, des programmes dédiés aux jeunes qui seront appuyés par les institutions de Bretton Woods ?
AC: Bien sûr. La jeunesse est considérée comme l'avenir, le pilier, le pivot de tout ce qui va se faire. Pour la Côte d'Ivoire de façon particulière, les deux projets que nous avons signés avec la Banque mondiale ont une mise en oeuvre qui va se faire avec une considération très forte des jeunes. Quand on dit qu'on a un appui avec le FMI, c'est également des appuis budgétaires qui ne sont certes pas fléchés, mais qui vont servir à accompagner, à appuyer les programmes qui sont développés au niveau de la Côte d'Ivoire en direction des jeunes.
Comme vous le savez, le ministre en charge des jeunes a élaboré un plan qui va être mis en oeuvre. Pour cette année qui est la première, les ressources ont été allouées. Il est clair que cette orientation va être poursuivie et soutenue. Donc, les ressources seront mises à disposition pour que tous les programmes qui sont mis en oeuvre en direction des jeunes puissent être réalisés dans les meilleures conditions possibles.
Q: Que retenez-vous de l'ensemble de la mission...
AC: Au total, c'est une mission qui se termine dans de bonnes conditions. La mission s'est bien déroulée. Vous avez vu que nous avons réaffirmé le niveau d'accès du FMI : une enveloppe de 2000 milliards de FCFA sur trois années. Mais bien sûr ce niveau de ressources va avec des engagements très forts. Une institution comme le FMI ne peut pas mettre à disposition ce niveau de ressources sans qu'il y ait des engagements derrière. Quand nous rentrerons, nous allons rendre compte aux autorités pour que nous puissions prendre les dispositions nécessaires pour que les engagements puissent être respectés.